Un film sur la convoitise basé sur la célèbre nouvelle de Pouchkine. Des images sublimes et un casting hors pair
The Queen of Spades (1949)
(La reine des cartes)
Réalisé par Thorold Dickinson
Ecrit par Rodney Ackland et Arthur Boys d’après la nouvelle d’Alexander Pushkin
Avec Anton Walbrook, Edith Evans, Yvonne Mitchell, Pauline Tennant,…
Direction de la photographie : Otto Heller / Direction artistique : William Kellner / Montage : Hazel Wilkinson / Musique : Georges Auric
Produit par Anatole de Grunwald
Drame / Fantastique
UK
Saint Petersbourg, première moitié du XIXe siècle. Herman Suvorin (Anton Walbrook) est capitaine du génie dans l’armée russe. Frustré de son manque d’avancement par rapport à tous ses camarades bien nés, Herman rêve de se venger en faisant fortune aux cartes. Il découvre dans un livre qu’une certaine comtesse Pauline Ranevskaya (Edith Evans) a obtenu le secret pour gagner aux cartes en échange de son âme. Alors il fait tout pour l’approcher et décide de séduire sa jeune protégée Lizaveta Ivanova (Yvonne Mitchell).
Adapté d’une nouvelle du célèbre poète russe Alexandre Pouchkine publiée en 1834, « The Queen of Spades » est un conte fantastique sur un homme frustré jusqu’à l’obsession par son manque d’opportunités dues selon lui à sa naissance. A aucun moment le personnage de Suvorin n’est sympathique sauf au tout début il où il est victime de l’agressivité d’un officier qui l’accuse de les espionner. Mais d’opprimé il devient rapidement manipulateur et n’hésite pas à trahir l’amitié d’un autre officier ou de singer la passion avec une jeune femme déjà fragilisée par l’oppression d’une veille femme acariâtre, la fameuse comtesse qui à la fin de sa vie a peur de la mort et de ce qui l’attend.
« The Queen of Spades » est un conte cruel sur l’envie, la convoitise, la cupidité, et ce ces sentiments font faire aux hommes (et aux femmes). Le conte vire légèrement vers le fantastique et l’horreur (mais on peut tout à fait rester sur l’approche réaliste, la lecture fantastique n’est jamais imposée). Magnifié par des images sublimes et interprété par un casting hors pair, le film construit une ambiance morbide très réussie.
Peu prolixe avec seulement une petite dizaine de films à son actifs, le réalisateur Thorold Dickinson, originaire de Bristol, a réalisé une poignée de films remarquables dont le très beau « Gaslight » (1940). Ici il est secondé par le grand directeur de la photographie Otto Heller (The Ladykillers, Peeping Tom) qui sublime le noir et blanc.
Dans « The Queen of Spades », il retrouve donc l’acteur d’origine autrichienne Anton Walbrook qu’il avait fait tourné dans « Gaslight » et qu’on avait également vu chez Powell dans « 49th Parallel » (1941), « The Life and Death of Colonel Blimp » (1943) et « The Red Shoes » (1948). Alors seulement âgée de 61 ans, la grande Edith Evans (« The Whisperers« ), avan tout une femme de théâtre qui revient sur les écrans après 30 ans d’absence (!), joue avec beaucoup de conviction une comtesse au bord du précipice. Dans le rôle de sa protégée, on découvre Yvonne Mitchell dans son premier rôle crédité à l’écran. On la reverra par la suite dans « Sapphire » et « Tiger Bay » (tous deux en 1959) mais surtout le fameux « Woman in a Dressing Gown » (1957).
« The Queen of Spades » n’est pas disponible sur support DVD et Blu-ray en France, il faut donc se tourner vers l’Angleterre où Optimum Home Releasing a sorti un DVD du film en 2010 (sans sous-titres). Allez, ce film vaut bien mieux que ça !
DVD zone 2 UK. Studio Optimum Home Releasing (2010). Version originale sans sous-titres.