Les frères Boulting, duettistes du cinéma britannique des années 40-50 (Francis Rousselet)
Voilà un petit livre tout à fait improbable. Car il faut vraiment être un passionné pour avoir l’idée de concevoir un ouvrage en français sur les frères Boulting, duo de jumeaux réalisateur/producteur important mais aujourd’hui largement oublié (sinon pour une poignée de films), notamment en France où peu de leurs films ont été édités.
Mais justement Francis Rousselet est un passionné, auteur de plusieurs ouvrages sur le cinéma britannique et créateur du Festival Ecrans Britanniques. Dans ce petit ouvrage il décide de se concentrer sur la première partie de leur carrière, la plus engagée, avant qu’ils se lancent dans un cinéma plus grand public à partir du milieu des années 50 (même s’il mentionne deux de leurs plus célèbres satires qui virent à la farce plus potache qu’engagée : « I’m all right Jack » et « Carlton Browne of the FO« ).
Du coup, l’ouvrage de Rousselet se consacre exactement de la période qui court de 1939 à 1951. C’est court mais ça permet de parler de leur production de guerre méconnue qui a l’air passionnante : « Thunder Rock » (1942), « Desert Victory » (1943) et « Journey together » (1945).
La période choisie permet également d’aborder leurs plus grands classiques dont le plus classique de tous « Brighton Rock« , brillant film noir de 1947 récemment ré-édité en DVD français par les éditions Tamasa. Ou encore leur très bon thriller sur le risque nucléaire « Seven days to noon » (1950) et « The magic box » (1951), biopic de William Friese-Greene l’un des inventeurs du cinéma, qui leur permet d’égratigner le milieu du cinéma d’après guerre au passage.
Le livre de Rousselet m’a également permis de découvrir un autre de leur film que je ne connaissais pas mais qui a l’air fascinant. « Fame is the spur » (1946) montre la décadence d’un politicien qui perd ses idéaux au fil du temps et de sa confrontation aux réalités. Film malheureusement introuvable en DVD aujourd’hui.
Parmi les films postérieurs que je connais d’eux, je tiens quand même à attirer l’attention sur « The Family Way » (1966), film social qui aborde les débuts difficiles dans la vie adulte d’un jeune couple, et l’impuissance sexuelle qui en découle pour le jeune mari désoeuvré. Un sujet pas facile traité avec beaucoup d’intelligence.
L’originalité des frères Boulting est notamment d’avoir inversé régulièrement les casquettes de producteur et de réalisateur, brouillant les cartes de leur collaboration (ce qui ne facile pas la tâche des critiques – mais Rousselet apporte une analyse pertinente sur la façon dont les deux frères se répartissaient le travail). Une chose est sûre, voici de très bons cinéastes, troublions indépendants à la fois artistes engagés et hommes d’affaire avisés.
Ce livre de Francis Rousselet est un bel hommage à ces cinéastes qui mériteraient d’être pris davantage au sérieux par la critique. Le livre est disponible auprès de l’association Ecrans Britanniques (http://www.ecransbritanniques.org)
Livre broché. 62 pages. Collection Editions Britanniques.