Un remake d’un classique de la Gainsborough qui vaut bien mieux que sa triste réputation. Michael Winner est en forme tout comme Faye Dunaway, exquise en créature amorale
The Wicked Lady (1983)
(La dépravée)
Réalisé par Michael Winner
Ecrit par Leslie Arliss et Michael Winner d’après le roman de Magdalen King-Hall
Avec Faye Dunaway, Alan Bates, John Gielgud, Denholm Elliott, Glynis Barber, Oliver Tobias,…
Direction de la photographie : Jack Cardiff / Production design : John Blezard / Montage : Michael Winner (sous le pseudo d’Arnold Crust) / Musique : Tony Banks
Produit par Yoram Globus et Menahem Golan pour The Cannon Group
Aventures / Romance / Crime
108mn
UK / USA
Au XVIIe siècle, Caroline (Glynis Barber) est sur le point d’épouser Sir Ralph (Denholm Elliott) et invite sa meilleure amie Barbara (Faye Dunaway) pour être sa demoiselle d’honneur. Mais Barbara décide de séduire Sir Ralph quand elle voit qu’il a une belle propriété. Le jour même de son mariage avec Sir Ralph, Barbare tombe amoureuse de Kit (Oliver Tobias). Et quand la campagne finit par l’ennuyer, elle décide de pimenter sa vie en jouant les bandits de grands chemins en se faisant passer pour le célèbre criminel local Jerry Jackson (Alan Bates).
« The Wicked Lady » fait partie des films à gros budget produit par The Cannon Group au Royaume-Uni afin de dépasser son image de bons faiseurs de séries B d’action américaines. Malheureusement pour eux, Yoram Globus et Menahem Golan ont enchainés les bides tels « Sahara » (1983), « Lifeforce » (1985) ou encore « Superman IV » (1987). « The Wicked Lady » n’a pas failli à la règle.
Pourtant ce projet-ci semblait bien parti. Michael Winner est un réalisateur pas toujours apprécié par les critiques mais qui a triomphé à Hollywood avec « Death Wish » (1974). Un solide professionnel qui ici aborde les dirigeants de Cannon Group avec un projet original après avoir accepté de signer pour eux « Death Wish II » (1981). Winner souhaite faire un remake de l’un des mélodrames les plus flamboyants de Gainsborough, « The Wicked Lady » (1945). Et il réussit même à embarquer dans l’aventure la star américaine Faye Dunaway (Bonnie and Clyde, Puzzle of a Downfall Child, Chinatown, Eyes of Laura Mars,..).
Ce portrait d’une femme amorale prête à tout, même à tuer, pour son divertissement mais aussi par amour, reste un portrait des plus atypiques. On est loin du personnage féminin « pot de fleur » qui est ici incarné par la gentille de l’histoire, Caroline. Et comme près de 40 ans plus tôt, on adore aimer et detester Barbara.
Michael Winner introduit des bonnes doses de violence graphique et de nudité, forcément absents de l’original. Avec en point culminant la fameuse scène où Barbara se bat au fouet contre l’amante de Jackson qui est alors en train de se débattre au bout d’une corde. Résultat, le film est classé X et Michael Winner évite de peu que la scène soit écourtée pour la sortie en salles (elle le sera en fait pour la sortie en VHS !).
A sa sortie, « The Wicked Lady » est très mal accueilli, Faye Dunaway remporte un Razzie Award, on accuse Winner de déformer un chef d’oeuvre du cinéma britannique en optant pour une modernisation facile et de mauvais goût à coup de sexe et violence. Pourtant la version de Winner reste fidèle au film original. Les décors et costumes sont sublimes, la photographie est signée par l’immense Jack Cardiff et le casting impressionnant est à la hauteur, y compris Faye Dunaway !
Alors oui, Michael Winner tourne un peu l’histoire vers l’outrance, mais elle était déjà bien outrancière à l’origine. Avec son montage rapide et l’humour un peu plus premier degré, on pense parfois au « Tom Jones » (1963) réalisé par Tony Richardson. Si on est assez loin du chef d’oeuvre de Richardson, et du film original de 1945, à cause d’un manque flagrant de subtilité, en tout cas « The Wicked Lady » reste une belle fantaisie en costumes (et sans), tout à fait recommendable, avec des personnages hauts en couleur et un sacré casting !
Blu-ray US. Studio Lorber Films (Kino). Version originale avec des sous-titres optionnels en anglais