Le cinquième James Bond, celui qui aurait dû être le dernier avec Sean Connery, voulait en mettre plein la vue… et c’est plutôt réussi.
You Only Live Twice (1967)
(On ne vit que deux fois)
Réalisé par Lewis Gilbert
Ecrit par Roald Dahl d’après le roman de Ian Fleming
Avec Sean Connery, Akiko Wakabayashi, Mie Hama, Tetsurô Tanba, Teru Shimada, Karin Dor, Donald Pleasence,…
Direction de la photographie : Freddie Young / Production design : Ken Adam / Montage : Thelma Connell / Musique : John Barry
Produit par Albert R. Broccoli et Harry Saltzman pour EON Productions
Aventures / Thriller
117mn
UK
Après « Thunderball », les producteurs voulaient enchainé avec « On her Majesty’s Secrets ». Mais la météo n’étant pas au rendez vous, ils se rabattent sur sa suite, « You Only Live Twice », le onzième roman de la série James Bond écrite par Ian Fleming et publiée en 1964 et se déroulant au Japon. Evidemment ce renversement dans l’ordre de la série (surtout après la fin tragique du précédent volume) demandait des arrangements scénaristiques. Ces derniers ont été confiés à l’écrivain Roald Dahl, célèbre pour ses romans jeunesse ( James and the Giant Peach, Charlie and the Chocolate Factory,…). Dahl, ami de Fleming, faisait ici ses débuts en tant que scénariste.
Pour la réalisation, il fallait trouver un nouveau volontaire. Le producteur Albert R. Broccoli porta son dévolu sur le londonien Lewis Gilbert qui venait de remporter un gros succès public et critique avec la comédie dramatique « Alfie » (1966) et avait déjà une expérience solide avec des films d’aventure (Ferry to Hong Kong) et films de guerre (Reach for the Sky) ou encore thriller (The Good Die Young). Mais Gilbert refuse avant de céder et d’accepter d’accompagner Broccoli au Japon pour les repérages.
La quête d’un chateau pour servir de base au méchant de service, Blofeld, se révèle infructueuse avant qu’ils découvrent des volcans éteints. Le production designer Ken Adam, un fidèle de la franchise depuis « Dr No » (1962) est appelé à la rescousse. Combien lui faut-il pour construire une base sous un volcan. Un million (soit le budget total du premier James Bond) ? Pas de soucis !
Sean Connery, qui vivait mal le succès de James Bond et le harassement des médias, est cette fois-ci catégorique. Ce sera son dernier James Bond, et l’annonce est rendue publique pendant le tournage de « You Only Live Twice ». Pour les James Bond Girl, le choix est compliqué. Aucune actrice japonaise ne parle anglais ! Deux jeunes actrices, Akiko Wakabayashi et Mie Hama, sont finalement sélectionnées et envoyées en stage linguistique en Angleterre. Quand l’une d’elles ne se révéla pas très bonne en langues, la production décida dans un premier temps de s’en séparer. Mais après une menace de suicide, la production fit marche arrière et se contenta de confier le rôle avec le plus de dialogue à l’actrice la plus anglophile !
Quant au méchant de service, il est incarné par le toujours excellent Donald Pleasence. Ce dernier était cependant un second choix, il a remplacé au pied levé l’acteur allemand choisi pour le rôle, qui a été écarté après quelques jours de tournage.
Au niveau scénaristique, le script de Dahl est retravaillé pendant le tournage au fil des idées de scènes d’action, comme celle impressionnante de combat aérien entre le mini hélicoptère de James Bond et quatre hélicoptères de SPECTRE. Un tournage complexe qui vaudra un long séjour à l’hôpital et un pied en moins au cameraman spécialisé des scènes aériennes, John Jordan. Il perdra la vie deux ans plus tard sur le tournage d’un autre film, « Catch 22 » (1970).
« You Only Live Twice » se démarque également comme probablement le plus sexiste des James Bond, ce qui est déjà un exploit, probablement poussé par l’influence de la culture japonaise. Comme le dit Tiger (Tetsurô Tanba) , au Japon les femmes viennent en seconde position derrière les hommes. Mais bon, pour le côté positif, il y a des ninjas !
Les effets visuels sont de très bon niveau, surtout la base de Blofeld, reconstituée grandeur nature dans les studios britanniques de Pinewood. Les séquences dans l’espace ont par contre assez mal vieilles, on est à des années lumière de « 2001: A Space Odyssey » qui sortira l’année suivante.
Enfin, dernier point à noter, c’est le premier James Bond où le Royaume Uni se retrouve relégué au rang d’intermédiaire entre les deux grandes puissances de l’après guerre, les Etats Unis et la Russie. Même si, l’honneur est sauf, car grâce à James Bond, la troisième guerre mondiale sera évitée ! God Saves James Bond !
DVD et Blu-ray FR. Studio MGM / United Artists (2020).Version originale sous-titrée en français et version française. Nombreux bonus dont un making of