Une satire au vitriol de la Russie stalinienne qui sera malheureusement toujours d’actualité tant qu’il y aura des dictateurs sanguinaires

The Death of Staline (2017)

(La mort de Staline)

Réalisé par Armando Iannucci

Ecrit par Armando Iannucci, David Schneider et Ian Martin d’après la BD de Fabien Nury

Avec Steve Buscemi, Paddy Considine, Adrian McLoughlin, Tom Brooke, Olga Kurylenko, Jeffrey Tambor, Michael Palin, Jason Isaacs,…

Directeur de la photographie : Zac Nicholson / Direction artistique : Jane Brodie / Montage : Peter Lambert / Musique : Christopher Willis

Produit par Nicolas Duval Adassovsky, Kevin Loader, Laurent Zeitoun et Yann Zenou

Comédie / histoire / politique

UK / France / Belgique

« Dans les jours qui suivent son attaque cérébrale, les ministres composant la garde rapprochée de Staline (Adrian McLoughlin) se livrent à un combat acharné pour prendre le contrôle, certains souhaitant un changement positif en Union Soviétique, d’autres nourrissant des ambitions plus funestes. Mais tous sont dans la même urgence : lutter à tout prix pour rester, simplement, en vie. »

En 1953, à la fin d’un concert retransmis en direct à la radio,  Andreyeve (Paddy Considine), le responsable de la salle, reçoit un appel de Staline en personne. Il veut un enregistrement du concert. Manque de pot, celui-ci n’était pas enregistré, mais comme il est impossible de dire non au Père des peuples, Andreyeve décide de retenir l’orchestre et le public afin de reproduire le concert. Mais la pianiste, dont la famille a été victime des épurations staliniennes, refuse de jouer et le chef d’orchestre fait une mauvaise chute. Anreyeve arrivera-t-il à exhausser les voeux de Staline et par la même occasion à sauver sa vie ?

En attendant la bonne réception de son concert gravé sur vinyle, Staline signe des ordres d’exécution et dîne avec des proches dont Nikita Khrushchev (Steve Buscemi) avant de se regarder un western. Bref une soirée comme les autres.

Mais le soir même, Staline a un malaise cardiaque. Il ne sera retrouvé que le lendemain matin, baignant dans sa pisse. Et comme tous les bons médecins ont tous été déportés, ses ministres lancent une quête désespérée pour trouver des docteurs tout en complotant afin de prendre le pouvoir. La lutte a commencé, elle sera terrible !

Formé à la comédie grinçante (il est le co-créateur du personnage culte Alan Partridge avec Steve Coogan), l’Ecossais Armando Iannucci est devenu un maître de la satire politique. Art qu’il a pratiqué pour la BBC avec « The Thick of It » (2005-2012) avant de poursuivre l’aventure outre-atlantique pour HBO avec « Veep » (2012-2015).

Armando Iannucci avait déjà franchis le pas du grand écran avec une adaptation cinématographique des aventures de Malcolm Tucker (Peter Capaldi), le héros de « The thick of it » dans « In the Loop » (2009).

Ici il adapte pour le cinéma une BD signée des Français Fabien Nury (au scénario) et Thierry Robin (au dessin) qui raconte de manière tragi-comique les luttes intestines des ministres de Staline suite au décès abrupt de celui-ci en mars 1953.

Iannucci, aidé par un casting exceptionnel (dont Steve Bruscemi dans le rôle de Khrushchev et Michael Palin dans celui de Molotov pour ne citer qu’eux), livre une satire acide et cruelle (on rit souvent jaune) sur la fin de l’ère stalinienne. Les exécutions arbitraires entretiennent la peur omniprésente qui déchire les familles.

On peut se demander l’intérêt d’une satire sur un personnage depuis longtemps remis à sa place dans l’histoire : celle d’un tyran assassin de la pire espèce. Mais il y a un peu de Staline dans tous les dictateurs sanguinaires aux régimes corrompus, et eux sont toujours bien vivants ! Et historiquement, ce moment de la transition post-stalinienne est peu connu.

« The Death of Stalin » est une relecture au vitriol de l’époque même si je ne saurais vous garantir son degré de fidélité historique. Il n’est pas surprenant que le film ait provoqué quelques remous en Russie où il s’est finalement vu retiré son visa d’exploitation le 23 janvier pour qu’il ne sorte pas pendant les commémorations des 75 ans de la bataille de Stalingrad. On peut encore rêver d’une possible sortie en URSS d’ici cet été… si Poutine le veut bien.

Sortie française le 4 avril 2018