La première apparition à l’écran de Tod Slaughter qui signe des débuts remarqués dans le rôle d’un vil seigneur prêt à commettre l’indicible par cupidité
Maria Marten, or The Murder in the Red Barn (1935)
Réalisé par Milton Rosmer
Ecrit par Randall Faye
Avec Tod Slaughter, Sophie Stewart, Eric Portman, D.J. Williams,…
Direction de la photographie : George Stretton / Direction artistique : D.W. Daniels / Montage : Charles Saunders / Musique : Leo T. Croke
Produit par George King
Crime
UK
Maria Marten (Sophie Stewart), fille unique d’un fermier, est amoureuse d’une jeune gitan (Eric Portman). Mais le père n’approuve pas cet amour, et Maria finit par céder aux avances du riche propriétaire William Corder (Tod Slaughter). Celui-ci met Sophie enceinte. Quand son père apprend son état, Sophie est chassée de chez elle. Mais Corder, qui entre temps a décidé de se marier avec quelqu’un de son rang et suffisamment riche pour éponger ses dettes de jeu, ne veut plus d’elle !
« Maria Marten, or The Murder in the Red Barn » (1935) est l’histoire d’un crime horrible mettant en scène l’un des méchants favoris du Londres de l’entre-deux-guerres au théâtre puis au cinéma, l’acteur Tod Slaughter. Dans ce film, ce dernier interprète un seigneur cupide qui va préférer assassiner une jeune femme enceinte de lui plutôt que de faire face à la ruine.
Le film s’ouvre sur une présentation des acteurs du film sur une scène de théâtre. Peut-être un moyen d’adoucir la censure en mettant en évidence le côté fictif du spectacle horrifique que vont voir les spectateurs ? La violence du meurtre d’une femme enceinte (qui trouvera écho une vingtaine d’années plus tard dans « The Curse of Frankenstein« ) aurait bien pu connaitre les foudres du censeur.
L’histoire est cependant connue du public, puisque l’affaire du « Red Barn Murder » est un fait divers célèbre en Angleterre, datant de 1827 et qui a fait l’objet de nombreuses adaptations théâtrales au XIXe siècle. L’intro pourrait alors être une simple référence à ses origines théâtrales.
Le film bénéficie d’un casting efficace qui permet à cette histoire tragique de prendre son envol. La réalisation est signée Milton Rosmer, avant tout acteur mais qui a tourné une dizaine de films à l’époque des quota quickies entre la fin des années 20 et la fin des années 30.
Dans le rôle principal, on découvre Tod Slaughter dont c’est la première apparition à l’écran. Directeur de théâtre et comédien connu pour ses interprétations de méchant (dont Sweeney Todd qu’il interprétera plus de 2000 fois sur scène). Il est alors déjà âgé de 50 ans et tournera 10 films durant les cinq années à venir, notamment « Sweeney Todd: The Demon Barber of Fleet Street » (1936). Ici comme dans ses films ultérieurs, son jeu ne se démarque pas par sa subtilité mais il savait rendre détestable ses personnages.
A ses côtés, Maria Marten est interprété par Sophie Stewart qui trouve ses rôles les plus emblématiques chez Korda avec « Things to Come » et « The Man Who Could Work Miracles » (tous deux sortis en 1936), ou « The Return of the Scarlet Pimpernel » (1937). Dans le rôle de l’amant gitan, j’avoue que je n’avais pas reconnu Eric Portman qui sera révélé quelques années plus tard par Michael Powell dans « 49th Parallel » (1941) et « A Canterbury Tale » (1944).
A date de novembre 2019, on peut trouver « Maria Marten » en DVD UK (à l’unité ou en package 3 films) avec une qualité vidéo moyenne et sans sous-titres.
Eric Portman sera de nouveau le partenaire de Tod Slaughter dans « The Crimes of Stephen Hawke » en 1936.
En fait George King ne produira que huit films avec Tod Slaughter, de 1935 à 1940. Les deux films ultérieurs (« The Curse of the Wraydons » et « The Greed of William Hart ») , respectivement en 1946 et 1948, ayant été produits par Ambassador Films, une société qui avait ressorti les huit films de George King; devant le succès obtenu, elle avait réembauché Slaughter, à la fois pour ces deux films, at pour une série télé en 13 épisodes en 1952, et un court-métrage, « A Ghost for Sale », la même année.
Merci pour ces précisions