La vengeance est un plat qui peut coûter cher. Un thriller très noir où un père court vers sa destruction en voulant venger la mort de sa fille.

Revenge (1971)

(Violence en Sous-Sol)

Réalisé par Sidney Hayers

Ecrit par John Kruse

Avec Joan Collins, James Booth, Ray Barrett, Sinéad Cusack, Tom Marshall, Kenneth Griffith, Zuleika Robson,…

Direction de la photographie : Ken Hodges / Direction artistique : Lionel Couch / Montage : Anthony Palk / Musique : Eric Rogers

Produit par George H. Brown

Tourné aux Sutios Pinewood

Thriller

89mn

UK

Jim Radford (James Booth) revient du cimetière avec sa femme Carol (Joan Collins), son fils de 18 ans Lee (Tom Marshal) et sa fille adolescente Jill (Zuleika Robson). Ils viennent d’enterrer la petite dernière, assassinée par un pédophile. Alors que Jim décide d’ouvrir quand même le pub ce jour-là, Harry (Ray Barrett), qui a aussi perdu sa fille dans les mêmes conditions, vient le voir pour lui annoncer que la police a libéré le principal suspect des deux meurtres.

En dépit de ses réticences initiales, Harry convainc Jim de venir avec son fils aîné, Lee (Tom Marshall), pour suivre le suspect Seely (Kenneth Griffith) afin d’observer son comportement. Il faut dire que Seely a le physique de l’emploi – on a envie de le croire coupable. Quand ils le voient roder devant l’école, ils se persuadent qu’il pourrait bientôt agir à nouveau. Ils décident de le kidnapper pour le faire avouer et le tuer s’il est coupable.

Après un kidnapping des plus laborieux, ils le conduisent sous le pub et commencent à le tabasser. Quand la femme de Jim, Carol, découvre qui il est, elle participe également. Pris d’un acte de folie, Jim l’étrangle… avant même que Seely ait ouvert la bouche. Quand ils retournent dans la cave pour se débarrasser du corps, il s’avère toutefois qu’il n’est pas tout à fait mort.

Que faire de Seely ? Ni Jim, ni Harry ne veulent prendre la responsabilité de le tuer de sang froid. Alors qu’ils gardent le suspect dans la cave en attendant de trouver une solution, les relations entre les différents membres de la famille Radford devient de plus en plus tendue.

Jim finira-t-il par se venger ? Est-ce que Seely est bien le coupable ? La famille survivra-t-elle à cette éruption de violence ?

Juste après avoir sorti  le médiocre « Assault » la même année, le scénariste  John Kruse et le réalisateur Sidney Hayers remettent le couvert avec un autre thriller pour les producteurs George H. Brown et Peter Rogers (ce dernier étant plus habitué aux comédies, notamment la fameuse série des « Carry On »).

Les années 70 sont riches en thrillers violents et noirs qui empruntent une forme de réalisme social et les décors urbains des quartiers/villes populaires jusqu’alors plutôt réservés au kitchen sink drama : « The Reckoning » (1970), « Get Carter » (1971), « Sitting Target » (1972), « The Offence » (1973), « The Squeeze » (1977),…

« Revenge » est un bon exemple du genre. L’action se déroule dans un quartier quelconque d’une ville non nommée où Jim tient un pub modeste. On sous-entend dès le début que le pub ne va pas très bien financièrement. La famille est fissurée. Jim s’est remarié avec Carole, l’ancienne serveuse avec qui il avait une liaison, alors que la mère de ses trois enfants s’est enfuie aux Etats-Unis. Comme le prouve l’accès de folie de Jim quand il étrangle Seely, il a une personnalité bien plus complexe que celle, affichée, d’un débonnaire tenancier de pub et d’un père de famille respectable.

« Revenge » n’hésite pas à choquer. Quand Seely se prend des coups ou est témoin d’une scène difficile, on est à sa place, on voit les coups arriver, on voit l’action dérangeante à travers ses lunettes cassées. Le coupable potentiel devient la victime.

Ici, contrairement à la plupart des revenge movies de l’époque, il n’y a pas de justification de l’auto-justice, du vigilantisme. La fin est sordide, désespérée. La violence va tout emporter sur son passage.

Le scénario de John Kruse est bien fichu avec une montée en puissance très bien géree, et Sidney Hayers signe une réalisation efficace. Les acteurs sont parfaits, dont James Booth, plutôt habitué aux seconds rôles, notamment dans « Zulu » (1964) ou « The Jazz Singer » (1980) ou encore « Brannigan » (1975) qui trouve ici l’un de ses rares premiers rôles au cinéma avec « Sparrows Can’t Sing » (1963). Le choix d’une actrice glamour comme Joan Collins pour jouer la femme d’un propriétaire de pub peut étonner, mais ça fonctionne plutôt bien (et le fait qu’elle soit sexy joue un rôle important dans le scénario). Il faut aussi noter la prestation impressionnante de Kenneth Griffith dans le rôle (quasi muet) du pédophile supposé.

Ce thriller à petit budget est plus audacieux que de nombreuses autres productions similaires de l’époque. A noter qu’aux USA le film a été marketé comme un film d’horreur sous le titre de « Terror from under the House » !

DVD et Blu-ray UK. Studio Network (collection The British Film), 2016. Version originale avec des sous-titres optionnels en anglais. Bonus : livret de Neil Sinyard (28 pages).

[amazon_link asins=’B0193NFRR0′ template=’ProductAd’ store=’cinemaderien-21′ marketplace=’FR’ link_id=’22ba2f1b-bc51-11e8-a6c3-0f90a66efad3′]