La ville royale de Winsdor, des collectionneurs de timbre et un crime ! Une entrée en matière appétissante qui aurait pu donner un très bon giallo à l’anglaise.

Penny Gold (1973)

Réalisé par Jack Cardiff

Ecrit par David D. OsbornLiz et Charles-Williams

Avec James Booth, Francesca Annis, Nicky Henson, Joss Ackland, Richard Heffer, Sue Lloyd,…

Directeur de la photographie : Ken Hodges / Direction artistique : Bert Davey / Montage : John Trumper / Music : John Scott

Produit par George H. Brown for Fanfare Films

Crime / Thriller

87mn

UK

Le film s’ouvre sur la vue d’un château plongé dans l’obscurité. Est-ce un film gothique ? La caméra entre en mouvement, traverse une rue avec des voitures pour se rapprocher des fenêtres allumées au deuxième étage d’une maison. On est à l’intérieur. Gros plan sur un petit singe, musique funky, on découvre un grand appartement duplex très swinging sixties. On voit à travers une porte vitrée la silhouette d’une jeune femme qui prend sa douche. Gros plan sur une porte qui s’entrouvre, une main gantée en noir est suivie par une silhouette d’un sexe indéterminé vêtue d’un imper également noir. Et là on se dit, tiens un giallo !

« Penny Gold » est un drôle de film, entre le whodunnit classique et le thriller seventies, le tout enrobé d’un humour pince sans rire. Le film surprend également par son cadre géographique (Windsor, ville huppée et touristique à 40km à l’Ouest de Londres) et le milieu dans lequel il se déroule (celui feutré mais apparemment dangereux des collectionneurs de timbres).

Le film suit l’enquête menée par le détective Matthews (James Booth) pour résoudre le meurtre de Diane (Francesca Annis), une jeune femme indépendante, belle-fille d’un grand collectionneur de timbres. Diane a été violemment assassinée. Tout le monde pense à un cambriolage qui a mal tourné. Sauf Matthews… qui a en outre le béguin pour la soeur jumelle de la victime, Delphi. La clé du mystère repose-t-elle sur un timbre très rare baptisé le Penny Gold ?

Malheureusement, le potentiel du film est gâché par un script bavard qui a déjà 20 ans de retard à sa sortie. C’est d’autant plus dommage que la scène d’introduction était prometteuse. On aurait aimé qu’il poursuive sur le ton d’un giallo (ces thrillers italiens très stylisés et violents rendus populaires par Dario Argento avec son « L’uccello dalle piume di cristallo » sorti en 1970) qui aurait pu être sublimé par cette touche très anglaise fournie par l’aura surannée de Windsor et de ses collectionneurs de timbres. Mais on a droit quand même à une course de voitures dans les rues de Windsor ! Rien que pour ça…

Le film tire son nom d’un timbre imaginaire, une variante de 1887 du fameux Penny Black, le premier timbre de l’histoire. Une variante très rare et qui n’a pas de prix ! Aurait-on tendance à sous-estimer le potentiel de violence cachée d’un collectionneur de timbres prêt à tout pour compléter sa collection ? A voir. La fin est plus surprenante que ce à quoi je m’attendais (même si un indice, pour les plus observateurs, nous est donné dès le début du film).

Niveau acteurs, l’anglaise Francesca Annis, qui venait d’interpréter Lady Macbeth dans la version de Polanksi de 1971, est la seule vraiment convaincante dans le double rôle de Diane et de Delphi… mais c’était également le seul rôle qui ait vraiment un intérêt. James Booth (vu dans « Zulu« , « French Dressing » et « Robbery » entre autres) est un peu vieux pour incarner le « jeune » détective Matthews mais son rôle est de toute façon toujours entre deux eaux : pas vraiment charismatique, un peu plus rude que les flics des années 60 mais trop mou pour être un flic crédible des années 70,… il y a également une sorte d’amourette entre Matthews et Delphi, mais elle n’est pas suffisamment exploitée pour qu’elle ait la moindre utilité. Et les deux personnages qui gravitent autour de Matthews, son collègue Roger (Nicky Henson) et son boss (Joss Ackland), semblent plutôt ralentir l’histoire qu’autre chose.

L’un des plus prestigieux directeurs de la photographie de l’histoire du cinéma, oscarisé pour « Black Narcissus » (1948), Jack Cardiff a réalisé une petite dizaine de films entre 1958 et 74 dont le chef d’oeuvre « Sons and Lovers » (1960), l’étrange « The Girl on a Motorcycle (1968), le film de mercenaires réussi « Dark of the Sun » (1968) ou encore ce thriller « middle » school (entre le « old » et le « new » mais plus proche du premier).

Vous retrouvez retrouver le film dans un somptueux coffret blu-ray « Cruel Britannia » avec « Crucible of Terror » (1971) et « Craze » (1974).

Blu-ray UK. Coffret « Cruel Britannia » Vinegar Syndrom (2024). Version originale avec des sous-titres optionnels en anglais. Bonus : livret et interviews