Review of: Archipelago
Drame:
Joanna Hogg

Reviewed by:
Rating:
3
On 19 avril 2021
Last modified:20 avril 2021

Summary:

Le deuxième film de Joanna Hogg laisse le spectateur deviner les histoires qui se cachent derrière ses personnages qui sont autant d'îles à la fois proches et si éloignées

Le deuxième film de Joanna Hogg laisse le spectateur deviner les histoires qui se cachent derrière ses personnages qui sont autant d’îles à la fois proches et si éloignées

Archipelago (2010)

Ecrit et réalisé par Joanna Hogg

Avec Tom Hiddleston, Kate Fahy, Amy Lloyd, Lydia Leonard, Christopher Baker,…

Direction de la photographie : Ed Rutherford / Production design : Stéphane Collonge / Montage : Helle le Fevre

Produit par Gayle Griffiths

Drame

114mn

UK

Edward (Tom Hiddleston)  rejoint sa mère Patricia (Kate Fahy) et sa soeur Cynthia (Lydia Leonard) dans une maison de vacances sur les îles Scilly au large de la Cornouaille britannique. Patricia souhaite réunir la famille avant qu’Edward ne parte pour onze mois en Afrique comme bénévole pour lutter contre le sida. Seul absent, le père qui tarde à arriver. Les tensions entre Edward, l’idéaliste et Cynthia, la psychorigide. Tensions qui cachent des fissures que trop visibles.

Pour son deuxième long métrage dont elle signe encore le scénario et la réalisation, Joanna Hogg reste dans la même veine. Une histoire de famille, faite d’absences et de silences, de manque d’amour qui éclate durant des vacances, cette période où on l’on se réunit entre proches pour le meilleur et le pire.

La Toscane de « Unrelated » (2007) fait place aux îles anglaises de Scilly, l’ombre qui pèse n’est plus celle du mari qui a décidé de ne pas venir mais celle du père démissionnaire qui ne viendra pas. Joanna Hogg refait appel ici à Tom Hiddleston qui incarnait dans « Unrelated » un jeune homme insolent en opposition frontale contre son père. Ici il est un jeune homme effacé, réservé qui doute de son choix de vie, et de ses implications.

Joanna Hogg n’a pas changé d’un iota ses méthodes de narration et de mise en scène. Aucune contextualisation, il revient au spectateur de deviner les rapports existant entre les personnages au détour d’un regard et d’un bout de dialogue. La caméra, toujours fixe, capture des tableaux remplis de silences, d’hésitations, de phrases inachevées. Le spectateur est témoin de scènes où le non dit est finalement plus important que ce qui est dit.

« Archipelago » repose beaucoup sur les talents de ses acteurs pour faire passer les émotions au spectateur. Ce qui est d’autant plus compliqué que les personnages de Hogg évoluent dans un univers feutré, celui des classes aisées britanniques où il n’est pas de bon ton d’épancher ses émotions en public. Mais, bien entendu à force de tanguer, le bateau finit par prendre l’eau. Ironiquement, les deux étrangers, la cuisinière Rose et le professeur de peinture Christopher vont bien entendu prendre de plein fouet cette tension cumulée tout en tentant de préserver leurs distances et leur neutralité afin de ne pas devoir s’échouer contre les rochers.

La rétention forcée des émotions ne peut empêcher le flux et reflux de celles-ci. C’est une idée centrale chez Joanna Hogg, L’art du non dit, de l’humour glacial et de l’ellipse peut agacer, tout comme dans son premier film. Ne vous attendez pas à des réponses, ce sera à vous en tant que spectateur de reconstituer le puzzle sachant qu’à l’écran on ne vous en a montré que quelques pièces.

DVD zone 2 UK. Studio The Artificial Eye. Version originale sans sous-titres.