Portrait terrible d’une femme rongée par la solitude, l’un des plus beaux rôles de Maggie Smith et dernier film réalisé par le grand Jack Clayton

The Lonely Passion of Judith Hearne (1987)

Réalisé par Jack Clayton

Ecrit par Peter Nelson d’après le roman de Brian Moore

Avec Maggie Smith, Bob Hoskins, Wendy Hiller, Marie Kean, Ian McNeice,…

Direction de la photographie : Peter Hannan / Productin design: Michael Pickwoad / Direction artistique : Henry Harris / Montage : Terry Rawlings / Musique : Georges Delerue

Produit par Richard Johnson et Peter Nelson pour HandMade Films et United British Artists (UBA)

Drame

116mn

UK

Dans les années 50 à Belfast, Judith Hearne (Maggie Smith) s’installe dans une modeste pension. Vieille fille, elle donne des cours de piano et noie sa solitude dans la religion et l’alcool depuis la mort trois ans plus tôt de sa tante dont elle s’est occupée jusqu’à la fin. Elle perd ses élèves les uns après les autres à cause de l’alcool. Mais l’espoir renait quand elle rencontre le frère de sa logeuse, James (Bob Hoskins) un individu grassouillet mais qui a vécu à New-York et se présente comme un homme d’affaires. Judith et James se mettent à sortir ensemble sous l’oeil malveillant de la logeuse Mrs Rice (Marie Kean) et de son fils Bernard (Ian McNeice), pseudo poète libidineux.

« The Lonely Passion of Judith Hearne » est le portrait terrible d’une orpheline recueillie par sa tante dévote qui la soumet par la religion et la torture psychologique voire physique (dans la première scène on voit ainsi la tante serrer la main de Judith encore enfant à l’église jusqu’aux larmes pour qu’elle arrête de rire). C’est douloureux pour le spectateur d’être le témoin des espoirs et des déceptions de Judith, d’autant quand le personnage est incarné par une actrice aussi sensible et expressive que Maggie Smith qui tient ici l’un de ses plus beaux rôles avec « The Prime of Miss Jean Brodie » (1969).

Pseudo homme d’affaires et vrai raté, James (Bob Hoskins toujours excellent) inspire la curiosité puis la pitié et le dégoût au fil de sa dégringolade pathétique. L’histoire d’amour – ou d’affaires – entre James et Judith sera contrecarrée par un véritable couple infernal, la logeuse vicieuse Mrs Rice (plus ou moins une copie conforme de la tante de Judith) et de son fils, faux poète et vrai parasite.

Avec son casting cinq étoiles et sa réalisation posée et très précise, « The Lonely Passion of Judith Hearne » est un drame humain qui vous prend aux tripes et risque de flatter votre côté misanthrope. La pauvre Judith en voit de toutes les couleurs et ses faiblesses en fait la victime idéale de tous ceux qui cherchent à se défouler à peu de frais.

« The Lonely Passion of Judith Hearne » est le dernier film réalisé par Jack Clayton, ancien assistant réalisateur et producteur passé à la réalisation avec « Room at the Top » (1959), romance social-réaliste qui vaudra un Oscar à Simone Signoret puis « The Innocents » (1961), adaptation géniale d’une nouvelle horrifique d’Henry James.

C’est également l’un des derniers films produits par Handmade Films, la légendaire maison de production co-fondée par le Beatles George Harrison pour sauver « The Life of Brian » (1979) des Monty Python et qui cessera ses activités deux ans plus tard.

Le film a été ré-édité en juin 2019 sur support blu-ray par le fameux éditeur anglais Powerhouse Films dans sa collection « Indicator » avec une restauration 2K, un livret, de nombreux bonus et des sous-titres en anglais.

Blu-ray UK. Studio Powerhouse Films, collection Indicator (2019). Edition limitée à 3000 exemplaires. Version originale sous-titrée en anglais. Livret de 32 pages. Nombreux bonus