Si vous avez manqué la première partie de cet article (du muet aux années 60) c’est ici

ANNÉES 70, DU SEXE ET DE LA TÉLÉ

Alors que le cinéma britannique s’effondre dans les années 70 sur le double coup porté par la défection du public et le retrait des capitaux américains, ce sont encore les comédies qui mèneront la danse avec un double phénomène : les adaptations de sitcoms à succès et les « sex comedies ».

Quand la télé britannique a commencé à créer des oeuvres originales au début des années 50, le cinéma britannique s’est tout de suite penché sur cette nouvelle source d’inspiration. Ainsi dès 1955 la Hammer adapte la première oeuvre créée pour le petit écran « The Quatermass Xperiment » diffusé deux ans plus tôt sur la BBC. Quinze ans plus tard, c’est le succès des sitcoms qui attire les producteurs fauchés des années 70. Un format peu cher à adapter et très populaire (les grands succès du petit écran sont suivis par plus de 20 millions de téléspectateurs !). Près de 30 adaptations sortiront jusqu’à la fin des années 70.

La première adaptation sort en 1969. « Till Death Us Do part » se place en 3e place au box-office britannique. Cet énorme succès ne manque pas de créer des velléités chez les autres producteurs. Deux ans plus tard, c’est le boom.

La Hammer est encore cette fois-ci l’une des plus réactives avec une adaptation de « On the Buses » (1971)  qui sera le plus gros succès de l’année au box-office britannique (devant le James Bond « Diamonds are Forever » !) et connaîtra deux suites. La Hammer signera encore quatre autres adaptations jusqu’en 1974 où deux bides successifs mettent un terme à l’élan du studio, déjà fragilisé.

Rares sont les adaptations qui résistent aux fourches des critiques. Parmi les rescapées, signalons « The Likely Lads » (1976). Il faut dire que ses créateurs (Dick Clement et Ian La Frenais) sont rompus au cinéma (ils ont alors déjà signé les scripts de plusieurs longs, dont la comédie d’espionnage « Otley » et la comédie sur la guerre « Hannibas Brooks » en 1968).

Les « sex comedies » restent l’un des grands mystères du cinéma. Mais ici encore leur apparition est très opportuniste. Alors que la censure s’assouplit, il est tentant de bousculer les interdits et de titiller les spectateurs avec des corps nus. Après une décennie de sous-entendus, on peut enfin montrer quelque chose à l’écran et parler de sexe plus crûment. Une soixantaine de ces comédies, qui se rapprochent plus souvent selon ses détracteurs de la carte postale coquine animée que du film de cinéma, sortiront entre 1971 et 79. Néanmoins les « sex comedies » emploient généralement des grands noms du cinéma britannique, et pour cause, ceux-ci n’ont plus de boulot, il faut bien travailler. Les plus célèbres comme « Confessions of a Window Cleaner » (1974) et « Eskimo Nell » (1974) sont respectivement réalisées par des pointures comme Val Guest (« The Day the Earth Caught Fire » en 1961)  et Martin Campbell (le réalisateur de deux fameux James Bond : « GoldenEye » en 1995 et « Casino Royale » en 2006 !)

LA RÉVOLUTION PYTHONESQUE

À partir du milieu des années 70, les Monty Python débarquent sur grand écran et c’est le choc. La transition sur grand écran était loin d’être gagnée. Leur émission culte « Monty Pyton’s Flying Circus » (1969-74) était après tout une succession de sketches qui ont porté l’absurde au niveau de l’art, mais qui manquent cruellement de deux éléments nécessaires pour construire un film : une cohésion et une narration. Leur première tentative est donc sans surprise un best of de leurs sketches « And Now for Something Different » (1971). Mais leurs deux films suivants marqueront à jamais le cinéma britannique « Monty Python and the Holy Grail » (1975) revisite la légende du roi Arthur avec une succession de scènes qui deviendront toutes cultes. « Life of Brian » (1979) qui raconte la vie d’un sous-Jésus, crée la polémique à sa sortie. Et surtout le film est lâché par sa maison de production (EMI Films) pendant le tournage. Il faudra l’appui financier en catastrophe du Beatles George Harrison pour sauver « Life of Brian ». Pour se faire, Harrison créé une maison de production « Handmade Films » qui jouera un rôle majeur dans le cinéma britannique des années 80, notamment en finançant plusieurs projets des ex Monty Python dont « Time Bandits » (1981) de Terry Gilliam ou « A Private Function » (1985) scénarisé par un certain Alan Bennett et avec Michael Palin dans le rôle principal.

