J’étais quasiment sûr qu’il était immortel. RIP Sean Connery (1930-2020), incontestablement le plus célèbre des acteurs écossais. Hors James Bond, le monsieur a fait un sacré paquet de bons films : « The Offence » (1972), « The Man Who Would be King » (1975), « Robin and Marian » (1976), « Time Bandits » (1981),…

Né en 1930 à Edinburgh, il vient d’un milieu modeste. Il quitte l’école à 14 ans et, pour gagner sa vie, fait des petit boulots comme livreur de lait ou marin dans la marine marchande. Il commence à faire du bodybuilding à l’âge de 18 ans et participe même au concours de Mr Univers à Londres en 1953. Il profite de son passage dans la capitale pour passer une audition dans une pièce, et obtient un rôle de figuration. Il commence sa carrière sur les écrans au milieu des années 50, enchainant les petits rôles dans des films et des séries télévisées.

L’un de ses premiers rôles marquant est celui du chauffeur de camion dans le thriller « Hell Drivers » (1957), réalisé par le réalisateur américain blacklisté Cy Enfield. Connery joue à côté d’autres acteurs marquants de l’époque : Stanley Baker, Herbert Lom, Peggy Cummins, Patrick McGoohan et William Hartnell (entre autres !). Il enchaine notamment avec la romance « Another Time, Another Place » (1958) où il a une relation (à l’écran !) avec Lana Turner (il en viendra aux poings avec l’amant d’alors de Turner, le très jaloux et mafiosi Johnny Stompanato !). En 1959, il tourne dans un Tarzan (mais pas dans le rôle titre) avec « Tarzan’s Greatest Adventure ».

Ses rôles sur grand écran sont à présent plus conséquents mais Connery continue à jouer pour la télévision, notamment dans plusieurs épisodes de l’anthologie « ITV play of the Week » (1959-60) ou des adaptations d’Anna Karenine et de Macbeth. Au tout début des années 60, il joue dans une comédie de guerre « Operation Snafu » (1961) et dans un film criminel « The Frightened City » (1961). Ce dernier rôle, où il joue un criminel qui se retourne contre son employeur, préfigure un peu le rôle de fier-à-bras séduisant qui fera sa gloire. Et c’est d’ailleurs l’année suivante qu’il perce définitivement. Non en tournant dans le film de guerre à gros budget « The Longest Day » (1962) mais dans un petit thriller « Dr. No » (1962) adapté des aventures d’un espion créé par Ian Fleming.

Sean Connery va se retrouver, contre son gré, les pieds coincés dans un bloc de ciment, celui de l’une des plus grosses franchises des années 60. Dès l’année suivante, il enchaine avec « From Russia with Love » (1963). Il arrive quand même à s’échapper l’espace de deux films avec « Woman of Straw » (1964) pour Basil Dearden, et « Marnie » (1964) pour Hitchcock. Mais il conclue 1964 sur un nouveau James Bond « Goldfinger« .

En 1965, il tourne dans le film anti-guerre « The Hill » pour Sidney Lumet sur un scénario de Ray Rigby (adapté de sa pièce), puis encore un James Bond « Thunderball ». Il participe également à une comédie dramatique américaine, qui n’a pas laissé de souvenirs mémorables, « A Fine Madness » (1966) où il joue un poète atteint du syndrome de la page blanche. Bon de toute façon qu’importe, il y a toujours James Bond, cette fois-ci « You Only Live Twice » (1967) qui devait être son dernier film de la franchise.

Le western spaghetti ou plutôt paëlla (tourné en Espagne) « Shalako » (1968) lui permet au moins de tourner avec Brigitte Bardot et ce n’est pas si mal (non qu’une romance se soit nouée entre les deux acteurs, Bardot était à l’époque avec Gainsbourg). L’année suivante il se vieillit pour un film d’aventures « The Red Tent »(1969) aux côtés de Peter Finch et Claudia Cardinale.

