Un film complexe sur le passage à l’âge adulte plus qu’un thriller d’exploitation, « I Start Counting » est étonnant et inattendu

I Start Counting (1969)

Réalisé par David Greene

Ecrit par Richard Harris d’après le roman d’Audrey Erskine-Lindop

Avec Jenny Agutter, Bryan Marshall, Clare Sutcliffe, Simon Ward, Gregory Phillips, Madge Ryan,…

Direction de la photographie : Alex Thomson / Production design : Brian Eatwell / Montage : Keith Palmer / Musique : Basil Kirchin

Produit par David Greene et Stanley R. Jaffe pour Triumvirate Films

Thriller

UK

Wynne (Jenny Agutter) est âgée de 15 ans et vit dans une tour moderne avec sa famille et son frère – adopté – George (Bryan Marshall), son ainé de près de 20 ans et dont elle est secrètement amoureuse. Quand une série d’assassinats de jeunes femmes est commise près de leur ancienne maison, Wynne enquête, craignant que George soit l’assassin.

Sorti en 1969, « I Start Counting » est un de ces thrillers étranges de la fin des années 60-début des années 70. Pur produit de son époque sur certains aspects (notamment pour la musique qui devient rapidement assez agaçante) mais surprenant sur d’autres. Au lieu d’offrir le thriller d’exploitation auquel son sujet semble se prêter, le film livre un portrait d’une adolescente, catholique croyante, découvrant la complexité de sa sexualité.

Le fait que George puisse être un meurtrier ne fait qu’entretenir son désir. Seule elle peut le protéger car elle connait la vérité et l’aime. Et à la fois, les crimes de George minimisent sa propre culpabilité de bonne catholique par rapport au sexe (après tout qu’est ce que le désir, même interdit par rapport à un crime ?).

George représente aussi son enfance rêvée dans le cottage au bord du lac, le père qu’elle n’a pas eu, son grand frère et finalement son amant. La situation de blocage dans la quelle elle vit est représentée par la froideur de l’immeuble hyper moderne dans lequel elle vit. Mais d’un autre côté, la petite maison de son enfance, abandonnée et destinée à être détruite, a pris un air inquiétant, dangereux.

Mais George est-il l’homme que Wynn pense, ou alors tout ceci n’est qu’une déformation de ses désirs les plus enfouis ?

Alors âgée de 17 ans, l’anglaise Jenny Agutter était déjà une star, grâce à sa participation à la mini-série télévisée familiale « The Railway Children » (1968). Elle avait aussi joué dans « Gates to Paradise » (1968) pour Wajda et « Star! » pour Wise.

Mais « I Start Counting » est son premier grand rôle au cinéma. Etonnant choix, car on est ici dans une production osée par son thème (le réalisateur évite par contre toute nudité et violence). Reste qu’Agutter ira plus loin dans le fameux « Walkabout » (1971) pour Nicolas Roeg.

Natif de Manchester, David Greene est un réalisateur prolifique pour la télévision britannique et américaine. Au cinéma, il signera des films très différents, dont « Sebastian » (1968) sur un scénario de Leo Marx (« Cloudburst », « Peeping Tom », « Twisted Nerves »). Ici le scénario est signé par Richard Harris, scénariste star de la télévision (on lui doit notamment la série « Man in a Suitcase ») et qui adapte un roman criminel à succès de la romancière anglaise Audrey Erskine-Lindop.

Le film est récemment devenu à nouveau disponible grâce aux efforts du BFI. Il trouve sa place méritée dans la collection mythique « BFI Flipside ».

Blu-ray UK. Studio BFI, collection « BFI Flipside » (2021), numéro 42. Version sous-titrée en anglais. Nombreux bonus (interviews, court métrages,…) et un livret.