Une fable horrifico-SF mémorable où des fourmis développent des facultés intellectuelles égales voire supérieures aux humains. La guerre a commencé ! Le seul long métrage du génial designer Saul Bass

Phase IV (1974)

Réalisé par Saul Bass

Ecrit par Mayo Simon

Avec Nigel Davenport, Michael Murphy, Lynne Frederick,…

Direction de la photographie : Dick Bush / Direction artistique : John Barry / Montage : Willy Kemplein / Musique : Brian Cascoigne

Produit par Paul B. Radin

Tourné dans l’Arizona, au Kenya et aux studios de Pinewood

Horreur / SF

UK/US

Deux chercheurs, le Dr Hubbs (Nigel Davenport) et James R Lesko (Michael Murphy) étudient une colonie de fourmis dans le désert de l’Arizona qui a montré des signes inquiétants d’agressivité, obligeant les autorités à faire évacuer la zone.

Image du ciel étoilé, puis d’un astre venant à la rencontre d’une planète.

« Ce printemps-là, nous observions les évènements spatiaux, curieux d’en connaître les effets. Les astronomes arguaient de leurs théories, les ingénieurs s’excitaient à propos de variables et de champs magnétiques. Les mystiques prédisaient des séismes et l’extinction de la vie telle que nous la connaissions. »

A l’écran, on voit un trou dans le sol et des gros plans de fourmis qui vaquent à leurs occupations.

« Quand les effets apparurent, on les remarqua à peine, car ils affectèrent une forme de vie minuscule et insignifiante. »

En fait les fourmis sont de plus organisées et agressives. On apprend que la voix off appartient à James R Lesko (Michael Murphy), jeune diplômé américain, spécialiste du traitement des informations et qui a été recruté par un biologiste anglais, le Dr Hubbs (Nigel Davenport), pour l’assister sur sa mission d’observation dans le désert de l’Arizona où des habitations ont dû être évacuées. Le Dr Hubbs est convaincu que les fourmis représentent une menace biologique qu’il va falloir éradiquer. Ils installent un laboratoire ultra moderne près de l’une de ces colonies.

A la réalisation on trouve Saul Bass, qui avait déjà réalisé quelques courts métrages (dont un Oscarisé) mais qui était surtout connu comme designer pour ses sublimes génériques et affiches créés pour Hitchcock (Psycho, Vertigo) ou Otto Preminger (Anatomy of a Murder, Bunny Lake is Missing).

Le producteur californien, ancien publicitaire, Paul B. Radin avait alors à son actif  le film d’aventures animalier « Born Free » (1966) et sa suite « Living Free » (1972) ainsi que sa tentative ratée de déclinaison sérielle (1974).

« Phase IV » est un quasi huis clos entre les deux scientifiques qui sont ensuite rejoints par une adolescente (Lynne Frederick), seule rescapée d’une attaque de fourmis et de la riposte concoctée par le Dr Hubbs, dont « l’humanité » devient de plus en plus discutable au fil des événements.

Réflexion sur la place de l’homme dans la nature, sur un renversement soudain de l’équilibre des forces entre l’homme et les animaux, « Phase IV » est un film d’horreur atypique et superbement mis en scène. Les scènes où l’on voit les fourmis en gros plan (tournées par le cameraman spécialisé Ken Middleham qui avait travaillé préalablement sur le docu-drama sensationnaliste « The Hellstrom Chronicle » en 1971) sont impressionnantes, l’utilisation des couleurs et des formes géométriques donnent une ambiance très particulière. On sent l’influence de « 2001, a Space Odyssey » (1968) de Kubrick sur la direction artistique. Le film vire parfois vers l’abstrait (notamment sur la fin) mais ça fait partie de son charme (et encore la fin a été raccourcie après un premier screen test désastreux – notons que la fin originale a été retrouvée mais n’est pas présente sur les récentes éditions – « Phase IV » est toujours en attente d’une réédition DVD/blu-ray digne de ce nom). Ne vous attendez pas à des explications rationnelles, à une lecture facile. Contrairement à ce qu’a tenté de vendre in fine le studio à sa sortie, « Phase IV » ne s’inscrit pas dans la lignée des films de monstres des années 50 comme « Them! » (1954).

Les trois personnages principaux sont interprétés par les Anglais Nigel Davenport et Lynne Frederick et par l’Américain Michael Murphy. Davenport et Lynn avaient déjà joué ensemble dans le film post apocalyptique « No Blade No Grass » (Terre brûlée, 1970). C’est Davenport qui recommandera Lynn au producteur qu’il connaissait bien (Davenport tenait le rôle principal dans « Living Free »). Murphy quant à lui était un collaborateur régulier de Robert Altman depuis 1962 (ils tourneront ensemble une dizaine de fois pour la télévision et le cinéma).

EDIT JUIN 2020 : le film sort en France en coffret collector limité chez Carlotta Films (Blu-ray + DVD + Livre) mais également en édition DVD et Blu-ray simple. Une excellente nouvelle d’autant que Carlotta propose la fin originale imaginée à Saul Bass !

Coffret Collector Blu-ray + DVD + Livre. Editions Carlotta (2020). Version originale avec sous-titres français et version française. Bonus : livre de 200 pages / Bonus vidéo : UNE VIE DE FOURMI (21 mn) /  FIN ORIGINALE DE SAUL BASS (18 mn) / 6 COURTS-MÉTRAGES DE SAUL BASS

Le coffret collector sur la boutique de l’éditeur :

Phase IV – Coffret Ultra Collector 15 – Blu-ray + DVD + Livre