Un film mythique qui réunit quatre grandes stars de l’horreur gothique et le réalisateur Pete Walker, tout ça financé par la Cannon !
House of the Long Shadows (1983)
(Le manoir de la peur)
Réalisé par Pete Walker
Ecrit par Michael Armstrong d’après le roman de Earl Derr Biggers et la pièce de George M. Cohan
Avec Vincent Price, Christopher Lee, Peter Cushing, John Carradine, Desi Arnaz Jr, Sheila Keith, Julie Peasgood, Richard Todd,…
Direction de la photographie : Norman G. Langley / Direction artistique : Michael Pickwoad / Montage : Robert C. Dearberg / Musique : Richard Harvey
Produit par Yoram Globus et Menahem Golan pour London-Cannon Films
Horreur
102mn
UK
Kenneth Magee (Desi Arnaz Jr) est un écrivain américain un peu cynique qui débarque à Londres pour la promotion de son dernier livre. Son éditeur anglais Sam Allyson (Richard Todd) l’accueil et lors d’un diner Magee lui propose un pari, qu’il peut écrire un roman à l’ancienne en 24 heures. Allyson lui propose l’endroit idéal pour qu’il puisse travailler en paix, un manoir isolé dans le Pays de Galles. Mais une fois sur place, il se rend compte qu’il est loin d’être seul !
Christopher Lee, Peter Cushing et Vincent Price à l’écran ensemble. Imaginez ! Non que ce soit une première, ils ont tourné ensemble « Scream and Scream Again » mais ils ne partageait pas de scène ! Rajoutez à cela, le vétéran américain John Caradine, qui a tourné dans plus de 300 films dans sa longue carrière, dont un certain nombre de films d’horreur et vous avez une affiche imparable !
L’idée de réunir les plus grands acteurs du cinéma d’horreur pour faire un film les réunissant tous à l’écran est venue de Yoram Globus, l’un des co-créateurs de la fameuse firme américaine Cannon Films, spécialisée dans les films de série B est qui a connu son heure de gloire au début des années 80. Voulant se diversifier, ils produisent des films ambitieux via leur filiale londonienne London-Cannon Films qui sortira entre autres « Lady Chatterley’s Lover » (1981), « The Wicked Lady » (1983), « Sahara » (1983), « Lifeforce » (1985). Autant d’échecs dispendieux qui vont participer à la fin de Cannon.
Ici ils s’associent à l’un des producteurs indépendants les plus actifs dans la Grande Bretagne des années 70, Pete Walker et à qui on doit un certain nombre de classiques de l’horreur : « House of Whipcord » (1974), « Frightmare » (1974) et « House of Mortal Sin » (1976). « House of the Long Shadows » restera le dernier film de Pete Walker mais jamais il n’aura eu un tel budget (environ 7 millions de dollars), ni un tel casting !
Le scénariste Michael Armstrong, est également loin d’être un inconnu pour les fans des séries B anglaises des années 70. On lui doit les scénarios des sex comedies « Eskimo Nell » (1975) et « Adventures of a Private Eye » (1977), de plusieurs films d’horreur dont « The Haunted House of Horror » (qu’il réalise aussi en 1969) et du thriller « The Black Panther » (1977). Ici Michael Armstrong travaille sur une pièce à succès de l’anglais George M. Cohan qui a été adaptée par plusieurs fois à l’écran et dont il modifie largement le déroulé pour donner un ton horrifique – en s’inspirant du classique « The Old Dark House » (1932) – et pour pourvoir chacun des mythiques acteurs avec des rôles conséquents, sans compter l’ajout de nombreuses références cinéphiles.
Avec tout ce beau monde, « House of the Long Shadows » se devait de ne pas décevoir. Si on a reproché le double twist final (qui était dans la pièce), il faut dire qu’à mon goût le pari est largement réussi. Pete Walker remplit le cahier des charges avec quelques beaux moments d’horreur et une véritable tension, même s’il s’agit logiquement de son film le moins personnel. Les acteurs sont bien entendu excellents (à noter que Pete Walker rajoute au casting son actrice fétiche, Sheila Keith) et l’entrée en scène de chacun est délicieuse. Malheureusement on ne peut pas dire la même chose du couple central formé par Desi Arnaz Jr (l’écrivain) et Julie Peasgood (la secrétaire) qui sont un peu plats, ce qui ne pardonne pas surtout avec d’aussi grands acteurs avec eux.
La fin est un joli pied de nez qui fait parfois dire à certains qu’il s’agit d’une comédie horrifique. Mais le film jusqu’à ses dernières minutes affiche toutes les caractéristiques d’un film d’horreur classique, avec une touche de mystère à la Agatha Christie. Un peu « tongue in cheek » comme disent les Anglais, mais pour moi en tout cas, ce n’est pas un défaut !
Il faut savoir ne pas gâcher son plaisir. « House of the Long Shadows » est un très chouette film d’horreur gothique à l’ancienne. Même s’il n’est pas étonnant que le film n’ait pas trouvé son public à sa sortie, l’horreur avait bien changé de visage depuis les années glorieuses de la Hammer et d’Amicus, et les références ont dû tomber à plat chez beaucoup de spectateurs.
Le film est sorti en France dans un beau coffret Blu-ray DVD accompagné d’un livret instructif et d’un entretien avec le journaliste Laurent Akinin à qui on peut reprocher toutefois sa méconnaissance et son manque d’appréciation de l’oeuvre de Pete Walker !
Blu-ray/DVD/livret FR. Studio ESC, collection « British Terrors ». Version originale sous-titrée en français et version française. Bonus : livret de 16 pages, entretien et analyse de séquence de Laurent Aknin