Thriller:
J. Lee Thompson

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Rating:
4
On 23 août 2022
Last modified:31 août 2022

Summary:

Un excellent film noir réalisé par J. Lee Thompson qui bénéficie notamment d'une belle photographie et d'un quatuor d'acteurs hors-pair

Un excellent film noir réalisé par J. Lee Thompson qui bénéficie notamment d’une belle photographie et d’un quatuor d’acteurs hors-pair

Return from the Ashes (1965)

Réalisé par J. Lee Thompson

Ecrit par Julius J. Epstein d’après le roman d’Hubert Monteilhet

Avec Maximilian Schell, Ingrid Thulin, Samantha Eggar, Herbert Lom,…

Direction de la photographie : Christopher Challis / Production design : Michael Stringer / Montage : Russell Lloyd / Musique : John Dankworth

Produit par J. Lee Thompson pour Orchard Productions et The Mirisch Corporation

Crime / Thriller

105mn

UK / USA

Brillante docteure à Paris durant les années 40, Michelle Wolf (Ingrid Thulin) est arrêtée par les Nazis le jour de son mariage avec Stanislaus Pilgrin (Maximilian Schell), un joueur d’échec polonais qu’elle a sorti de la pauvreté. Quelques années plus tard, alors que tout le monde croit qu’elle est morte dans un camp de concentration, Michelle réapparait à Paris. Au début son ami et collègue le Dr Bovard (Herbert Lom) peine à la reconnaitre. Michelle refuse de se montrer devant son mari et entreprend une série d’opérations pour effacer les stigmates des camps. Mais un jour sa belle fille Fabi (Samantha Eggar) la croise dans les rues et alerte Stanislaus, devenu son amant, qu’elle a croisé un sosie de sa belle mère. Fabi veut utiliser la ressemblance de l’inconnue pour pouvoir accéder à l’héritage de Michelle, disparue mais dont le décès n’est pas reconnu par les autorités.

« Return from the Ashes » marque le retour du réalisateur polymorphe J. Lee Thomson au thriller. Un style où il excelle et qui lui a valu de superbes réussites comme « The Yellow Balloon » (1953), « Yield to the Night » (1956) ou encore « Tiger Bay » (1959) en Angleterre et « Cape Fear » (1962) aux USA.

Le scénario est signé de l’Américain Julius J. Epstein (l’un des trois scénaristes à avoir co-signé le classique « Casablanca »). Il adapte ici un roman du Français Hubert Monteilhet (« Le Retour des cendres »,1962). Monteilhet a signé de nombreux polars et romans historiques. Ecrivain catholique, il n’est pas considéré comme un moralisateur, mais le personnage de Stanislaus Pilgrin justifie son absence de morale en citant « Les Frères Karamazov » de Dostoïevski : « S’il n’y pas de Dieu, pas de diable, ni de paradis et d’enfer, alors tout est permis ». Tout est permis donc, mais jusqu’à quel point ?

Michelle n’est pas dupe. Elle sait que Stanislaus est avec elle juste pour l’argent. Chacun trouve un bénéfice dans la relation et ça convient aux deux amants. En outre, alors qu’en tant que juive Michelle commence à être inquiétée par les Nazis, Stanislaus offre de l’épouser. Un simple geste de reconnaissance ?

Mais des années plus tard, alors que Michelle est considérée comme morte et qu’il entretient une relation avec la belle-fille de cette dernière, les choses ont bien changées. Et Stanislaus voudrait rester avec Fabi mais sans renoncer à l’argent, et tout en voulant gagner son indépendance que ce soit par rapport à Fabi et Michelle.

Le film dresse un portrait cruel de ce triangle amoureux atypique où les besoins égoïstes de chacun (qu’ils soient amoureux et financiers) mènera à l’auto-destruction. Le scénario évite de justesse la lourdeur moralisatrice et c’est tant mieux. Les trois personnages principaux, dont Michelle (incapable d’aimer sa belle-fille et prête à tout pour garder Stanislaus à ses côtés) ne sont pas linéaires et trop simplifiés, ce qui aurait détruit un film qui repose sur la crédibilité psychologique des personnages pour ne pars partir dans le n’importe quoi (l’intrigue n’est pas toujours un modèle de crédibilité).

Et ça marche d’autant mieux que les personnages sont incarnés par d’excellents acteurs. La grande actrice suédoise Ingrid Thulin, l’une des muses de Bergman, est très convaincante dans un rôle pas toujours facile. Tout comme l’autrichien Maximilian Schell dans le rôle de l’amant déchiré entre sa loyauté pour Michelle, son désir pour Fabi et ses velléités d’indépendance, ou Samantha Eggar dans celui de la manipulatrice mais mal aimée Fabi (elle joue la même année dans le film qui va vraiment la révéler au grand public « The Collector« ). Sans oublier Herbert Lom, toujours impeccable.

Un petit mot aussi concernant la photographie très réussie de Christopher Challis. Même si ce n’est pas une surprise pour ce grand directeur de la photographie formé auprès de Michael Powell et Emeric Pressburger qui lui permettront de monter en grade et de passer à la direction de la photo (notamment sur les somptueux « Gone to Earth », « The Tales of Hoffmann », « Oh Rosalinda »,…).

DVD/Blu-ray US. Studio Kl Studio Classics (2020). Version originale avec sous-titres anglais optionnels