Film d’action très librement inspiré d’un jeu vidéo horrifique, « Resident Evil » ne marquera pas les esprits par sa subtilité, mais se montre efficace

Resident Evil (2002)

Ecrit et réalisé par Paul W.S. Anderson

Avec Milla Jovovich, James Purefoy, Eric Mabius, Ryan McCluskey, Michelle Rodriguez,…

Direction de la photographie : David Johnson / Production design : Richard Bridgland / Montage : Alexander Berner / Musique : Marco Beltrami et Marilyn Manson

Produit par Paul W.S. Anderson, Jeremy Bolt, Bernd Eichinger et Samuel Hadida

Action / Horreur / SF

UK / GE / FR / JP

Rappelons pour ceux qui n’ont pas une culture ludique qu’à la base « Resident Evil » est une série de jeu vidéo de la société japonaise Capcom et qui a vu le jour en 1996. De nouveaux jeux continuent à sortir, le dernier en date à ce jour « Resident Evil Village » sorti en 2021. Au début des années 2000, le jeu vidéo est déjà culte quand ce projet d’adaptation cinématographique voit le jour.

Répliquer le succès des jeux vidéos à succès au cinéma a été un fantasme pour Hollywood depuis l’apparition du support. Bien que n’étant pas adapté d’un jeu, « Tron » (1982) produit par Disney faisait figure de précurseur. J’ai déjà parlé ici de la première adaptation à proprement dite, une production américano-britannique « Super Mario Bros » (1993). L’année suivante, cinéaste originaire de Newcastle upon Tyne, Paul W. S. Anderson, a eu l’opportunité de réaliser la quatrième adaptation vidéoludique « Mortal Kombat » (1995) après avoir été remarqué par son premier film, le violent « Shopping » (1994) avec Jude Law et Sean Pertwee. Et depuis, Anderson avait signé un très bon film de SF/horreur « Event Horizon » (1997). Il n’est donc guère étonnant quand quelques années plus tard, une alliance de producteurs européens pense adapter « Resident Evil », le nom de Paul W.S. Anderson leur vienne en tête.

Et voici donc Anderson qui signe le scénario, réalise et produit ce « Resident Evil ». Pour ce qui est de l’histoire, il décide de partir sur une adaptation très libre. Il ne reprend que le spectre de celle-ci : Dans une ville américaine aussi tranquille que fictive (baptisée Raccoon City), le virus T, développé en secret par l’entreprise pharmaceutique la plus puissante du monde Umbrella Corp, est libéré par vengeance et contamine toute la ville, transformant les habitants en zombies.

A partir de cet embryon de scénario, Anderson créé un personnage, Alice. Cette dernière, chef de sécurité pour « Umbrella Corp » mais amnésique, se retrouve à lutter pour sa survie – et de facto – contre son employeur. L’intégrité de l’action se déroule dans le manoir (qui sert à cacher l’entrée de la base) et la base elle-même située en dessous de la ville de Raccoon City.

Paul W. S. Anderson aurait pu opter pour un film d’horreur atmosphérique. Après tout, les premiers jeux sont plutôt lents et angoissants. L’action est épisodique afin de créer le maximum de tension. Ce n’est pourtant pas le cas de l’adaptation cinématographique qui lorgne vers le thriller d’action dans un environnement futuriste et horrifique. Le résultat e n’a pas manquer de rebuter les fans du jeu dont il est censé être l’adaptation. En tant que film, il est regardable et distrayant mais sa seule grande originalité est de proposer, chose encore rare à l’époque, une femme comme personnage principal dans un film d’action.

Alice est interprétée par Milla Jovovich, actrice d’origine ukrainienne, découverte dans « Dazed and Confused » (1997) puis chez Luc Besson (« Le cinquième Element » et « Jeanne d’Arc »). Un personnage qu’elle va reprendre dans les cinq (!) suites qui vont s’enchainer entre 2004 et 2017. Tous scénarisés, et parfois réalisés par Paul W. S. Anderson. Qui au fil du temps, décide de se débarrasser de toute histoire, ou même de la moindre cohérence scénaristique, afin de produire du pur film d’action de divertissement, empruntant au passage à de nombreux monuments de la pop culture (Matrix, Mad Max,…). Qu’importe ce qui se passe à l’écran, tant que c’est spectaculaire.

Depuis, « Resident Evil » a fait l’objet d’un reboot au cinéma avec « Resident Evil: Welcome to Raccoon City » (2021). Encore une fois écrit et réalisé par un Anglais, Johannes Roberts, réalisateur de plusieurs films d’horreur dont les plus réussis sont « F » (2010) et « 47 Meters Down » (2017). Un film très différent, bien plus respectueux de l’univers des jeux vidéos et également plus réussi, mais qui n’a pas fait l’unanimité et n’a pas connu un grand succès au box office. Du coup pour l’instant, la franchise semble mise au repos sur grand écran. Probablement pas pour très longtemps…

Blu-ray/4K FR. Studio Sony (2023). Version originale sous-titrée en français et version française