Comédie dramatique:
Muriel Box et Charles Dyer

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4
On 11 septembre 2024
Last modified:11 septembre 2024

Summary:

Avant la libéralisation des moeurs, ce film est l'un des très rares à parler si ouvertement de sexe à travers l'histoire tragi-comique d'un vieux garçon qui va enfin (ou pas) se déniaiser dans les bras d'une prostituée

Avant la libéralisation des moeurs, ce film est l’un des très rares à parler si ouvertement de sexe à travers l’histoire tragi-comique d’un vieux garçon qui va enfin (ou pas) se déniaiser dans les bras d’une prostituée

Rattle of a Simple Man (1964)

Réalisé par Muriel Box

Ecrit par Charles Dyer d’après sa pièce

Avec Harry H. Corbett, Diane Cilento, Thora Hird, Michael Medwin, Charles Dyer,…

Direction de la photographie : Reginald H. Wyer / Direction artistique : Robert Jones / Montage : Frederick Wilson / Musique : Stanley Black

Produit par William J. Gell pour Sydney Box Productions

Comédie dramatique

96mn

UK

Percy (Harry H. Corbett) est descendu à Londres avec ses amis comme chaque année pour voir jouer son équipe Manchester United. Heureusement, sa mère a débarqué avant le départ du bus, s’étant souvenu qu’il avait oublié sa crécelle pour le match et qu’il lui fallait un pull parce qu’il va faire froid ce week-end.

Est-il besoin de le préciser, Percy, malgré ses 39 ans, est puceau et habite toujours chez ses parents. Mais cette fois-ci, Percy a parié avec son meilleur ami, Ginger (Michael Medwin), qu’il allait coucher avec une femme ! Quand, après un passage obligé dans les strip clubs de Soho, il aborde dans un pub une lady très distinguée, Cyrenne (Diane Cilento), il ne s’attend pas qu’elle l’invite chez elle, surtout qu’elle venait de rembarrer Ginger.

Sa chance a-t-elle tourné ? Evidemment, Cyrenne est une prostituée. Mais Percy n’est pas prêt à sauter le pas (pas de mauvais jeu de mot !) et Cyrenne comprend vite que la soirée va être longue !

A une époque où le sujet du sexe est rarement (euphémisme) traité frontalement sur les écrans britanniques,  « The Rattle of a Simple Man » (« La crécelle d’un homme simple »  en français) est une rareté. Il y aura bien « The Familly Way » des frères Boulting qui sortira deux ans plus tard sur l’impuissance masculine au sein d’un jeune couple, mais à l’époque même « l’érotisme » se borne à des films de nudistes où on montre des corps nus mais où ne parle pas de sexe ou de docudramas sensationnalistes comme « London in the Raw » qui sort également en 1964.

Mais « The Rattle of a Simple Man » ne parle pas de sexe sous l’angle pur de la comédie, ni de façon à émoustiller les sens. On parlera ici plutôt de comédie dramatique, d’autant qu’apparaissent des sujets comme l’inceste, la virginité non assumée ou encore la vie d’une travailleuse du sexe.

La critique de l’époque est globalement négative. La pièce de l’acteur et dramaturge anglais Charles Dyer (1928-2021) avait été un joli succès des deux côtés de l’Atlantique (Dyer adapte ici son scénario et joue l’un des copains de Percy), mais on reprochera classiquement à l’adaptation cinématographique tout ce qu’elle apporte par rapport au texte de la pièce qui était essentiellement un duo entre Percy et Cyrenne.

Je comprends certains reproches comme le jeu de Harry H. Corbett, qui en fait un peu trop (les producteurs avaient aussi pensé à Peter Sellers pour le rôle) ou les accents mélodramatiques de l’intrigue (avec la famille italienne de Cyrenne). Néanmoins n’ayant pas lu la pièce, je pars de mon côté avec un regard « vierge », si j’ose dire. On ne peut nier le côté novateur pour l’époque de cette vision au cinéma de la prostitution (sans condamnation morale simplette), mais aussi de cette réflexion mi-amusée mi-sérieuse sur la féminité et la virilité. Et encore aujourd’hui, je trouve que cette vision garde une certaine justesse. Diane Cilento, une actrice australienne d’origine italienne (vue notamment l’année précédente dans « Tom Jones » dont les affiches apparaissent.sur les façades d’un cinéma de Picadilly Circus), est parfaite dans le rôle de la prostituée.

Le tout étant filmé avec précision et sensibilité, avec ce qu’il faut de légèreté et de sérieux,  par Muriel Box (1905-91), figure majeure du cinéma britannique. qui réalisait ici son treizième et dernier long métrage. Aujourd’hui, après des années de négligence critique, Muriel Box a enfin droit aux honneurs académiques et éditoriaux (avec plusieurs sorties blu-ray outre-manche). D’ailleurs ce film est actuellement (alors que j’écris ces lignes, en septembre 2024) proposé en vostfr sur la plateforme FILMO avec deux autres de ses films. A ne pas manquer !

Blu-ray UK. Studio StudioCanal, collection Vintage Classics (2023). Version originale avec des sous-titres en anglais optionnels