Un mélodrame parfois desservi par quelques choix maladroits mais largement sauvé par son quatuor féminin fort divinement interprété par de grandes dames du cinéma britannique

The Chalk Garden (1964)

(Mystère sur la falaise)

Réalisé par Ronald Neame

Ecrit par John Michael Hayes d’après la pièce d’Enid Bagnold

Avec Deborah Kerr, Hayley Mills, John Mills, Edith Evans, Elizabeth Sellars, Felix Aylmer,…

Directeur de la photographie : Arthur Ibbetson / Direction artistique : Carmen Dillon / Montage : Jack Harris / Malcolm Arnold

Produit par Ross Hunter pour Ross Hunter Productions

Drame

106mn

UK / USA

Miss Madrigal (Deborah Kerr) se présente pour un poste de gouvernante à la résidence d’été de Mrs. St. Maugham (Edith Evans), une vielle femme riche qui s’occupe de sa petite fille Laurel (Hayley Mills). Adolescente provocante, Laurel a fait fuir de nombreuses gouvernantes et espère bien faire de même avec Miss Madrigal. Mais cette dernière trouve un allié dans le majordome Maitland (John Mills) au grand désespoir de Laurel qui compte bien découvrir le secret que cache forcément Miss Madrigal.

« The Chalk Garden » représente bien je crois la seule incursion en Grande-Bretagne du producteur américain Ross Hunter. Ce dernier s’était entiché de la pièce de la dramaturge anglaise Enid Bagnold qui avait triomphé à Broadway au milieu des années 50. La pièce est un mélodrame prenant autour d’un quatuor féminin où les hommes (le majordome et le juge) ne jouent qu’un rôle secondaire (même s’il s’avère déterminant). Evidemment, le déclencheur qui va déroulé la vérité est assez improbable mais fonctionne bien en tant que révélateur dramatique. Et surtout les rôles féminins sont forts, abimés par les événements de la vie et la solitude mais profondément humains – sans qu’il y ait finalement aucun jugement sur chacune quelques aient été leurs choix de vie. Et interprétés par de grandes actrices, comme c’est ici le cas, cela donne un résultat émouvant et (presque) crédible.

Dans le rôle de l’adolescente on retrouve Hayley Mills, une enfant star, qui a commencé sa carrière cinématographique à l’âge de 13 ans grâce au réalisateur Jack Lee Thomson qui l’a fait jouée aux côtés de son père, le grand John Mills dans le thriller mémorable « Tiger Bay » (1959). Elle signe par la suite un contrat de cinq ans avec Disney, mais continue en parallèle d’autres films comme le classique « Whistle Down the Wind » (1961) ou celui-ci « The Chalk Garden ».

Hayley Mills tourne ici à nouveau avec son père John Mills (le majordome), comme elle le fera pour « The Family Way » (1966), un drame provocant pour l’époque sur l’impuissance masculine et co-réalisé par Roy Boulting (qui l’épousera quelques années plus tard).

Mais la star de « The Chalk Garden » reste bien sûr l’écossaise Deborah Kerr, révélée dans « Love on the Dole » (1941) et sublimée par Michael Powell dans « The Life and Death of Colonel Blimp » (1943) et « Black Narcissus » (1947) avant de partir à Hollywood (Quo Vadis, The Prisoner of Zenda, The King and I,…). Elle tourne  à nouveau en Angleterre au début des années 60 avec le fabuleux « The Innocent » (1961) avant de s’éloigner du cinéma à la fin des années 60. Elle est comme toujours parfaite dans les rôles un peu torturés.

Les deux autres rôles féminins sont interprétés par la fabuleuse Edith Evans (The Queen of Spades, The Whisperers,…), qui avait interprété le rôle au théâtre à Londres, et l’écossaise Elizabeth Sellars qui était une figure théâtrale en Angleterre et a joué un certain nombre de seconds rôles dans le cinéma américain (The Barefoot Contessa, 1954) ou britannique (Never Let Go, 1960).

A la réalisation, on retrouve le Ronald Neame, directeur de la photo, producteur et réalisateur confirmé (The Horse’s Mouth,..), qui apparemment s’est moyennement entendu avec le producteur américain Ross Hunter et qui a émis des réserves sur la musique très mélo, les décors (le titre fait joliment allusion à un jardin de craie, c’est à dire où rien ne pousse en écho au coeur desséché de Mrs. St. Maugham, mais le producteur tenait à des décors assez flamboyants) ou encore sur la prestation de Haley Mills (qu’il trouvait trop douce).

Malgré tout, et en effet des réserves très justes de la part de Ronald Neame (notamment sur la lourdeur hollywoodienne apportée au film et qui dessert un sujet finalement assez intimiste), le film reste une belle adaptation grâce encore une fois à un beau sujet et surtout à de grandes actrices (dont Hayley Mills !).

(on me permettra encore de soulever l’idiotie du titre français, « Le jardin de craie » ça aurait eu de la gueule pourtant !)

Blu-ray US. Studio KL Studio Classics. Version originale avec des sous-titres optionnels en anglais