« The L Shaped Room » est tout d’abord un superbe portrait de femme indépendante, magnifiquement campé par Leslie Caron, découverte dans « Un Américain à Paris ».
The L-Shaped Room (1962)
(La chambre indiscrète)
Réalisé par Bryan Forbes
Ecrit par Bryan Forbes d’après le roman de Lynne Reid Banks
Avec Leslie Caron, Anthony Booth, Avis Bunnage,…
Directeur de la photographie : Douglas Slocombe
Produit par Richard Attenborough et James Woolf
126 mn
Drame social
UK
Jane, une jeune française qui pense être enceinte, erre dans les rues de Londres à la recherche d’un logement. Désespérée, elle finit par prendre une chambre au dernier étage d’une pension délabrée. Elle va y rencontrer des cafards mais aussi des voisins en marge de la société : deux prostituées sur le retour, un écrivain raté, une retraitée du show-biz lesbienne, un noir musicien de jazz,…
Chez le docteur, elle est choquée par le moralisme du praticien qui considère d’emblée qu’elle n’a que deux options possibles : épouser le père ou avorter.
Elle se rend rapidement compte que même ses voisins, devenus amis, ont également des réactions très conservatrices, dès qu’ils apprennent la nouvelle. Toutes ces réactions la poussent au contraire à envisager très sérieusement de garder l’enfant… envers et contre tous.
« The L Shaped Room » est tout d’abord un superbe portrait de femme indépendante, magnifiquement campé par Leslie Caron, ancienne danseuse de ballet qui a débuté sa carrière cinématographique auprès de Gene Kelly dans « Un américain à Paris » (1951). Pour ce film, Leslie Caron recevra le BAFTA et le Golden Globe de la meilleure actrice.
Jane est entourée d’excentriques attachants mais finalement aussi confis de moralisme que la seule figure bourgeoise du film (le docteur). « The L Shaped Room » dresse un portrait peu amène de la société anglaise du début des années 60. En ce début de décennie de la coolitude britannique, on est très loin du Swinging London. D’ailleurs de Londres, on voit assez peu d’images (et pas toujours très flatteuses). Le seul moment de vraie liberté entre Jane et Toby se déroule à Hyde Park, mais il est rapidement interrompu par une surveillante de parc aux allures de gardienne de prison qui les accuse d’obscénité.
Le film se déroule essentiellement dans les espaces confinés des chambres et les couloirs de la pension, ce qui renforce le sentiment de mise à l’écart de la société.
Nous sommes plus ici dans la tradition du « kitchen sink drama », ce mouvement cinématographique qui s’intéresse aux couches les plus défavorisées de la société britannique et dont les fers de lance ont été « Look back in Anger » et « Room at the top » en 1959.
L’excellent réalisateur Bryan Forbes signait ici son second film après « Whistle down the wind » et juste avant l’énigmatique « Seance on a wet afternoon » (avec son ami Richard Attenborough dans le rôle principal. Ce dernier est également co-producteur de « The L-Shaped Room »).
La superbe photographie en noir et blanc est dirigée par l’un des plus grands directeurs de la photographie : Douglas Slocombe, qui travaillera l’année suivante sur « The Servant » de Joseph Losey. Il a travaillé avec nombre des réalisateurs les plus talentueux du monde : Roman Polanski (« Le bal des vampires », 1967), Ken Russel (« The music lovers », 1970), Jack Clayton (« Gatsby le magnifique », 1974) ou encore Steven Spielberg (les trois premiers Indiana Jones).
DVD Optimum Home Releasing. Edition anglaise. Audio en Anglais. Pas de sous titres.