Documentaire:
Arnold L. Miller

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3
On 2 juillet 2019
Last modified:20 novembre 2019

Summary:

Un documentaire d'exploitation qui transforme le Londres des sixties en capitale des vices ! Shocking!

Un documentaire d’exploitation qui transforme le Londres des sixties en capitale des vices ! Shocking!

London in Raw (1964)

London in the Raw (1964)

Ecrit et réalisé par Arnold L. Miller

Avec David Gell (narrateur)

Directeur de la photographie : Stanley A. Long / Montage : Stephen Cross

Produit par Stanley A. Long et Arnold L. Miller

Documentaire

UK

London in the Raw (1964) affiche

Dans un cabaret, un comédien fait un sketch sur l’affaire Profumo qui a secoué la politique britannique en 1963 (John Profumo un homme politique conservateur se retrouve au milieu d’un scandale pour avoir eu une liaison avec Christine Keeler, une jeune femme de 19 ans; qui sortait en  même temps avec un diplomate russe). Le narrateur commente : « Si l’affaire Profumo n’a pas ébranlé Londres, rien ne le fera. Mais est-ce que Londres peut être vraiment ébranlée (…) ? Peut-elle changer ? »

Le narrateur souligne le poids de la tradition en Grande-Bretagne, ancré dans les jeunes esprits dès l’école (à l’écran de jeunes hommes de bonne famille sortent d’une école publique). Sans oublier l’importance des apparences. Sur Savile Row, un aristocrate se fait préparer une tenue de chasse.

Mais doit-on prétendre que rien ne change ? Désormais les paris sportifs sont légaux, c’est toujours la même chose qu’avant, mais à présent c’est respectable et ça a pignon sur rue. On passe au « Street Offences Act« , une loi de 1959 qui règle les perturbations à l’ordre public. Pour le commentateur, le SDF qui joue du sifflet sur le trottoir a plus de chances de  se faire arrêter que la prostituée qui fait signe à un client potentiel de la fenêtre de sa chambre.

Tout n’est qu’apparences. On nous montre ainsi des femmes qui font des exercices dans un club de sport puis un homme qui se fait faire des implants capillaires (attention scène graphique) !

Le narrateur nous guide ainsi dans une journée « typique » londonienne. On visite un club de danse pour jeunes, un restaurant de poissons rétro, un restaurant cabaret avec danse du ventre, un groupe de beatniks qui dessine des nus pour les touristes et les librairies érotiques de Soho tout en dévorant des conserves de nourriture pour chat (!) pendant que chez les bourgeois un chat se voit offrir du poulet servit à table,… Dans un restaurant,  les convives peuvent dessiner des femmes nues qui se produisent sur scène (l’un des modèles commente son quotidien en voix off)… On continue avec un club pour les immigrés grecs, un cabaret de music-hall pour les juifs ou une fête pour des immigrés allemands… ou encore des SDFs qui se suicident au méthanol…

Le succès inattendu et mondial du documentaire italien « Mondo Cane » en 1962 entraînera la naissance d’un nouveau genre, les « mondo films ». Ces documentaires d’exploitation ont pour but de choquer le public en montrant des scènes de violence et de nudité, supposées être réelles, alors que les années 60 inaugurent une période de permissivité inédite pour le cinéma.

Une version britannique ne tarde naturellement pas à voir le jour, deux ans plus tard. « London in the Raw » nous plonge dans la « réalité » de la vie londonienne du début des années 60. En compagnie de son collaborateur Stanley A. Long, le réalisateur Arnold L. Miller avait déjà tâté du documentaire d’exploitation avec « West End Jungle » (Le trottoir du vice, 1961) sur le thème de la prostitution (le film restera interdit d’écran pendant 47 ans !) et avant avec des documentaires sur les camps de nudistes (très à la mode à partir de la fin des années 50).

En ce qui concerne « London in the Raw » , le résultat n’est pas très subtil.  Le commentaire (lu par l’acteur canadien David Gell)  oscille entre un ton moralisateur et l’ironie,  le rythme est lent (de nombreuses séquences de danse et de chant font fonction de remplissage)… Londres, ville de tous les vices et excès ? Aujourd’hui, « London in the Raw » ne choquera plus personne (à part pour la séquence sur les implants capillaires !), mais reste un documentaire fascinant sur les dessous du swinging london et des nuits dans le quartier chaud de Soho.

« London in the Raw » rencontrera un gros succès à sa sortie et engendrera logiquement une suite (« Primitive London », 1965).

Le BFI a redonné une seconde vie au documentaire en 2009 en le publiant dans sa toute jeune collection « The BFI Flipside« . L’image est très belle et on a droit également à un livret très informatif et à trois chouettes documentaires sur le Londres des sixties signés Peter Davies – et bien moins sensationnalistes – consacrés à un pub de quartier, à un gang de jeunes et à un club de strip tease.

Combo blu-ray DVD UK. Studio BFI, collection BFI Flipside. Version originale avec sous-titres en anglais. Bonus : alternative cut, 3 documentaires – Pub (Peter Davis, 1962, 16 mins); Chelsea Bridge Boys (Peter Davis, Staffan Lamm, 1965, 31 mins); Strip (Peter Davis, Staffan Lamm, Don DeFina, 1966, 26 mins), livret 34 pages