Né à Bristol en 1912, J. Lee Thompson était un jeune prodige. A l’âge de 20 ans il avait déjà deux pièces de théâtre publiées. C’est d’ailleurs comme scénariste qu’il abordera dans un premier temps le cinéma à la fin des années 30.
Il passera à la réalisation en 1950 avec « Murder Without Crime« , un petit film noir adapté d’une de ses pièces et qui rencontrera un joli succès public. Mais c’est surtout son deuxième film « The Yellow Balloon » (1953) qu’il co-scénarise qui marque ses débuts en tant que cinéaste digne d’intérêt.
Au cours des années 50, Thompson signe une poignée de drames emprunts de réalisme social, avec des rôles féminins forts, et qui annonce la vague des kitchen sink dramas. Il s’intéresse ainsi aux femmes en prison (The Weak and the Wicked, 1954), à la peine de mort (Yield to the Night, 1956) avec une Diana Dors fabuleuse. Ces deux films ont été écrits par sa future femme Joan Henry. Enfin, il s’intéresse au désespoir d’une femme au foyer trompée par son mari (Woman in a dressing gown, 1957) avec également un très beau rôle féminin pour Yvonne Mitchell.
Dans « Tiger Bay » (1959), filmé dans le quartier éponyme de Cardiff, un marin polonais tue sa fiancée et est traqué par la police. Mais son amitié avec une petite fille (premier rôle pour Healey Mills) lui offre une forme de rédemption. Et il finit par apparaître bien plus sympathique (et humain) que le policier qui le traque.
S’il avait déjà touché avec succès au film d’aventures (Ice Cold in Alex en 1958 et « North West Frontier » en 1959), le triomphe de « The Guns of Navarone » en 1961 va le propulser à la tête de grosses productions internationales, véhicules de star (avec Yul Brynner par exemple dans « Taras Bulba » et « Kings of the Sun »). Mais il se montre également à l’aise dans des thrillers contemporains inquiétants comme « Cape Fear » (1962) avec Gregory Peck et Robert Mitchum (nettement plus réussie que son incursion dans l’horreur avec Eye of the Devil en 1966). Thompson tourne même des comédies (« What a Way to Go! » et « John Goldfarb, Please Come Home! » avec Shirley MacLaine). Sans parler de deux suites pour « The Planet of Apes » (il a été impliqué dans la création du concept et aurait dû réaliser le premier film). Bref qu’importe le genre serait-on tenter de dire. J. Lee Thompson est prêt à tout !
Le rythme de travail effarant de J. Lee Thompson lui permet de sortir jusqu’à deux ou trois films par an. En 39 ans de carrière en tant que réalisateur, il a tourné 49 oeuvres (essentiellement pour le grand écran) ! Evidemment, la qualité s’en ressent, et à partir des années 60, il commence effectivement à accepter tout et n’importe quoi (mouvement qui va s’accélérer dans les années 70 et 80).
En 1976, il tourne pour la première fois avec l’acteur américain Charles Bronson pour « St. Ives ». Une collaboration qui se poursuivra sur huit autres films jusqu’au dernier film de Thompson, « Kinjite: Forbidden Subjects » en 1989. Certains des films de Thompson pour Bronson comme « The Evil That Men Do » (1984) et « 10 to Midnight » (1983) vont être critiqués pour leur ultra violence.
Décidément, Bronson peut dire merci aux Anglais si on considère que l’autre réalisateur qui l’a fait le plus tourner est le Londonien Michael Winner. Il lui doit notamment son film le plus célèbre « Death Wish » en 1974, début d’une véritable franchise – Thompson tournera justement le 4e de la série « Death Wish 4: The Crackdown ».
Evidemment Thompson a eu l’une de ces carrières où l’on se prend à rêver ce qu’il aurait pu faire s’il n’était pas tomber dans une boulimie de tournage et avait continué dans la veine de ses débuts.
Fidèle, il jouera souvent avec les mêmes acteurs : Diana Dors (deux films), John Mills (deux films), Sylvia Syms (trois films), Anthony Quayle (trois films) Gregory Peck (trois films), Yul Brynner (deux films), David Niven (trois films), Shirley MacLaine (deux films), Anthony Quinn (trois films), Robert Mitchum (deux films) ou encore Charles Bronson (neuf films !),…
Il est mort en 2002 dans sa maison de vacances au Canada. Trois fois marié, deux fois divorcé, il a eu deux enfants. Son fils Peter Lee Thompson (qui avait monté plusieurs de ses films) est décédé en 1997.