Joanna Hogg revient avec une dissection des relations mère/fille, portée par une Tilda Swinton impériale et une ambiance mystérieuse qui emprunte aux codes de l’horreur

The Eternal Daughter (2022)

Ecrit et réalisé par Joanna Hogg

Avec Tilda Swinton, Carly-Sophia Davies, Joseph Mydell,…

Direction de la photographie : Ed Rutherford / Production design : Stéphane Collonge / Direction artistique : Byron Broadbent / Montage : Helle le Fevre

Produit par Ed Guiney, Joanna Hogg, Andrew Lowe et Emma Norton pour Element Pictures, BBC Films et A24

Drame

96mn

UK / USA

Depuis « Unrelated » en 2007, la londonienne Johanna Hogg poursuit dans une veine singulière, atypique et parfois déconcertante pour le spectateur. Sa voix particulière a néanmoins attiré l’intérêt de nombreux critiques et cinéphiles, dont un certain Martin Scorsese qui ici encore agit en tant que producteur exécutif après « The Souvenir » (2019) et « The Souvenir, part II » (2021).

Même si elle insère des éléments de genre (le thriller dans « The Souvenir ») et ici un climat mystérieux qui reprend des codes du film d’horreur, Johanna Hogg persiste et signe dans le drame intimiste où les silences et non-dits comptent autant que ce qui se passe à l’écran.

Dans « The Souvenir », Honor Swinton Byrne incarnait Julie, le rôle d’une étudiante de cinéma (un double de Hogg durant sa jeunesse), et sa mère Rosalind dans la vraie vie Tilda Swinton interprétait sa mère à l’écran. Cette fois-ci Tilda Swinton joue à la fois la fille Julie et la mère Rosalind. Car « The Eternal Daughter » aurait bien pu s’appeler « The Souvenir part III ».

Etudiante de cinéma dans « The Souvenir », Julie est aujourd’hui une femme de la cinquantaine, mariée et réalisatrice. Elle décide de faire un séjour avec sa mère dans un hotel isolé, dans lequel cette dernière a vécu autrefois. L’occasion de revenir sur le passé de Rosalind alors que sa fille prépare un documentaire sur leur relation.

Joanna Hogg nous plonge dans une histoire un peu mystérieuse, avec une ambiance fantomatique, qui est surtout l’occasion d’une dissection des rapports mère-fille. Le recours aux codes de l’horreur (vieux manoir isolé, scènes de nuit plongées dans le brouillard, musique tendue,…) marche plutôt bien (même s’il manque de subtilité) et a pour but apparent de mettre en exergue le fait que pour Julie sa mère reste un être mystérieux dont le passé est flou. Situation douloureuse pour Julie, femme sans enfant, qui reporte ses instincts maternels sur sa mère, la seule famille qu’il lui reste.

« The Eternal Daughter » perd un peu en subtilité par rapport à aux précédents films de Hogg et est également plus limité au niveau des thématiques abordées. Par contre on ne peut que saluer la prestation de Tilda Swinton, comme toujours parfaite.

Présenté au 26e festival Ecrans Britanniques. Sortie française le 22 mars 2023

Inclus dans le coffret Blu-ray FR « Intégrale Joanna Hogg-Une cinéaste Six Films ». Studio Condor Entertainment (2023). Version originale sous-titrée en français. Bonus : Livret de 44 pages, interviews,..