Film pré-apocalyptique au ton adulte et l’un des meilleurs films de SF des années 60

The Day the Earth Caught Fire (1961)

(Le jour où la Terre prit feu)

Réalisé par Val Guest

Ecrit par Wolf Mankowitz et Val Guest

Avec Edward Judd, Janet Munro, Leo McKern, Arthur Christiansen,…

Direction de la photographie : Harry Waxman

Produit par Val Guest

Science-Fiction / Drame / Romance

Tourné aux studios de Shepperton

99mn

UK

Journaliste,  Peter Stenning (Edward Judd) erre dans les rues désertes de Londres. Une fois arrivé à son bureau, il décide de raconter les événements qui ont commencé 90 jours auparavant.

Les Russes et les Américains ont provoqué un désastre écologique majeur en effectuant chacun de leur côté en simultané un essai nucléaire. Les températures montent et les catastrophes naturelles s’enchainent (oui Val Guest a anticipé le réchauffement de la planète – même si autant le dire tout de suite le scénario n’est absolument pas réaliste au niveau scientifique).

Peter Stenning, ancien journaliste star de son magazine, désormais dévoré par l’alcoolisme après un divorce difficile (qui l’empêche de voir son fils), fait penser aux Angry Young Men qui alors prennent d’assaut le cinéma britannique. Pris d’une certaine douleur existentielle qui se traduit par une fureur qu’il a du mal à tenir et qui in fine se retourne contre lui-même dans une course effrénée vers l’auto destruction. A la rédaction, seul Bill (fantastique Leo McKern), vieux de la vielle, journaliste scientifique blasé, protège contre vents et marées Peter.

Il faudra la rencontre avec une jeune femme et une menace de fin du monde, pour que Stenning ne finisse par se ressaisir.

L’une des originalités de « The Day the Earth Caught Fire » est de s’intéresser non au monde post apocalyptique (que deviendra-t-il de la race humaine une fois que la catastrophe a eu lieu) mais à ce qui a possiblement amené à son auto-destruction. Il se veut également plus adulte que la moyenne des films de SF, avec des sous-entendus sexuels et un peu de nudité de l’actrice principale (Janet Munro qui sortait alors d’un deal avec Walt Disney pour cinq films familiaux).

Ce n’est pas la première fois que le réalisateur Val Guest touchait à la Science-fiction. Il avait déjà signé deux très belles réussites du genre avec « The Quatermass Experiment » (1955) et « Quatermass 2 » (1957) pour la Hammer. Mais si Quatermass était adapté d’un serial à succès de la BBC, « The Day the Earth Caught Fire » est lui tiré d’un scénario original dont Guest a écrit une première version dès 1954. Mais à l’époque personne ne voulait financer un film sur le risque nucléaire. C’est le succès en 1959 du film américain « Off the Beach » de Stanley Kramer qui permit enfin au projet d’aller de l’avant.

« The Day the Earth Caught » est aussi un très bon témoignage de la vie d’une rédaction au début des années 60, une époque où la presse était encore vue comme un véritable contre-pouvoir alors que la guerre froide et les essais nucléaires entamaient la confiance de la population dans la classe politique. Là aussi par soucis de réalisme et dans une approche quasi documentaire, Guest tourne dans Fleet Street, dans les bureaux de Daily Express (tabloïd conservateur britannique fondé en 1900) même si la salle de rédaction est reconstruire à l’identique aux studios de Shepperton, et choisit l’un de ses anciens rédacteur en chef, Arthur Christiansen, pour piloter la rédaction du film (un choix malheureusement pas très avisé car Christiansen fait tâche parmi un casting autrement impeccable).

Comme dans l’excellent film de guerre « Yesterday’s Enemy » (1959), Guest met la musique d’ambiance au minimum pour renforcer le réalisme et l’immersion dramatique. De même, le réalisateur choisit de ne pas utiliser de générique de fin, juste un écran noir. Les séquences tournées dans les dernières jours du drame sont teintées en orange ce qui se révèle être une bonne idée (bien qu’à l’époque déjà rétro – et pour cette raison le teintage a été supprimé de nombreuses copies).

« The Day the Earth Caught Fire » est un film de SF efficace et fort recommandable. Le British Film Institute nous a gratifié d’une superbe édition BR/DVD avec une copie restaurée 4K et de très nombreux bonus. Un must-have.

DVD/Blu-ray. Studio BFI. Version originale sous-titrée en anglais. Bonus : livret de 30 pages, documentaire, interviews,…