Quatre jeunes sur le banc des accusés pour meurtre. Un film réussi sur la jeunesse défavorisée des années 60. Les sixties ne swinguent pas pour tous !

The Boys (1962)

Réalisé par Sidney J. Furie

Ecrit par Stuart Douglass

Avec Richard Todd, Robert Morley, Dudley Sutton, Ronald Lacey, Tony Garnett, Jess Conrad, Roy Kinnear, Patrick Magee, Carol White, Patrick Newell,…

Direction de la photographie : Gerald Gibbs / Direction artistique : John Earl / Montage : Jack Slade / Musique : The Shadows et Bill McGuffie

Produit par Sidney J. Furie

Crime / Drame

120mn

UK

Quatre jeunes hommes Stan (Dudley Sutton), Billy (Ronald Lacey), Ginger (Tony Garnett) et Barney ( Jess Conrad) se retrouvent devant le tribunal, inculpés pour meurtre. Les témoins de l’accusation décrivent quatre vauriens, des « Teddy Boys » qui sèment la terreur dans tout Londres avec pour plan d’aller braquer un garage.  Que s’est-il vraiment passé ? Sont-ils vraiment coupables ?

« The Boys » se déroule en bonne partie dans le tribunal, ce qui aurait pu le rendre rébarbatif, mais heureusement les témoignages de chacun des témoins et inculpés sont illustrés par des flashbacks, et après avoir eu la version des témoins, nous aurons droit aux versions quelque peu différentes des accusés, ce qui donne l’occasion de revoir des scènes avec des altérations intéressantes.

Les séquences d’extérieur sont réussies et donnent un aperçu de la vie nocturne londonienne au début des années 60 mais aussi du cadre social dans lequel évoluent les inculpés. Issus de famille modeste, nous faisons la connaissance de leurs familles et découvrons des logements insalubres. Quand ils sortent ensemble, ils comptent les pièces tout en rêvant de gagner de l’argent et de sortir avec des filles. Mais ils sont victimes d’un véritable racisme social et sont catalogués d’emblée comme de potentiels délinquants. Et la sortie entre amis tourne rapidement au fiasco.

« The Boys » décrit avec un véritable effort de réalisme l’expérience de ces jeunes et le fossé générationnel et social au début des années 60. Les sixites ne swinguent pas pour tout le monde ! Les scènes de tribunal sont parfois un peu longues et pas toujours convaincantes (l’avocat de la défense est un sacré abruti) mais le film se garde de toute simplification, comme on le voit trop souvent dans certains films sur la jeunesse dès qu’on traite le sujet de la délinquance. Dans un effort similaire par exemple, « Violent Playground » (1958) était nettement moins convaincant.

Le film est basé sur un scénario orignal de Stuart Douglass, scénariste télé (il avait déjà participé à la fameuse anthologie d’ITV « Armchair Theatre ») et dont c’est le seul effort pour le grand écran.

La réalisation est signée par le Canadien Sidney J. Furie alors installé au UK depuis son troisième film « During One Night » (1960). Il enchaîne avec deux petits films d’horreur puis une comédie avant de signer d’affilée quatre films mettant en scène la jeunesse britannique : les comédies musicales pour Cliff Richards « The Young Ones » (1961) et « Wonderful Life » (1964) mais surtout deux films sur la jeunesse qui fait peur, celle des Teddy Boys dans « The Boys » (1962) et des bikers dans « The Leather Boys » (1964) traités avec un regard réaliste et une conscience sociale qui les rapprochent du kitchen skink drama.

A noter que Sidney J. Furie signera son chef-d’oeuvre l’année suivante dans un genre très différent avec l’exceptionnel « The Ipcress FIle » (1965).

Enfin, le film bénéficie d’un excellent casting. De Richard Tood en procureur à Robert Morley en avocat ou encore notre quatuor de « Teddy Boys » qui aura une belle carrière sur les écrans : Dudley Sutton (158 crédits au cinéma et à la télévision), Ronald Lacey (l’officier nazi dans « Raiders of the Lost Ark » en 1981), un certain Tony Garnett (qui produira entre autres « Kes » de Ken Loach sept ans plus tard !) ou encore le moins connu Jess Conrad (mais qui a quand même joué dans l’inénarrable « Konga » l’année précédente !!). Puis dans des petits rôles : Roy Kinnear, Patrick Magee ou encore Carol White !

Le film est étonnament disponible sur le marché français grâce à l’éditeur Doriane Films qui l’a sorti dans sa fabuleuse collection « Typiquement British » qui n’est pas avare de perles rares. On peut néanmoins regretter l’absence de tout bonus, mais également une copie très pixelisée. C’est dommage, néanmoins ça ne doit pas vous empêcher de découvrir ce beau film.

DVD zone 2 FR. Studio Doriane Films (2019) collection « Typiquement British ». Version originale avec sous-titres français optionnels.