Quatrième adaptation des aventures criminelles de Burke et Hare, le film penche vers le drame historique, filmé avec rigueur par Freddie Francis et profitant d’un beau casting

The Doctor and the Devils (1985)

(Le docteur et les assassins)

Réalisé par Freddie Francis

Ecrit par Ronald Harwood d’après le scénario de Dylan Thomas

Avec Timothy Dalton, Jonathan Pryce, Stephen Rea, Julian Sands, Twiggy, Beryl Reid,…

Direction de la photographie : Gerry Turpin et Norman Warwick / Production design : Robert W. Laing / Direction artistique : Brian Ackland-Snow / Montage : Laurence Méry-Clark / Musique : John Morris

Produit par Jonathan Sanger pour Brooksfilms et Twentieth Century Fox

Tourné à Lee International Studios

Crime

93mn

UK / USA

Durant la période victorienne, le Dr Rock (Timothy Dalton) est un brillant anatomiste qui enseigne avec passion dans son académie la matière pour lui la plus importante de la médecine, devant le regard admiratif de son assistant Dr Murray (Julian Sands). Dans les quartiers pauvres de la ville, deux bons à rien alcooliques Fallon (Jonathan Pryce) et Broom (Stephen Rea) décident de suivre des individus qui se pavanent en ville avec de l’argent. Ce sont des déterreurs de cadavres. Ils subtilisent le corps qu’ils ont déterré et le ramènent au Dr Rock. Ce dernier voyant la marchandise qui leur ai ramené se plaint de la fraicheur des corps qu’on leur ramène. Devinant le filon, Fallon et Broom deviennent bientôt les principaux fournisseurs du Dr Rock, apportant toujours des cadavres frais. Et pour cause.

Après « “The Greed of William Hart“ (1948), “The Flesh and the Fiends“ (1960), « Burke & Hare » (1972), voici la quatrième production cinématographique d’importance qui se penche sur les crimes des deux plus célèbres trafiquants de cadavre, Burke et Hare qui ont commis 16 crimes à Edinburgh entre 1823 et 1827 pour fournir en cadavre le Dr Knox.

D’emblée, « The Doctors and the Devils » décide de se détacher de l’histoire originale en changeant les noms et en ne situant pas l’action nommément dans la ville d’Edinburgh. Pourtant cette adaptation n’est pas plus ni moins fidèle à l’histoire que les trois précédentes adaptations.

Comme le film de 1960 avec Peter Cushing, cette nouvelle adaptation s’intéresse plus au cas du Dr Knox (ici le Dr Rock donc), complice de fait de nos trafiquants de cadavre en fermant les yeux sur la provenance de ses précieux corps. Car le Dr Rock se soulève publiquement contre la loi qui l’oblige à ne pratiquer son métier que sur des corps de pendus. Ce n’est pas assez pour faire progresser sa science, et donc la médecine et la santé de l’humanité. Car oui, le Dr Rock est un humaniste qui décide que le bien de l’humanité nécessite parfois quelques sacrifices.

Si le Dr Rock est proche du Dr Knox de Peter Cushing, cette fois-ci il est interprété par un. acteur plus jeune (Timothy Dalton qui pour son film suivant incarnera un certain James Bond) et son problème avec son oeil gauche (représenté dans les précédents films) est ici écarté. Par contre, on lui donne pour la première fois une soeur et une femme (ce qui correspond plus à la réalité historique).

Contrairement au film de 1972 mais en conformité avec les deux précédentes adaptations de 1948 et 1960, Fallon et Broom sont des personnages monstrueux, alcooliques et violents (particulièrement Fallon, celui qui s’occupe de faire passer de vie à trépas les victimes). Le duo est très bien interprété par deux acteurs de talent, Jonathan Pryce (qui la même année est à l’écran dans « Brazil« ) et  Stephen Rea (qu’on avait déjà vu dans « Angel » de Neil Jordan).

Le casting est l’une de belles réussites de « The Doctor and the devils » avec en outre au générique l’icône du swinging London, Twiggy, et Julian Sands qui est également à l’écran en 1985 dans « A Room with a View« .

Le grand directeur de la photographie Freddie Francis, passé à la réalisation dès 1960, souvent pour des films d’horreur, signe ici une mise en scène plus sage qu’à l’habitude. D’ailleurs ce « The Doctor and the devils » ne passe jamais le cap de l’horrifique et préfère être un drame historique, avec une reconstitution particulièrement sale des quartiers populaires du début du XIXe siècle et de leur faune. On a parfois l’impression d’être dans un western des années 70. Face à cette saleté et cette pauvreté, le Dr Rock est comme un phare qui balaie l’obscurantisme et la maladie avec un espoir de progrès. Mais à quel prix ?

A noter que « The Doctor and the devils » est produit par Brooksfilms, la société de production de Mel Brooks qui avait déjà produit cinq ans plus tôt un certain « Elephant Man » (1980) dont la photographie était assurée justement par Freddie Francis. Le scénario du film a aussi sa petite histoire. La première version datait des années 40 et est due au poète gallois Dylan Thomas. Il a été achevé une trentaine d’années plus tard par le scénariste sud africain installé en Angleterre, Ronald Harwood qui sera oscarisé pour « The Pianist » (2002).