De fait, l’influence des Monty Python se fait sentir pendant toutes les années 80 et 90, bien après la fin de leur collaboration en 1983 avec « The Meaning of Life » (un retour à un format plus classique de film à sketches). Terry Gilliam se lance dans la réalisation (Time Bandits, Brazil,…) tout comme Terry Jones (Personal Services, Erik The Viking, The Wind in the Willows,…). Eric Idle signe plusieurs scénarios de « The Rutles: All you need is Cash » (1978) et « Splitting Heirs » (1993), tout comme Michael Palin : The Missionary (1982), « American Friends » (1991),… Avant de mourir du cancer en 1989, Graham Chapman aura le temps de co-signer et d’interpréter le rôle principal dans « The Odd Job » (1978) et « Yellowbeard » (1983). Dernier hommage posthume en date, son livre  « A Liar’s Autobiography » est adapté en long métrage d’animation en 2012.

John Cleese, qui reste peut-être le plus célèbre des Pythons, continue sa carrière avec quelques fulgurances comiques : «  Clockwise » (1986) et s’allie avec le réalisateur Charles Crichton (célèbre notamment pour ses comédies Ealing) sur « A Fish Called Wanda » (1988) où l’absurde des Monty Python rencontre l’humour plus construit d’Ealing. Rajoutez à cela, deux vedettes américaines (Jamie Lee Curtis et Kevin Kline) et vous obtenez un triomphe. Bon, une tentative de répéter la formule neuf ans plus tard avec « Fearce Creatures » (1997) se montre nettement moins convaincante. Peut-être parce que Crichton, qui approchait alors des 90 ans n’était plus de la partie ?

PYTHON MAIS PAS SEULEMENT

L’humour n’est pas une spécificité anglaise, la preuve ! À partir de la fin des années 70, Bill Forysth, originaire de Glasgow, signe une poignée de films qui sont autant de chefs-d’oeuvre de la comédie : qu’elle soit sociale avec « That Sinking Feeling » (1979), romantique avec « Gregory’s Girl » (1980) ou dans une veine proche de Ealing avec son plus gros succès « Local Hero » (1983) sans oublier une comédie plus existentielle sur la crise de la quarantaine « Comfort and Joy » (1984).

Et puisqu’il n’y a pas que Forsyth dans la vie, notons une autre comédie écossaise qui a marqué son époque « Restless Natives » (1985) sur un scénario de l’écrivain Ninian Dunnett. Également une comédie sur des jeunes qui découvrent la vie mais cette fois-ci à Édimbourg.

L’émission satirique du JT, « Not the Nine O’clock News » (1979-82) permet de découvrir une nouvelle génération de comiques qui pourront s’exprimer à leur tour sur grand écran. Mel Smith et Griff Rhys Jones auront droit à un petit tour avec « Morons from Outer Space » (1985) et « Wilt » (1989), mais le succès n’est pas au rendez-vous. Par contre le troisième larron, Rowan Atkison triomphera sur petit écran, puis plus tard sur grand écran dans son personnage de grand dadais « Bean » (1997) et sa parodie de James Bond « Johnny English » (2003).

ALLER TOUJOURS PLUS LOIN ?

Après les Python, c’est surtout au tour de la scène de la comédie alternative de faire remuer les zygomatiques avec un niveau d’impertinence rarement atteint. Cette nouvelle génération s’est exprimée à la scène puis à la télévision à travers notamment les mythiques « The Comic Strip Presents » (1982), « The Young Ones » (1982), «Bottom » (1991). Le but ? Choquer les bien pensants. Un goût pour la provocation et la vulgarité qui bouleverseront la donne, mais qui évidemment auront plus de mal à s’exprimer au cinéma où un minimum de consensus est requis dans une période (encore une fois) de crise pour le cinéma britannique. À cette génération de comiques, on doit « Whoops Apocalypse » (1986), « Eat the Rich » (1987), « The Pope Must Die » (1991) ou encore bien plus tard « Guest House Paradisio » (1999). Mais contrairement aux Python, et à quelques exceptions près, leur humour paraît cadenassé sur grand écran par rapport à la liberté dont ils ont pu bénéficier auprès des chaînes de télévision et surtout il n’a pas dépassé les frontières (aucun des films de Peter Richardson, fondateur de « The Comic Strip » et réalisateur d’une poignée de ces films dont « Eat the Rich » n’a été distribué en France à ma connaissance). 

