Joanna Hogg livre un portrait de romance toxique en conservant son style personnel, exigeant pour le spectateur
The Souvenir (2019)
Ecrit et réalisé par Joanna Hogg
Avec Honor Swinton Byrne, Tom Burke, Tilda Swinton,…
Direction de la photographie : David Raedeker / Production design : Stéphane Collonge / Direction artistique : Pedro Moura / Montage : Helle le Fevre
Produit par Luke Schiller et Joanna Hogg
Drame / Romance
UK
Dans les années 80. Julie (Honor Swinton Byrne) est étudiante en cinéma et travaille sur un premier projet de long métrage. Lors d’une soirée, elle rencontre Anthony (Tom Burke) qui travaille pour le Foreign Office. Bientôt, Anthony emménage chez elle, mais son comportement étrange et son besoin constant d’argent inquiètent Julie. Quand un ami croit reconnaitre chez Anthony le comportement d’un drogué, Julie bascule entre des phases d’amour, de colère et de culpabilité. D’autant qu’elle est réduite à devoir demander de l’argent à sa mère (Tilda Swinton).
« The Souvenir » est le quatrième film de Joanna Hogg après « Unrelated » (2007), « Archipelago » (2010) et « Exhibition » (2013). Depuis son premier long, tourné alors qu’elle avait déjà 46 ans, Hogg ne change pas ou peu son style. Elle raconte des histoires intimes avec beaucoup d’ellipses, des dialogues apparemment mondains, exigeant du spectateur qu’il se pose toujours des questions pour combler les trous et les silences. C’est un cinéma parfois âpre, toujours exigeant, qui forcément peu agacer ou laisser de marbre de nombreux spectateurs.
En tant que critique, quand on voit ses films, il est difficile de ne pas citer Rohmer (qui est mentionné dans le film dans les discussions d’étudiants) mais aussi Derek Jarman (qui a été son mentor) et Mike Leigh (pour la précision psychologique).
Ici le côté semi-autobiographique de cette romance est assumé. Au leu de donner ses répliques à Honor Swinton Byrne qui incarne l’héroïne, Joanna Hogg lui a confié ses journaux personnels et lui a demandé de construire elle-même ses répliques.
Dans « The Souvenir », comme dans précédents films, le spectateur peut avoir tendance à juger qu’il ne passe rien, encore qu’il y ait toujours un point de départ et une fin bien déterminée. Ici on nous raconte l’histoire d’amour toxique entre Julie et Anthony. Et finalement, la réalisatrice nous donne presque plus d’éléments de compréhension que dans ses autres films et s’inscrit dans un genre bien défini, celui de la romance dramatique.
Au-delà de la romance, Johanna Hogg livre aussi une reflexion ouverte sur le processus de création d’un film. On sent cependant qu’elle a d’autres choses à dire, ce qui tombe bien car « The Souvenir part II » a été présenté à la quinzaine des réalisateurs de Cannes, quelques jours avant que j’écrive ces lignes. J’en publierai bien sûr une critique dès que possible.
Comme d’habitude, Hogg sait choisir ses acteurs. Ici elle n’a pas dû chercher loin en recrutant Honor Swinton Byrn qui est la fille de Tilda Swinton. Cette dernière figurait au générique de son film de fin d’études en 1986.
Julie est parfaitement interprétée par Honor Swinton Byrn, fille de l’actrice Tilda Swinton qui joue donc ici sa mère. Dans le rôle d’Anthony, l’Anglais Tom Burke (qui incarnait récemment Orson Welles dans « Mank ») est également excellent. Comme dans les précédents films de Hogg, la qualité de ses interprètes permet de faire passer beaucoup de silences.
Inclus dans le coffret Blu-ray FR « Intégrale Joanna Hogg-Une cinéaste Six Films ». Studio Condor Entertainment (2023). Version originale sous-titrée en français. Bonus : Livret de 44 pages, interviews,..