Les années 70 vont marquer un tournant dans sa carrière. Connery veut oser quelque chose de nouveau et va prendre des risques. Il joue un mineur immigré irlandais dans « The Molly Maguires » (1970) réalisé par Martin Ritt. Soit, il accepte de tourner le thriller et comédie « The Anderson Tapes » (1971) pour Lumet. Et surtout il signe à nouveau pour un dernier Bond « Diamonds Forever » (1971) contre une grosse somme d’argent suite aux déboires des producteurs avec l’acteur australien George Lazenby sur « On Her Majesty’s Secret Service » (1969). Mais il décide surtout de prendre son indépendance et de tout faire pour sortir du rôle mythique dont il est désormais prisonnier.

Après avoir passé une année loin des écrans, il revient dans ce qui restera le rôle le plus risqué de sa carrière, celui d’un flic qui pète les plombs, dans « The Offence » (1972) toujours pour Lumet. Un projet très personnel mais qui sera alors boudé par la critique et le public. Il n’aura gère plus de chances avec le film de SF existentielle et baroque signé John Boorman « Zardoz » (1974) où il se fait voler la vedette par… son costume improbable.

Fidèle à Lumet, il tourne dans l’adaptation multi-stars d’Agatha Christie, « Murder on the Orient Express » (1974). Connery est également au casting du film d’aventures américain « The Wind and the Lion » (1975) mais surtout, la même année, il partage l’affiche du film d’aventures « The Man Who Would Be King » avec Michael Caine et sous la direction de John Huston.

En 1976, il tourne dans le surprenant mais excellent « Marian and Robin » réalisé par Richard Lester, qui met en scène un vieux Robin des bois et sa relation compliquée avec Marian (Audrey Hepburn).

A plus de cinquante ans, dans les années 80, suite à une bataille sur les droits de la franchise, il revient une dernière fois dans la peau de James Bond avec le bien nommé « Never Say Never » (1983). Mais surtout il participe à de nombreux projets très différents. En 1983, il tourne dans deux films de SF, mais au ton bien différent, « Outland » et « Time Bandit ».  En 1986, il participe à deux films qui vont connaitre un triomphe public, « Highlander » et « The Name of the Rose », puis il tourne dans le polar de Brian de Palma « The Untouchables » (1987). Ce dernier lui vaut le seul Oscar de sa carrière, celui du meilleur second rôle. Il termine les années 80, riches en succès, avec « Indiana Jones and the Last Crusade » (1989).

A côté, les années 90 peuvent sembler déclinantes pour Sean Connery. On oubliera volontiers sa participation à « Highlander II » (1991), mais ses autres projets ne rencontrent pas non plus un enthousiasme démesuré : le thriller sur fond de guerre froide « The Russia House » (1990), les films d’aventures exotiques « Medecine Man » (1992) et « A Good Man in Africa » (1994), le film d’action « Rising Sun » (1993),… Et il finit même la décennie avec l’un des films les plus détestés de la période : « The Avengers » (1998). Restent tout de même « The Hunt for Red October » (1990), « Just Cause » (1995) ou encore « The Rock » (1996) réalisé par Michael Bay. Rien de très consistant à se mettre sous la dent, juste quelques bons films commerciaux.

Les années suivantes, Sean Connery se fait de plus en plus rare. Son dernier gos projet (sur le point de vue commercial) est une catastrophe industrielle à la hauteur de « The Avengers »,  » The League of Extraordinary Gentlemen » (2003). Et son dernier film mémorable mais loin d’être excellent reste « Finding Forester » (2000). Il revient rarement à l’écran par la suite, et son dernier film est finalement un métrage d’animation de triste réputation et surtout mémorable par sa laideur, « Sir Billi » (2012).

Sean Connery était installé depuis des années aux Bahamas et c’est là qu’il est mort, entouré de sa famille. Il avait fêté ses 90 ans en août dernier mais avait une santé déclinante depuis plusieurs mois d’après son fils Jason Connery.