Hugh Hudson sur le tournage de « Chariots of Fire » en 1981 (Photo THE RONALD GRANT ARCHIVE)

Né à Londres le 25 août 1936, Hugh Hudson a été éduqué au prestigieux Eton College, une expérience qui lui déplaira et le rendra méfiant envers l’élitisme à l’anglaise. Dans les années 60, il passe trois ans à Paris puis monte une société de production de documentaire avec David Cammell (futur co-réalisateur de « Performance« ) et Robert Brownjohn. Il réalise cinq courts métrages entre 1963 et 1971 dont le remarqué « The Tortoise and the Hare » (1966) sponsorisé par Pirrelli.

Entre 1973 et 1975 il travaille sur le documentaire  » Fangio, A life at 300 km/h », consacré au célèbre pilote de Formule 1, qui sortira sur les écrans en 1980.

Hudson intègre l’agence de publicité Ridley Scott Associates (RSA) où il travaillera avec les frères Scott et Alan Parker. Ce qui le conduira à travailler en tant que réalisateur de seconde équipe sur « Midnight Express » (1978) réalisé par Alan Parker et co-produit par David Puttnam.

C’est Puttnam qui avec une petite boite de production indépendante Goldcrest, dirigée par un ancien banquier Jake Eberts, donnent à Hudson la chance de sa vie avec « Chariots of Fire » (1981). L’histoire vraie de deux athlètes, à la fois amis et adversaires, et de leur préparation pour les jeux olympiques de 1924, triomphe sur les écrans et notamment aux Etats-Unis. Il est nommé pour 4 Oscars et remporte celui du meilleur film.

Trois ans plus tard, Hudson revient sur les écrans avec une nouvelle grosse production, une vision réaliste du personnage de Tarzan, « Greystoke: The Legend of Tarzan, Lord of the Apes » (1984). Le film propulse au rang de star un jeune acteur français alors quasi inconnu, Christophe Lambert. Et Hudson confirme sa maîtrise et sa capacité à livrer des films ambitieux à gros budget qui satisfont à la fois le public et la critique.

« Chariots of Fire » avait marqué l’espoir d’un renouveau du cinéma britannique dans les années 80 après une décennie morne. Un espoir sans suite ? Le triomphe de « Gandhi » (1982) dès l’année suivante semble vouloir amorcer une tendance. Aux côtés de Goldcrest, d’autres maisons de production indépendantes comme Handmade Films, Working Title, Channel Four Films font souffler un vent d’optimisme.

Malheureusement, Hugh Hudson représentera également l’effondrement de cet espoir de renouveau. Financé par Goldcrest, « Revolution » (1985) est une méga production budgétée 15 millions de dollars sur la guerre d’indépendance américaine avec en tête d’affiche la star américaine Al Pacino. Mais rapidement le film dépasse son budget et atteint les 22 millions de dollars. Afin de récupérer du cash, Goldcrest précipite la sortie contre l’avis de Hudson. Et « Revolution » fait un bide total. Les critiques descendent le film et le public déserte les salles. Goldcrest, qui a misé gros en travaillant parallèlement sur trois gros films, est fragilisé et ne pourra pas compter sur les résultats décevants d' »Absolute Beginners » (1986) et de « The Mission » (1986) pour renflouer ses caisses. Goldcrest fermera ses portes dès l’années suivante.

Et voici Hugh Hudson en fossoyeur du cinéma britannique ! Pourtant « Revolution » est loin d’être un navet. Mais l’échec du film, et ses conséquences, prouvent encore une fois la faiblesse de l’industrie britannique, dépendante du marché américain et de l’appui de ses studios Hollywoodiens en l’absence d’un appui fort au niveau national par la City et le gouvernement.

La carrière de Hudson ne s’en remettra pas. Il retourne à la publicité, notamment sur des productions de prestige (notamment pour British Airways) et se lance même en 2016 sur la direction d’un opéra. En 2011, il réalise un documentaire « Rupture: A Matter of Life OR Death » sur le parcours de reconstruction de sa femme Maryam d’Abo atteinte d’une rupture au cerveau.

Sur grand écran, on le retrouve à la tête d’un de « Lost Angels » (1989), un drame intimiste produit aux Etats Unis, de la comédie dramatique « My Life So Far » (1999) et de la romance africaine « I Dreamed of Africa » (2000). Après seize ans de silence, il revient une dernière fois sur le grand écran avec la co-production franco-espagone « Altamira » qui revient sur la découverte des caves préhistoriques d’Altamira en Espagne au XIXe siècle, avec Antonio Banderas dans le rôle principal.

En 2008, Hudson propose un nouveau montage de « Revolution » intitulé « Revolution Revisited » (pour lequel il a supprimé 10 minutes et rajouté une voix off d’Al Pacino pour clarifier certains passages) qui entrainera une ré-appréciation critique de son film maudit.

Hudson est mort au Charing Cross Hospital le 10 février 2023. Il avait 86 ans.