Un ton décalé et satirique sur la situation de la Grande-Bretagne d’après-guerre. La comédie est magnifiquement portée par son interprétation. On retrouve ici des grands noms de la comédie anglaise.

I'm all right Jack

I’m all right Jack (1959)

(Après moi le déluge)

Un film de John Boulting

Ecrit par Frank Harvey, John Boulting et Alan Hackney

Avec Peter Sellers, Ian Charmichael, Dennis Price, Richard Attenborough, Terry-Thomas, Margaret Rutherford,…

Directeur de la photographie : Mutz Greenbaum (as Max Greene)

Produit par Roy Boulting pour Charter Film Productions

105 mn

UK

Stanley Windrush (Ian Carmichael), jeune homme issu de la grande bourgeoisie, un peu niais, s’apprête à rentrer dans la vie active.  Après quelques entretiens particulièrement ratés, il accepte l’offre de son oncle Bertram Tracepurcel (Dennis Price) et de son ancien camarade d’armée Sidney De Vere Cox (Richard Attenborough). Les deux hommes d’affaire lui proposent d’intégrer l’entreprise familiale d’armement au plus bas échelon, malgré les protestations de la tante Dolly (Margaret Rutherford). Accueilli d’abord avec méfiance par les ouvriers, il sera finalement accepté par l’influent responsable du syndicat, Fred Kite (Peter Sellers) qui ira jusqu’à l’héberger. Mais rapidement, Bertram et Sidney mettent à exécution leur plan secret : utiliser Stanley pour déclencher une grève qui leur permettra de réaffecter un contrat juteux à une société appartenant à Sidney, en empochant une jolie commission au passage.

« I’m all right Jack » fait partie d’une série de satires de la société anglaise réalisée et produite par les frères Boutling dans les années 50 et 60. On y retrouve la plupart des personnages principaux de « Private’s Progress », une satire de l’armée réalisée par John Boulting trois ans plus tôt.

Dans  « I’m all right jack », c’est l’industrie britannique est l’objet de la farce. Le ton est donné dès les premières images. La voix off nous décrit une époque d’après guerre pleine d’appréhensions :

« La Grande Bretagne au début des années 50. Une nation qui tente de survivre dans un monde de compétition, après une guerre qui nous a dépouillé de nos richesses et de notre main d’oeuvre. »

Tandis que la caméra montre des images d’une campagne anglaise idyllique baignant sous le soleil avant de s’arrêter sur… un camp de nudistes.

« L’industrie, champ de possibilités considérables pour les jeunes hommes. L’industrie, éperonnée par les progrès scientifiques, travaillait à un rythme effréné pour répondre aux besoins vitaux exprimés par une population aux abois ».

De même, ici la caméra passe des images de cheminées d’industrie à de la publicité pour la lessive, ou plus tard à à l’intérieur kafkaïen d’une usine de gâteaux industriels.

Un ton décalé et satirique sur la situation de la Grande Bretagne d’après-guerre faite de sur-consommation et où les travailleurs tentent d’en faire le moins possible tandis que l’élite économique, constituée d’héritiers de bonne famille, tente de s’en mettre le plus possible dans les poches. Et l’intérêt général et la morale dans tout ça? On s’en fiche ! Ce grand niais de Stanley l’apprendra à ses dépends.

On est bien loin de la comédie à la Capra, et ici l’innocent est bafoué tandis que les adversaires de jadis trouvent un intérêt commun dans l’immobilisme, confortés par la justice et les médias. Stanley paiera cher son idéalisme, et il finira désillusionné et littéralement nu comme un ver.

La comédie est magnifiquement portée par son interprétation. On retrouve ici des grands noms de la comédie anglaise, dont Peter Sellers, alors en début de carrière, et qui signe une interprétation très convaincante et touchante d’un patron de syndicat. Il serait d’ailleurs idiot de réduire le film à une critique sauvage des syndicats (comme ça a été souvent le cas), les patrons de l’industrie britannique ne sortent pas grandis de cette satire percutante.

Disponible en version originale sous titrée dans le coffret « Peter sellers : 3 comedies « so british » édité chez Tamasa.