Même si elle est assez atypique, la comédie « Withnail & I » (1987) doit être citée. Succès très modéré à sa sortie, le film écrit et réalisé par Bruce Robinson a rapidement atteint un statut culte. Richard E. Grant et Paul McGann jouent deux acteurs londoniens au chômage et sous l’influence de la drogue qui vont passer des vacances pourries à la campagne. Robinson et E. Grant s’allieront à nouveau pour une critique acerbe de la société de consommation et du milieu de la pub dans « How to Get Ahead in Advertising » (1989). 

Les années 80 voient aussi débarquer sur les écrans un gallois excentrique qui va faire du bruit avec son premier film, « The Draughtsman’s Daughter » (Meurtre dans un jardin anglais, 1982). Peter Greenaway est un maître de l’excentricité, de l’absurde et de la provocation et n’hésite pas à titiller les frontières de l’expérimental… et de la comédie.

Enfin, réalisateur célébré sur le petit écran, Alan Clarke signe en 1987 deux comédies atypiques : une comédie musicale horrifique « Billy the Kid and the Green Baize Vampire » et une relecture des sex comedies « Rita, Sue ad Bob too ».

ANNÉES 90, LA COMÉDIE ROMANTIQUE TRIOMPHE (ET LA COMÉDIE SOCIALE REVIENT EN FORCE)

Après deux décennies de comédies borderline, les années 90 vont se diriger vers une voie plus sage : la comédie romantique, sous l’impulsion de Richard Curtis et avec Hugh Grant en tête de proue. Curtis vient de la télé où il a notamment participé à la création des sitcoms cultes « Blackadder » (1983-89) et « Bean » (1990) avec Rowan Atkinson. Il fait sa première escapade au cinéma en 1989, déjà avec une comédie romantique « The Tall Guy » pour Mel Smith avec Atkison, Jeff Goldblum et Emma Thompson. Néanmoins c’est son deuxième scénario, « Four Weddings and a Funeral » (1994), porté à l’écran par Mike Newell et avec Hugh Grant et Andie MacDowell qui en fera un scénariste  très recherché. D’autant que son scénario suivant, cette fois-ci autour du duo Hugh Grant-Julia Roberts « Notting Hill » (1999) triomphe également. Curtis co-signera l’adaptation du roman culte « Bridget Jones’ Diary » (2001) avant de passer à la réalisation avec une comédie romantique, également film d’ensemble « Love Actually » (2003). S’il va ensuite se diversifier, il ne va pas abandonner la comédie (Good Morning England, 2009) et même revenir à la comédie romantique en y ajoutant cette fois-ci un soupçon de fantastique (About Time, 2013) mais sans Hugh Grant (qui commence à se faire un peu vieux pour ce genre de rôles de toute façon) !   

La comédie sociale n’a pas disparu pour autant des cinémas britanniques et ce essentiellement grâce à deux scénaristes du Yorkshire. Mark Herman signe le scénario et la réalisation de la comédie romantique sociale « Brassed off » (Les virtuoses, 1996) ou encore la comédie musicale « Little Voice » (1998). Tandis que Simon Beaufoy signe le scénario de « The Full Monty » (1997). Beaufoy s’essaiera plusieurs fois à la comédie socialement marquée avec la comédie romantique « Among Giants » (1998) et la comédie capillaire « Blow Dry »  (2001). On lui doit également un hommage à la comédie « screwball » avec « Miss Pettgrew » (2008). Même si dans le cas de Beaufoy, la reconnaissance ultime et l’Oscar viendront avec un film d’un autre genre « Slumdog Millionaire » en 2008.

Non que les années 90 soient dénuées de trash. Le pourvoyeur le plus talentueux d’humour trash est sans nul doute l’Écossais Irvine Welsh qui frappe fort avec « Trainspotting » (1996) et le plus franchement comique « Acid House » (1998).

