Le premier James Bond a 50 ans… et toutes ses dents ? Retour sur la pierre fondatrice d’un mythe.

James Bond 007 contre Dr No

Dr. No (1962)

(James Bond 007 contre Dr. No)

Réalisé par Terence Young

Ecrit par Richard Maibaum, Johanna Harwood et Berkely Mather d’après le roman de Ian Fleming

Avec Sean Connery, Ursula Andress, Joseph Wiseman, Jack Lord, John Kitzmiller,…

Directeur de la photographie : Ted Moore

Produit par Albert R. Broccoli et Harry Satlzman pour Eon Productions

Tourné en Jamaïque et aux studios d’Elstree

110 mn

UK

James Bond (Sean Connery), un agent des services secrets britanniques, est envoyé en Jamaïque pour enquêter sur la disparition d’un collègue. Son enquête va bientôt le conduire sur les traces d’un mystérieux Dr. No.>

James Bond 007 contre Dr NoAutant le dire tout de suite, je suis loin d’être fan de l’une des plus fameuses franchises du cinéma. Mais les premiers films de la série avec Sean Connery dans le rôle titre gardent encore aujourd’hui une aura particulière, et James Bond représente indéniablement l’un des plus gros succès commerciaux de l’industrie cinématographique britannique. Je ne pouvais donc l’ignorer plus longtemps sur ce site.

J’ai donc décidé de me pencher sur le cas de « Dr.No », le premier film adapté des romans de Ian Fleming. « Dr. No » a été produit à petit budget (1 million de dollars) par la boite de production anglaise Eon Productions fondée par l’Américain Albert R. Broccoli et le québécois Harry Saltzman. Pour l’anecdote, notons que le budget du premier film est inférieur au salaire reçu par Sean Connery pour reprendre le rôle neuf ans plus tard, soit 1,25 millions de dollars !

Saltzman était installé en Angleterre depuis un certain temps et était l’un des co-fondateurs du studio mythique de la nouvelle vague anglaise « Woodfall Film Productions » avec Tony Richardson et John Osborne, produisant ainsi plusieurs classiques comme « Look back in Anger » (1959) et « Saturday Night and Sunday Morning » (1960). Broccoli pour sa part avait commencé dans le cinéma à Hollywood avant de s’installer à Londres au début des années 50 où il a co-fondé Warwick Films pour produire une petite vingtaine de films en sept ans (The red Beret, Safari, Jazz Boat,…) .

En fait le premier James Bond est un film assez proche de la philosophie de Warwick Films : tourner des films à succès pour le moins d’argent possible. Le budget du premier James Bond est d’ailleurs dans la moyenne des budgets de Warwick Films. Et pour occuper le siège de réalisateur, Broccoli rappelle Terence Young, l’un des réalisateurs qui a le plus tourné pour Warwick Films. Et pour le rôle principal, après les refus de plusieurs stars dont Cary Grant et James Mason, ils font appel à Sean Connery, un acteur écossais quasi inconnu qui a surtout tourné pour la télévision anglaise mais aussi canadienne (il a notamment incarné Macbeth pour CBC en 1961) et dans quelques films dont « Another time another place » (1958) avec Lana Turner. Sean Connery avait trouvé l’un de ses premiers rôles au cinéma dans « Action of the tiger » réalisé en 1957 par Terence Young.

« Dr No » surprendra certainement les aficionados des derniers James Bond. Soit, nombres de bases du mythe sont déjà présentes dans ce premier film : James y est très élégant, très charmeur et très efficace, les paysages sont paradisiaques, le super méchant est réfugié dans sa base secrète et veut dominer le monde, les jolies filles (et le martini) coulent à flot,.. La cultissime James Bond Girl est bien présente tout comme les poursuites de voiture ou encore la musique aujourd’hui connue dans le monde entier,…

Mais en fait ce qui surprend le plus dans « Dr No » c’est sa lenteur et son côté rétro. On est loin de l’action trépidante et des explosions à la minute auxquels nous a habitué la série depuis déjà un bon bout de temps. Ce n’est guère étonnant en fait. On est en 1962, et le film est marqué par les films hollywoodiens d’aventure de l’époque qu’il mixe avec un brin de SF désuète très fifties… et de libération sexuelle très sixties (ceci dit, la James Bond Girl – ici Ursula Andress – est déjà sublime mais bien timidement accrochée aux bras de notre héros ultra viril). Enfin, le méchant est très « statique », le Noir de service très sympathique et décoratif. Quant à la réalisation, elle est aussi élégante que mollassonne.

Bref « Dr.No » a sacrément vieilli et se regarde aujourd’hui comme un joli livre d’images au parfum exotique. Loin d’être désagréable, le film reste surtout la première pierre indispensable d’un mythe cinématographique – indispensable car il pose définitivement les bases d’un style qui va se décliner ensuite (au moment où j’écris ces lignes en juin 2012) – à travers 22 films (et un 23e en préparation) !

DVD et blu-ray MGM / United Artists (2008). Version française et version originale avec sous titres. Bonus blu-ray : Commentaires audio de Terence Young, des acteurs et de l’équipe du film (VOST), « 007, permis de restaurer » (HD – 11’56 » – VOST), Les missions 007 : guide interactif pour accéder à certains thèmes et éléments du film, « Les coulisses de James Bond contre Dr. No » (HD – 42’10 » – VOST), « Terence Young : Bond vivant » (HD – 17’57 » – VOST), « Featurette de 1963″ (8’40 » – VOST)
Le ministère de la propagande :
– Les archive de cinéma (4 bandes-annonces – 11′ – VOST)
– Bond à la télé (2 spots – 1’23 » – VOST)
– Bond à la radio (spots – 6’37 »)