(Tom Jamieson/The New York Times)

Née dans le comté d’Essex en Angleterre le 28 décembre 1934, Maggie Smith était l’une des comédiennes britanniques les plus célèbres de sa génération, enchainant les rôles au théâtre depuis le début des années 50. Elle débute sur les planches à l’Oxford Playhouse en 1952 et à Broadway quatre ans plus tard. Sans être aussi présente sur les écrans que Judith Dench, née également en 1934) ou qu’Helen Mirren (de neuf ans sa cadette), elle a enchainé les rôles notables, parfaitement à l’aise à la fois dans les registres dramatique et comique.

Elle apparait d’abord sur petit écran dans des retransmissions de pièces de théâtre. Sa carrière au cinéma a vraiment commencé en 1958 à l’âge de 24 ans grâce à « Nowhere To Go« , un film noir réussi, premier film de Seth Holt, et l’avant-dernier film produit par Ealing Studios. Elle participe au film « The V.I.P.s » (1963) avec son génériques de stars mais  c’est surtout Jack Clayton lui donne un beau rôle, même si secondaire, dans l’excellent  « The Pumpkin Eater » (1964). Elle jouera l’année suivante dans « The Young Cassidy » commencé par Ford et finit par le chef opérateur et réalisateur Jack Cardiff. La même année, elle revient dans une adaptation avec « Othello » (1965) signée Stuart Burge aux côtés de Laurence Olivier, Frank Finlay et Joyce Redman, tous les quatre se retrouvant nommés aux Oscars (même s’ils sont tous repartis bredouilles).

En 1967, elle tourne dans « The Honey Pot » pour le réalisateur américain Joseph L. Mankiewicz, puis l’année suivante dans la comédie criminelle « Hot Millions » face à Peter Ustinov. Mais c’est en 1969 qu’elle décroche son premier grand rôle en tête d’affiche avec « The Prime of Miss Jean Brodie« , un portrait d’un professeur charismatique et autoritaire, séduite par les valeurs fascistes, et qui lui vaudra un Oscar et d’être honorée d’un CBE (commandeur de l’Empire britannique). Mais finalement, les années 70 seront assez calmes au cinéma pour Maggie Smith. Elle tourne notamment dans un George Cuckor pas franchement mémorable « Travels with My Aunt » (1972) – mais qui lui vaut une nouvelle nomination aux Oscars – et dans plusieurs whodunnit all stars (« Murder by Death », « Death On the Nile » et au début des années 80 « Evil Under the Sun »). Ceci dit, à la toute fin des années 70, sa participation à la comédie loufoque américaine « California Suite » (1979) lui vaudra une second oscar (celle fois-ci pour le meilleur second rôle féminin).

Dans les années 80, elle va tourner dans deux très bonnes comédies produites par HandMade films aux côtés del l’ex-Monty Python Michael Palin : The Missionary (1982) et surtout « A Private Function » (1984) dont le scénario est écrit par Alan Bennett (qu’elle retrouvera bientôt dans la cultissime mini-série « Talking Heads« ). Côté drames, en 1985, elle joue dans « A Room With A View » signé James Ivory, puis deux ans plus tard, elle rejoue sous la direction de Jack Clayon dans l’excellent « The Lonely Passion of Judith Hearne« .

Durant les années 90, devenue une dame commandeur (DBE), elle tourne dans quelques grosses productions américaines, « Hook » (1991) réalisé par Steven Spielberg, et endosse le rôle de la mère supérieure (forcément !) dans les deux « Sister Act » (1992 et 1993) avec Whoopi Goldberg, Elle participe à « Richard III » (1995) et « Washington Square » (1997) mais surtout, à la fin de la décennie, elle tient le rôle principal dans « Un tè con Mussolini » (1999) réalisé par Franco Zeffirelli aux côtés notamment de Judie Dench (qu’elle retrouvera dans le charmant « Ladies in Lavender » en 2004).

Au début des années 2000, outre son apparition dans « Gosford Park » (2002) qui lui vaut une nouvelle nomination aux Oscars, elle va se faire connaitre auprès des nouvelles générations en interprétant la professeur McGonagall dans les Harry Potter (2001-2011). Elle fait aussi d’autres apparitions remarquées dans la comédie (« The Lady in the Van » écrit par Alan Bennett) ou dans les « films pour séniors » (« Quartet« , 2012, « The Best Exotic Marigold Hotel » en 2011 et sa suite en 2015).

Mais dans la toute dernière partie de sa carrière, c’est surtout son rôle de la matriarche, Violet Crawley dans la série « Downton Abbey » (2010-15), et les deux films qui suivront (2019 et 2022), qui lui donnera une aura internationale.

Maggie Smith est décédée le 27 septembre 2024 à l’âge de 89 ans.