Timothy Dalton remplace Roger Moore dans le rôle du célèbre agent secret britannique. Changement dans la continuité ou retour aux sources ? 

The Living Daylights (1987)

(Tuer n’est pas jouer)

Réalisé par John Glen

Ecrit par Richard Maibaum et Michael G. Wilson d’après Ian Fleming

Avec Timothy Dalton, Maryam d’Abo, Jeroen Krabbé, Joe Don Baker, John Rhys-Davies, Geoffrey Keen, Desmond Llewelyn, Robert Brown, Caroline Bliss,…

Direction de la photographie : Alec Mills / Production design : Peter Lamont / Montage : Peter Davies et John Grover / Musique : John. Barry

Produit par Albert R. Broccoli et Michael G. Wilson pour Eon Productions

Thriller / Aventures

130mn

UK / USA

Tout change, mais rien ne change ? A première vue, tel aurait pu être le titre de ce « The Living Daylights ». Soit, ce qui change est très visible. Roger Moore a raccroché le costume de 007 avec « A View to a Kill » en 1985. Deux ans plus tard, Timothy Dalton enfile le tuxedo et devient le 4e acteur à incarner l’espion britannique. Un changement majeur, on est bien d’accord et on en reparlera. Mais sinon, le réalisateur, les scénaristes et les acteurs secondaires (Q, M, le ministre de l’intérieur) sont inchangés… sauf pour Moneymiss, la secrétaire à lunettes favorite de Bond, qui prend un coup de jeune avec Caroline Bliss (26 ans). Pour ce qui est de la célèbre chanson de générique, c’est le boys band norvégien de New Wave Ah-ah qui remplace un autre boys band de New Wave, les Anglais de Duran-Duran.

De l’action, des cascades, des explosions, des gadgets, des filles sexy, des touches d’humour (la démonstration par Q du « Gehtto Blaster » !), un tour du monde (Gibraltar, la RDA, l’Angleterre, la Slovaquie, Vienne, Tanger, l’Afghanistan), le KGB et la CIA sont de la partie… On est  bien dans un James Bond.

Mais voilà, changez de 007 et tout change. Adieu le charme décontracté de Roger Moore, le haussement de sourcil amusé voire coquin selon les situations. Le James Bond de Timothy Dalton fronce les sourcils, l’air grave, pousse un soupire ou affiche un sourire pincé quand il est agacé par ses collègues et supérieurs. Comme le dit l’affiche, ce Bond est dangereux. Enfin, il est surtout sérieux, voire blasé.

Dalton est avant tout un homme de théâtre. Mais il démarre fort sur grand écran avec des films historiques (« The Lion in Winter », « Cromwell« , « Mary, Queen of Scotts ») et il incarne Heathcliff dans le « Wuthering Heights » (1970) de Robert Fuest. A priori, à part son physique, rien ne le prédispose à incarner 007 sinon sa participation à un thriller au titre très bondesque « Permission to Kill » (1975).

Pourtant il a été approché pour le rôle dès 1971 alors qu’il n’avait que 25 ans (il se trouve alors trop jeune pour endosser le costume de 007 et ne sent pas de taille pour succéder à Sean Connery) puis à nouveau en 1979 ou 1980 (mais il ne prend pas l’offre au sérieux). Pas découragés, les producteurs lui proposent à nouveau le rôle après la retraite de Roger Moore en 1985 mais Dalton est déjà retenu par un autre film et demande aux producteurs de décaler le tournage de six semaines. Refus des producteurs qui se tournent vers Pierce Brosnan… mais ce dernier est retenu par la série « Remington Steele », Entre temps, le film que Dalton devait tourner est annulé et il est prêt à tourner aux dates prévues !

Mais quand je dis que rien ne change… Richard Maibaum et Michael G. Wilson ont pondu un scénario bien différent de « A View to a Kill ». Ici pas de grand méchant psychopathe avec des plans de destruction massive, juste des marchants d’arme opportunistes qui détournent les fonds de l’Unison soviétique et s’en prennent aux agents 00 pour faire diversion. Ou pas d’ailleurs. Et, loin de courir les jupons, notre Bond est obsédé par une violoncelliste Kara (interprétée par la charmante Maryam d’Abo). Bref, on est dans un James Bond sérieux comme Timothy Dalton. Du sur-mesure !

On pourra reprocher à ce James Bond de se prendre un peu trop au sérieux à force de vouloir jouer le contre-pied des précédents opus, et quelques grosses longueurs.

Pour les producteurs de James Bond (dont le co-scénariste Michael G. Wilson), le pari du back-to-basics a été payant. « The Living Daylights » a rapporté plus d’argent que les précédents opus menés par Roger Moore. Et Timothy Dalton reprendra le rôle à peine deux ans plus tard dans « Licence to Kill » (1989).