Review of: Tom Jones
Comédie:
Tony Richardson

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Rating:
4
On 10 février 2020
Last modified:25 juin 2024

Summary:

Une brillante farce et satire de l'Angleterre du XVIIIe par l'un des maîtres de la nouvelle vague britannique, Tony Richardson. Quatre Oscars et un triomphe public mérités !

Une brillante farce et satire de l’Angleterre du XVIIIe par l’un des maîtres de la nouvelle vague britannique, Tony Richardson. Quatre Oscars et un triomphe public mérités !

Tom Jones (1963)

(Tom Jones : de l’alcôve à la potence)

Réalisé par Tony Richardson

Ecrit par John Osborne d’après le roman de Henry Fielding

Avec Albert Finney, Susannah York, George Devine, David Warner, Hugh Griffith, Jack MacGowran, Edith Evans, Micheál MacLiammóir, Julian Glover, Joyce Redman,…

Directeur de la photographie : Walter Lassally / Production design : Ralph W. Brinton / Montage : Antony Gibbs / Musique : John Addison

Produit par Tony Richardson pour Woodfall Film Productions

Aventures / Comédie

120mn

UK

Dans la campagne anglaise du XVIIIe siècle, Tom Jones (Albert Finney) est un batard adopté par un riche propriétaire, le Seigneur Allworthy (George Devine). Adulte, Tom est devenu un beau jeune homme qui fait fondre le coeur de toutes les femmes et ne sait leur dire non. Pourtant il aime Sophie (Susannah York), fille d’un autre propriétaire terrien, le rustre mais riche Seigneur Western (Hugh Griffith). Malheureusement pour Tom, le neveu du Seingeur Allworthy, le perfide Blifil (David Warner) réussit à convaincre Allworthy d’expulser Tom. Ce dernier se retrouve sans le sous à Londres. Tout n’est cependant pas perdu car Sophie s’est enfuie de chez son père pour ne pas devenir la victime d’un mariage arrangé avec Blifil. Mais Sophie pardonnera-t-elle à Tom ses innombrables infédilités, les femmes arrêteront-elles de harceler sexuellement Tom et enfin Blifil finira-t-il par avoir sa peau ?

Après les drames sociaux sur la jeunesse rebelle qui ont fait le succès la nouvelle vague anglaise à partir de la fin des années 50, l’un de ses réalisateurs phares Tony Richarson décide avec le dramaturge John Osborne de s’éloigner considérablement de leur précédent film « Look Back in Anger » (1959). Cette fois-ci ils décident de s’amuser en signant une farce adaptée d’un classique de la littérature anglaise d’Henry Fielding et publié en… 1749.

Un changement abrupt et total de registre pourrait-on penser un peu hâtivement. Pourtant « Tom Jones » est à nouveau un film sur la jeunesse confrontée à la morale désuette et castratrice de leurs ainés. Que l’action se situe au XVIIIe siècle ne change pas finalement la donne tant que ça.

Bien sûr Tom Jones est un insouciant, loin des « angry young men » qui extérirorisent leur colère existentielle comme Jimmy Porter (Look Back in Anger), Colin Smith (The Loneliness of the Long Distance Runner) ou encore Frank Machin (This Sporting Life).

Non, de fait Tom Jones ressemble davantage à Arthur Seaton (Saturday Night and Sunday Morning). Tous deux se moquent des conventions et cherchent avant tout à profiter de la vie. Ce qui évidemment, vu le contexte moral de leur époque (que ce soit au XVIIIe siècle ou à la fin des années 50), fint par leur retomber sur le coin de la tronche. Finalement, il est assez logique qu’Arthur Seaton et Tom Jones soient incarnés à l’écran par le même acteur, Albert Finney !

A sa sortie, ce film inattendu de la part de Richardson et Osborne clive la critique anglaise qui ne s’attendait pas à une farce costumée ! Le public, tout comme la critique américaine, n’en ont que faire et font un triomphe à « Tom Jones ». Le film pulvérise le box office des deux côtés de l’Atlantique. Albert Finney y gagne sa première nomination aux Oscars (et surtout devient millionnaire pour avoir accepté 10% des bénéfices du film en échange d’un cachet minoré !) et le film remporte en 1964 les Oscars du meilleur film, du meilleur réalisateur, de la meilleure adaptation et de la meilleure musique !

Trop de succès finit évidemment par se retourner contre ceux qui en ont profité. Albert Finney refuse d’entrer dans le star system et il incarne l’année suivante un serial killer dans le sombre « Night Must Fall » (1964) pour Karel Reisz ! Tony Richardson cède aux appels d’Hollywood pour signer une comédie morbide souvent brillante mais incomprise qui se moque du business des pompes funèbres à Los Angeles (!) avec « The Loved One » (1965). Notons également que malgré ou peut-être à cause du succès de « Tom Jones », Finney et Richardson ont toujours émis des réserves sur celui-ci (Finney trouvait le rôle trop peu sérieux et dit s’être ennuyé sur le tournage, Richardson n’était pour sa part pas satisfait du montage et a sorti un « Director’s Cut » en 1989).

Il est de bon ton aujourd’hui de dire que « Tom Jones » a mal vieilli. Ses nombreux effets de réalisation (montage accéléré, rupture du 4e mur, farce surjouée, recours à un narrateur,…) seraient des effets de mode qui paraisseraient de nos jours vains et datés. N’en croyez rien, « Tom Jones » bénéficie d’une réalisation brillante, et demeure une farce intemporelle qui se moque des hypocrisies d’une époque certes lointaine mais qui trouve encore des échos aujourd’hui ! Le conservatisme et l’hypocrisie sont malheureusement toujours d’actualité !

Je n’ai qu’une chose à vous dire en guise de conclusion : « Tom Jones » for ever ! D’autant qu’Albert Finney (malgré ses réticences sur le rôle donc) et le reste du casting sont en grande forme ! Pourquoi bouder son plaisir ?

Je me dois toutefois d’apporter quelques précisions en post scriptum sur la disponibilité de « Tom Jones ». Aujourd’hui (en février 2020) pour regarder le film dans de bonnes conditions, il faut se diriger vers la version restaurée sous la direction du directeur de la photographie Walter Lassally, publiée aux US (le DVD/Blu-ray de chez Criterion) et au UK (le DVD/blu-ray du BFI). Les deux éditions (blu-ray seulement pour Criterion) proposent en plus le « Director’s Cut » de 1989 (Tony Richardson ayant décidé de retirer 7 minutes du film). Personnellement j’ai fait le choix de regarder cette version. Malheureusement en France, on a juste droit au vieux DVD MGM de 2003 avec la version de 63 et une image très moche ! C’est un scandale, donc si des sous-titres en anglais vous conviennent, n’achetez surtout pas la version MGM. Si vous ne pouvez pas regarder le film sans sous-titres français, il vaut mieux attendre une édition digne de ce nom.