UN HUMOUR QUI N’ARRÊTE PAS DE SE DIVERSIFIER

Le réalisateur engagé Ken Loach viendra par deux reprises à la comédie sociale une décennie plus tard, toujours avec son scénariste attitré Paul Laverty. Les deux signent ainsi une comédie hommage au football et à Eric Cantona avec « Looking for Eric » (2009) et une autre sur le thème du whisky écossais avec « The Angel’s Share » (2012).

Quant à l’autre grand nom du cinéma « intello » britannique, Mike Leigh, c’est à la même époque qu’il réalise sa seule vraie comédie pour le grand écran « Be Happy » (2008). Signalons quand même que Leigh est aussi l’auteur de quelques-uns des téléfilms les plus drôles des années 70 : « Nuts in May » (1976) et « Abigail’s Party » (1977).

Durant les années 90, l’humour contamine les genres les plus divers. Humour noir injecté dans le thriller avec Danny Boyle et son « Shallow Grave » (Petits meurtres entre amis, 1994) ou le film criminel avec « Lock, Stock and Two Smocking Barrels » (1998) de Guy Ritchie. Ce dernier relancera la mode des comédies criminelles qui continuent à alimenter les écrans britanniques aujourd’hui.

Un peu de diversité ethnique ne fait pas de mal non plus ! Des réalisateurs et auteurs, souvent issus de la deuxième génération d’immigration, commencent à s’exprimer notamment via la comédie : Ayub Khan-Di (« East is East » en 1999 et « All in Good Time » en 2012) et Gurinder Chadha (« Bhaji on the Beach » en 1993 et « Bend it like Beckham » en 2002).

Même le film en costume se teinte d’humour avec « The Madness of king George » (1994) sur un scénario d’Alan Bennett et avec une prestation mémorable de Nigel Hawtorne. 

L’humour populaire n’a pas complètement disparu. En partie grâce aux adaptations de sitcom : « House Guest Paradisio » (1999) est largement inspiré de la sitcom scatologique « Bottom » (1991-95) avec un ton plus apaisé et un recours à un humour plus surréaliste, et « Ali G in da house » (2002) est la première incursion cinématographique développée par Sacha Baron Cohen et adaptée de son show « Da Ali G Show » diffusé sur Channel 4 (viendront ensuite notamment « Borat » en 2006, « Brüno » en 2009 et « Grimsby » en 2016). De son côté, « Sex Lives of the Potato Men » (2004) est une tentative de redonner du temps d’écran aux pulsions sexuelles et existentielles des classes populaires, tout comme « I want Candy » (2007). L’émission de blagues potaches à fortes connotations sexuelles « Dirty Sanchez » qui réunit des jeunes casses-cous anglais et gallois, donne lieu une version cinématographique de leurs « aventures » en 2006.

Et les hypocrisies des classes aisées ne sont pas oubliées dès « Personal services » (1987), la biographie de Cynthia Payne (ex-patronne de bordels pour l’élite). On met à la lumière leurs pratiques sexuelles comme le BDSM dans « Preaching the perverted » (1997) ou l’échangisme dans « The Big Swap » (1998).

HUMOUR GEEK

L’humour geek fait son apparition en force sur les grands écrans avec en figure de proue l’acteur Simon Pegg et le réalisateur Edgar Wright. Tous deux viennent de la télé où ils avaient créé ensemble la sitcom culte des premiers millenials, « Spaced » (1999-2001). Ils débarquent sur grand écran avec la trilogie Cornetto qui s’appuie sur les codes des films de genre pour construire des comédies hilarantes : le film d’horreur  avec « Shaun of the Dead » en 2004, le film policier avec « Hot Fuzz » (2007) et le film de SF avec « The World’s End » en 2013). 

Au-delà de cette trilogie, Simon Pegg joue à la fois les Hugh Grant 2.0 (« Run, Fatboy, run » en 2007 ou « Man Up » en 2015), les Tintins 2.1 (Hector and the Search for Hapiness, 2014) ou tout simplement le parfait « M. Tout le monde » de sa génération (« Absolutely Anything« , 2015 – réalisé et co-écrit par un certain Terry Jones). Sans oublier qu’à ses heures perdues, Pegg joue également les faire-valoir dans des blockbusters US (Star Trek, Mission impossible). 

