Le portrait d’un professeur charismatique et autoritaire, séduite par les valeurs fascistes. Un Oscar pour Maggie Smith.

Les belles années de Miss Brodie

The Prime of Miss Jean Brodie (1969)

(Les belles années de Miss Brodie)

Réalisé par Ronald Neame

Ecrit par Jay Presson Allen d’après le roman de Muriel Spark

Avec Maggie Smith, Robert Stephens, Gordon Jackson, Pamela Franklin,…

Directeur de la photographie : Ted Moore

Musique : Rod McKuen

Produit par Robert Fryer pour Twentieth Century-Fox Productions

Drame

UK/US

Édimbourg, au début des années 30. Jean Brodie (Maggie Smith) est une professeur d’histoire dans une école pour fille qui se consacre entièrement à ses jeunes élèves. Libre et fantasque, elle a du mal à s’accommoder de la petite morale bourgeoise. Elle rêve de faire de ses jeunes filles des personnages de roman. Au grand dam de la responsable de l’école, Miss Mackay (Maggie Smith).

« J’ai pour mission de mettre de vielles têtes sur vos jeunes épaules. Toutes mes élèves sont la crème de la crème. Confiez-moi une jeune fille à un âge impressionnable et elle sera mienne pour la vie. Vous, mes filles, êtes ma vocation. Vous êtes mes plus belles années. »

prime_of_miss_jean_brodieTelle est une partie du discours que tient le jour de la rentrée à ses élèves, la fameuse Miss Brodie, professeur charismatique et extravagant aux méthodes peu orthodoxes qui est persuadée d’avoir une mission quasi divine de modelage de ses jeunes élèves pour qu’elles deviennent des femmes à son goût.

Le principal problème de Miss Brodie est qu’elle est dans le contrôle absolu. Elle modèle chacune de ses élèves telle qu’elle la voit, telle qu’elle la veut. L’une deviendra une amante de roman (et elle ira jusqu’à la pousser dans les bras de son ancien amant) et encore une autre partira faire la guerre au service de… Franco (et elle fera donc tout pour qu’elle parte !).

Oui car Miss Brodie a des opinions politiques bien affirmés. Elle se dit individualiste mais veut que chaque individu (à part elle qui ne supporte pas l’encadrement moral de la bourgeoisie) évolue dans une liberté bien contrôlée… Miss Brodie, qui revient d’un voyage en Italie, ne cache pas son admiration pour El Duce et le fascisme.

Elle se consacre corps et âme à l’éducation de ses élèves mais elle les fait participer à sa vie même la plus personnelle, emmenant ses élèves préférées avec elle le week-end chez son amant. Piégée dans sa vision de sa vie, se voyant elle-même une héroïne de roman bâtisseuse de futures héroïnes, elle est prête à tous les sacrifices.

Le film se divise en deux parties bien distinctes. Il commence comme un spectacle quasi familial, où l’on voit les jeunes filles fascinées par leur professeur, sa vie amoureuse et son insubordination vis à vis de la direction de l’école.

Puis l’admiration de Miss Brodie pour le fascisme est exposée de plus en plus clairement et elle ira jusqu’à pousser l’une de ses élèves à partir pour l’Espagne afin de rejoindre son frère qui lutterait contre Franco. L’aura d’innocence est remplacée par un climat malsain.

Le personnage de Miss Brodie attire la sympathie au début, même si on peut déjà être horripilé pour son comportement très possessif vis à vis de ses élèves. Quand ses certitudes l’amènent à instrumentaliser ses élèves, alors elle devient juste dangereuse.

Personnage outrancier, elle va aller trop loin et elle-même se mener à sa propre perte. Et l’impossible va se produire. C’est l’une de ses élèves, la rebelle Sandy (Pamela Franklin) qui va provoquer sa chute.

Le film souffre de lenteurs et de scènes parfois pas très utiles, et le résultat n’est pas très équilibré. Néanmoins ce personnage de professeur charismatique et défricheur, est assez fascinant. C’est un peu la face sombre du professeur rêvé / guide spirituel (tel qu’il est incarné par Robin Williams dans « Le cercle des poètes disparus » de Peter Weir.

« The Prime of Miss Jean Brodie » a reçu à sa sortie un bel accueil public et critique. Et Maggie Smith (qui trouve ici son plus beau rôle au cinéma avec « The Lonely Passion of Judith Hearne » dix-huit ans plus tard) y a gagné un Oscar. Notons quand même l’excellente prestation de Pamela Franklin, enfant star qui avait notamment ses preuves dans « The Innocents » (1961) et « The Nanny » (1965).

DVD Zone 2. Edition UK. Studio Accorn. Version originale sans sous titres.