Du 15 juin au 11 juillet 2022, la Cinémathèque française organise une rétrospective British Noirs avec une vingtaine de films des années 40 jusqu’aux années 90.

La sélection est classique mais comprend les grands chefs d’oeuvres du genre (Brighton Rock, It Always Rains on Sunday, Get Carter,…) avec son lot de films moins connus (No Orchids for Miss Blandish, Never Let Go, Sitting Target,…). J’ai chroniqué la plupart de ces films sur le site, donc n’hésitez pas à aller jeter un coup d’oeil.

On notera quelques choix étranges comme les deux Losey : « Eva » n’est pas un film britannique et « Blind Date » n’a pas beaucoup d’intérêt. Quitte à retenir un Losey, il aurait mieux valu montrer « Time Without Pity » (1957). « The League of Gentlemen » est une comédie criminelle mais pas un film noir ! Bien sûr chacun a son opinion quand il s’agit de faire une sélection (forcément subjective et incomplète) et évidemment je regrette que certains films ne soient pas présents : « Mona Lisa » (1986), « West 11 » (1963), « The Squeeze » (1977),…

Basil Dearden est le réalisateur de loin le plus représenté dans la sélection de la cinémathèque avec quatre films : « The League of Gentlemen », « Pool of London », « All Night Long » et « Sapphire ».  Et c’est tant mieux, car si le premier n’est pas un film noir, Dearden est un excellent réalisateur, mêlant film de genre et observation sociale.

Voici un extrait de la présentation de la cinémathèque, signé Jean-François Rauger :

« L’influence du film noir hollywoodien fut considérable dans les années qui suivirent la fin de la Seconde Guerre mondiale. Expression de la forte domination du cinéma américain ou phénomène global engendré par ces années durant lesquelles l’espoir d’un nouveau monde se mêlait à un désenchantement sans limite ? Les deux sans doute. Mais si les figures et l’esthétique du film noir se déclinèrent dans différents endroits du monde, elles le firent avec leurs particularités nationales. Ainsi du cinéma britannique qui, lui aussi, se distingua par un regard pessimiste sur la société et ses classes sociales ainsi que le développement d’un nouveau type de criminalité.

Loin de la flamboyance névrotique du cinéma hollywoodien, le film noir britannique apparait plus gris, plus terne parfois, plus glauque souvent mais aussi plus ancré dans la réalité sociale. Un ancrage engendré par un regard souvent influencé par une tradition cinématographique, si typique au-delà de la Manche, celle d’un authentique regard documentaire. Une généalogie littéraire contemporaine de cette effervescence pourrait aussi expliquer la naissance du genre. Graham Greene pour la culture haute et les angoisses de l’existentialisme chrétien (et même catholique) et James Hadley Chase pour la culture basse et pour expliquer ce rapport assez spécial, entre pastiche et parodie, qui sépare et le film noir d’origine et sa déclinaison anglaise. »

Les films sélectionnés :

Sitting Target (La Cible hurlante, 1972) Douglas Hickox (Mercredi 15 juin 20h00)
Get Carter (Loi du milieu, 1971) Mike Hodges (Jeudi 16 juin 20h30)
Frenzy (1972) Alfred Hitchcock (Vendredi 17 juin 18h15)
Gumshoe (1971) Stephen Frears (Vendredi 17 juin 20h45)
Cash on Demand (1961) Quentin Lawrence (Samedi 18 juin 20h15)
Jigsaw (Le Mystère de la villa blanche, 1962) Val Guest (Lundi 20 juin, 18h30)
Brighton Rock (Le Gang des tueurs, 1947) John Boulting (Lundi 20 juin 20h45)
It Always Rains on Sunday (Il pleut toujours le dimanche, 1947) Robert Hamer (Mercredi 22 juin 18h00)
The Long Good Friday (Racket, 1980) John Mackenzie (Mercredi 22 juin 20h)
Waterloo Road (Un soir de rixe, 1945) Sidney Gilliat (Jeudi 23 juin 18h)
Wanted for Murder (Recherché pour meurtre, 1947) Lawrence Huntington (Jeudi 23 juin, 20h30)
Blind Date (L’Enquête de l’inspecteur Morgan, 1959) Joseph Losey (Vendredi 24 juin 18h30)
Hell Drivers (Train d’enfer, 1957) Cy Endfield (Vendredi 24 juin 20h30)
Eva (1961) Joseph Losey / France-Italie (Dimanche 26 juin 17h15)
The Informers (L’Indic, 1963) Ken Annakin (Dimanche 26 juin, 20h)
Hell Is a City (Un homme pour le bagne, 1959) Val Guest (Lundi 27 juin 18h)
Dancing With Crime (1947) John Paddy Carstairs  (Jeudi 30 juin 18h30)
Sapphire (Opération Scotland Yard, 1959) Basil Dearden (Samedi 2 juillet, 15h)
The Krays (Les Frères Krays, 1990) Peter Medak (Samedi 2 juilet 17h30)
Pool of London (Les Trafiquants du Dunbar, 1951) Basil Dearden (Samedi 2 juillet, 20h)
Payroll (Les Gangsters, 1961) Sidney Hayers  (Dimanche 3 juillet, 17h)
Cast a Dark Shadow (L’Assassin s’était trompé, 1955) Lewis Gilbert  (Dimanche 3 juillet 19h30)
The League of Gentlemen (Hold-up à Londres, 1960) Basil Dearden (Lundi 4 juillet 19h00)
Noose (1948) Edmond T. Gréville (Jeudi 7 juillet 17h00)
Never Let Go (Quand gronde la colère, 1960) John Guillermin  (Vendredi 8 juillet 17h)
All Night Long (1962) Basil Dearden  (Samedi 9 juillet 17h30)
Robbery (Trois milliards d’un coup, 1967) Peter Yates (Samedi 9 juillet, 20h)
The Last Page (1951) Terence Fisher (Lundi 11 juillet 18h)
No Orchids for Miss Blandish (Pas d’orchidées pour Miss Blandish, 1948) St. John Legh Clowes (Lundi 11 juillet 20h00)