Le grand retour d’Amicus à l’anthologie horrifique est marqué par un humour cynique et réjouissant ainsi que la présence d’un très beau casting
The House That Dripped Blood (1970)
(La maison qui tue)
Réalisé par Peter Duffell
Ecrit par Robert Bloch
Avec Christopher Lee, Peter Cushing, Denholm Elliott, Jon Pertwee, Ingrid Pitt,…
Direction de la photographie : Ray Parslow / Direction artistique : Tony Curtis / Montage : Peter Tanner / Musique : Michael Dress
Produit par Milton Subotsky et Max Rosenberg pour Amicus Productions
Horreur
102mn
UK
Un inspecteur de Scotland Yard arrive dans un commissariat de campagne pour enquêter sur la disparition d’un célèbre acteur de films d’horreur. Le policier sur place ainsi que l’agent immobilier de la maison que l’acteur a loué dans le village sont convaincus que la maison est responsable de la disparition. Ils décident de raconter à l’inspecteur incrédule les étranges histoires qui s’y sont déroulées.
« The House that Dripped Blood » marque le retour d’Amicus à l’anthologie horrifique après « Dr. Terror’s House of Horrors » (1965) et « Torture Garden » (1967), tous deux réalisés par Freddie Francis.
Ce dernier n’étant pas disponible, il est remplacé ici par Peter Duffell, dont il s’agissait de la deuxième réalisation pour le grand écran après le quota quickie « Partners in Crime » (1961). Depuis, Duffel avait notamment tourné pour des séries à succès (Man in the Suitcase, The Avengers,…) et pour l’anthologie « Journey to the Unknown » co-produite par Hammer Films, le grand concurrent d’Amicus.
Bon, Amicus aime puiser chez l’adversaire. On retrouve donc ici au générique trois acteurs stars de la Hammer : Christopher Lee, Peter Cushing et Ingrid Pitt. Qui, détail important, ne se croisent pas à l’écran puisqu’ils apparaissent chacun dans une histoire différente.
Au scénario, on retrouve le scénariste de « Torture Garden », l’écrivain américain Robert Bloch, qui ici encore puise dans le stock inépuisable de ses nouvelles publiées dans les pulps américains. Il n’est donc guère étonnant qu’on retrouve totalement l’esprit de Bloch, mélange de fantastique et d’horreur et expert en twists finaux d’un humour généralement assez cruel.
Duffel s’adapte très bien à l’esprit tortueux et cynique de Bloch à travers la mise en scène de ces quatre histoires de bonne tenue autour des locataires successifs d’une maison isolée dans la campagne anglaise et qui vont tous rencontrer un destin peu enviable. Les thèmes traditionnels sont bien là : la maison démoniaque (le fil rouge), la créature imaginaire qui devient réelle, les figures de cire, la sorcellerie et le vampirisme.
Dans les meilleures histoires (les deux dernières), Bloch et Duffel s’amusent avec le genre. Surtout la dernière, dont le côté humoristique aurait été largement renforcé par Duffel. Dans cette histoire où le locataire est donc une star de l’horreur (interprétée par Jon Pertwee), ce dernier prend de haut l’équipe de tournage de son film et s’adresse ainsi au jeune réalisateur, traumatisé par la colère de sa star :
« Vous direz à votre directeur artistique que je n’ai pas l’habitude de me produire dans des fêtes foraines (….) Dites-moi Mr Talmadge, depuis que vous avez quitté les confins dépressifs de la télévision, vous avez réalisé combien de films ?
– Avec celui-là, ça fera deux !
– Mais c’est votre premier film d’épouvante. Alors écoutez-moi bien jeune homme. Moi j’en ai fait des centaines. (…)
Puis déchirant avec sa canne un faux mur en papier peint.
Vous voyez pourquoi les films d’aujourd’hui sont si mal faits : aucun réalisme. Ah quand je repense à nos grands classiques : Frankenstein, le Fantôme de l’Opéra, Dracula,… Celui avec Bela Lugosi, pas celui avec ce nouveau type. Ils n’avaient pas de décors fraichement peints ! »
« The House that Dripped Blood » est une belle anthologie de la Amicus, qui sous l’influence de Robert Bloch, tend vers un humour un brin cynique, voire, avec les ajouts du réalisateur, vers la franche comédie.
Ce retour à l’anthologie horrifique va remporter un joli succès aux Etats-Unis, ce qui va bien sûr entrainer la Amicus à remettre le couvert plusieurs fois par la suite avec « Tales from the Crypt » (1972), « Asylum » (1972), « Vault of Horror » (1973) et « From Beyond the Grave » (1974). A noter que tous ces films (à part le dernier) sont disponibles sur le marché français dans de très beaux combo blu-ray/DVD/livret chez ESC Editions.
Combo blu-ray/DVD/livret. Edition ESC (2018). Version originale sous-titrée en français et version française. Bonus : un livret de 16 pages par Marc Toullec, présentation de la Amicus (5mn), entretien avec Lauren Aknin (15mn)