Review of: Never Let Go
Thriller:
John Guillermin

Reviewed by:
Rating:
4
On 7 septembre 2018
Last modified:7 juin 2022

Summary:

Un excellent thriller noir et cruel porté par un affrontement au sommet entre Richard Todd et Peter Sellers

Un excellent thriller noir et cruel porté par un affrontement au sommet entre Richard Todd et Peter Sellers

Never Let Go (1960)

Réalisé par John Guillermin

Ecrit par Alun Falconer d’après un histoire de John Guillermin et Peter De Sarigny

Avec Richard Todd, Peter Sellers, Elizabeth Sellars, Carol White, Mervyn Johns, Adam Faith, Peter Jones,…

Direction de la photographie : Christopher Challis / Direction artistique : George Provis / Montage : Ralph Sheldon / Musique : John Barry

Produit par Peter De Sarigny pour Independent Artists et Julian Wintle/Leslie Parkyn Productions

Crime / Thriller

90mn

UK

John Cummings (Richard Todd) est un commercial pas très doué qui travaille chez Berger, une entreprise de parfumerie. Convaincu que ses difficultés proviennent du fait qu’il n’a pas de voiture, il en achète une mais quelques jours plus tard se la fait voler. Alors que sa situation au boulot s’aggrave, il fait une fixation sur le vol de sa voiture. Dégoûté par le manque de réactivité de la police, et contre l’avis de sa femme Anne (Elizabeth Sellars), il commence à enquêter de son côté.

Rapidement, il remonte à un gang de jeunes menés par Tommy (Adams Faith) et découvre que celui-ci vole des voitures pour le compte de Lionel Meadows (Peter Sellers), un homme d’affaires local et respectable qui tient un garage.

John Guillermin avait déjà réalisé quelques thrillers comme « Torment » (1950) et « Town of Trial » (1957) et il venait juste de signer le blockbuster américain « Tarzan’s Greatest Adventure » (1959) avec un Tarzan bien plus réaliste et dur que dans les précédents films consacrés à l’homme singe.

Avec « Never Let Go », il mélange réalisme social (le vol de la voiture de Cummings prend une telle ampleur parce qu’il est persuadé que sans elle, il ne peut plus travailler) et thriller dans une ambiance particulièrement malsaine. Cummings est bien entendu victime de l’activité criminelle de Meadows mais aussi de la pression de son directeur Alec Berger (Peter Jones) qui souhaite le remplacer parce que son chiffre d’affaire est insuffisant et ses techniques de ventes dépassées. Il est aussi victime de ses propres illusions, dont justement son obsession pour sa voiture volée. Sa femme comme le commissaire essaient de le raisonner, mais Cummings est un obsessionnel, à la limite de la folie.

L’acteur anglais, né en Irlande,  Richard Todd, est fantastique dans le rôle de Cummings, ce commercial à côté de la plaque, qui de toute évidence n’est pas à sa place dans un monde de compétition mais tente coûte que coûte de prouver à sa femme qu’il est un homme, un vrai. Sa virilité blessée va l’amener à prendre des risques inconsidérés.

On peut voir à travers « Never Let Go » une critique acerbe du capitalisme sauvage qui pousse des hommes blessés à se transformer en tueur (au sens figuratif mais pas seulement !) pour survivre.  Meadows est l’illustration d’un homme d’affaires qui derrière une façade respectable, mène une activité illicite pour se faire encore plus d’argent. Il n’a aucun problème de conscience. Pour Meadows, la violence est juste un moyen de faire obéir ses subalternes qui pèchent souvent par incompétence. Et il applique la même logique capitaliste à sa relation de couple. Il offre un logement à une jeune femme, Jackie (Carol White dans l’un de ses premiers rôles crédités) et en échange exige qu’elle fasse le ménage et  qu’elle soit à son entière disposition sexuellement. Quoi de plus normal ? C’est le simple jeu de l’offre et la demande.  Meadows est ainsi la version monstrueuse et immorale du patron de Cummings, Berger.

Evidemment le clou du film, c’est la grande star comique de l’époque, Peter Sellers qui ici non seulement joue un rôle non comique, mais interprète un méchant particulièrement cruel. Un sacré pari qui a déstabilisé les critiques et le public. Le film a été un flop ! C’est fort dommage car Sellers est excellent, il ne surjoue pas et est malsain et inquiétant à souhait.

Peter Sellers a été très déçu par l’accueil du film et se jura désormais de se confiner à la comédie. Cet échec n’empêchera pas en tout cas Sellers et Guillermin de retravailler ensemble sur « Waltz of the Toreadors » (1960).

« Never Let Go » est un excellent thriller qui mériterait d’être réévalué. La réalisation de Guillermin est solide même si la musique de John Barry, si bonne soit-elle, est un peu trop présente. Et les deux acteurs principaux sont fabuleux. Enfin, l’histoire est convaincante et bien menée.

DVD zone 2 UK. ITV Studios Home Entertainment (2002). Version originale avec des sous-titres anglais optionnels.