En 2005, Disney co-finance l’adaptation de l’oeuvre geek par excellence, la comédie SF monty-pyhonesque « The Hitchhiker’s Guide to the Galaxy » (H2G2 le guide du voyageur galactique, 2005) avec Martin Freeman, encore un autre transfuge de la télé (The Office).

Les sitcoms britanniques refont (très occasionnellement) un petit tour sur grand écran. Les rois de la comédie noire de la télé britannique de « The League of Gentlemen » ont le droit à un rapide tour sur grand écran avec « The League of Gentlemen’s Apocalypse » (2005). Et les jeunes ados boutonneux de « The Inbetweeners » (2008-2010) débarquent sur grand écran en 2011 et 2014. Sacha Baron Cohen adapte une nouvelle fois l’un de ses personnages du petit écran avec son mockumentary « Borat » (2006). Enfin, on déterre même (sans grands succès) des sitcoms classiques comme « Dad’s Army » (1968-1977) dans le film éponyme « Dad’s Army » (2016) ou « Absolutely fabulous » (1992-2012) dans « Absolutely Fabulous: The Movie » (2016).

Les comédies Ealing restant le canon de la comédie britannique sur grand écran, les films inspirés de la recette Ealing apparaissent régulièrement sous différentes formes, jusqu’au film d’horreur (« Grabbers« , 2012) ou de SF (« Attack the Block », 2010). On a même eu droit à un remake de « Whisky Galore » en 2016 (je vous épargne le remake américain de « The Ladykillers » par les frères Cohen en 2004).

ET DES INCLASSABLES

L’animation anglaise est également présente sur le créneau de la comédie familiale grâce aux studios Aardman, les créateurs du phénomène  Wallace et Gromit et qui commencent à produire des longs pour le cinéma à partir de « Chicken Run » (2000). Viendront notamment « Wallace et Gromit – le mystère du lapin-garou » (2005) « Souris City » (2006), « The Pirates in an Adventure with Scientists ! » (2012),…

L’écossais Armando Iannucci, génial créateur de la sitcom politique « The Thick of it », ose le grand écran avec une transposition de sa série « In the Loop » (2008) et la comédie noire sur les horreurs de la succession de Staline avec « The Death of Stalin » (2017).

En 2006, Michael Winterbottom, réalisateur prolixe pas vraiment connu pour ses comédies, tente une adaptation de l’un des textes majeurs de l’humour anglais, l’inadaptable « The Life and Opinions of Tristam Shandy, Gentleman » (1759) de Laurence Sterne dans « A Cock and Bull Story » (Tournage dans un jardin anglais). Le résultat ? Une excellente comédie absurde (qui utilise la technique du film dans le film) et portée par le talent de Steve Coogan, comique britannique légendaire trop peu vu au cinéma dans des rôles à sa hauteur.

« Four Lions » (2010) est écrit et réalisé par un provocateur de la télévision britannique Christopher Morris (Jam, Brass Eye, Nathan Barley). Il signe une comédie sur un thème pourtant peu propice aux délires et qui hante alors l’Europe : l’intégrisme et le terrorisme. Un pari pour le moins osé mais une jolie réussite, si vous avez les tripes pour le regarder !

Enfin, dernier exemple en date d’une comédie qui va toujours plus loin, « Aaaaaaaah! » (2015) de Steve Oram est une comédie très trash sur la sauvagerie humaine… en langage des singes ! A ne pas mettre devant tous les yeux !

EN GUISE DE CONCLUSION (TEMPORAIRE)

L’humour a toujours imprégné le cinéma britannique mais les comiques anglais ont rarement pu garder sur grand écran la même liberté dont ils ont pu bénéficier sur les autres médias (scène, radio, télévision). La nécessité de vendre les films ailleurs que sur le marché britannique a souvent amené les acteurs et scénaristes de comédie à tempérer leur humour. Pourtant les réussites ne manquent pas et en guise d’humour cinématographique, les Britanniques peuvent se vanter d’avoir produit parmi les plus grands classiques du genre, surtout quand ils utilisent leurs spécificités (plutôt que de les renier) et qu’ils se détachent de ce qui est produit pour les autres médias.