Du 15 mars au 14 avril 2023, la Cinémathèque rend hommage au plus british des réalisateurs américains, Richard Lester. Ce dernier, malgré une palme d’or pour « The Knack… » (1965) est un peu mésestimé par les critiques. Sa carrière est certes en dents de scie, et il a tourné de tout (comédies, thrillers, aventures,…) sur des scénarios d’autrui, donc ne rentre pas facilement dans une case, même si son amour pour le burlesque joue le rôle de fil rouge durant toute sa carrière.

J’avais eu le plaisir de rencontrer Richard Lester il y a quelques années dans le cadre du festival Ecrans Britanniques. Un vrai gentleman malgré son lieu de naissance. Plusieurs de ses films sont assez rares, et il serait vraiment dommage de les rater. Consultez ici la programmation de l’hommage.

Originaire de Philadelphie, où il est né en 1932, Richard Lester a fait ses premiers pas à la télévision américaine, s’est installé dès 1955 à Londres. Il attire l’attention de Peter Sellers, à l’époque star de la radio avec « The Goon Show », et en 1959 il réalisera pour Sellers & co,  le court métrage « The Running Jumping & Standing Still Film ».

En 1962, il réalise le spectacle de variété destiné au grand écran « It’s Trad, Dad!« , avant de signer la comédie « The Mouse on the Moon » (1963). Mais c’est bien évidemment sa rencontre avec les Beatles qui va tout changer. John Lennon, fan de « The Goon Show » se souvient du court métrage réalisé par Lester quand les Beatles se préparent à atterrir sur le grand écran. Le jeune réalisateur se trouve alors propulsé aux commandes d’un film mettant en scène le plus grand groupe britannique du moment avec « A Hard Day’s Night » (1964).

Et voici Lester propulsé en réalisateur symbole du Swinging London qui enchaine en 1965 « The Knack… », palmé d’or et Help! » la nouvelle comédie avec les Beatles. Il poursuit avec les comédies « A Funny Thing Happened on the Way to the Forum » (1966), la satire anti guerre « How I Won the War » (1967) avec John Lennon dans le rôle principal et la comédie absurde « The Bed Sitting Room » (L’ultime garçonnière, 1969).

Mais « Petulia » (1967), l’un de ses meilleurs films, avec Julie Christie, montre qu’il est également à l’aise dans le drame. Tandis que « The Three Musketeers » (1973), qui se déclinera en trilogie, montre qu’il est capable de signer un film d’aventures grand public (mais toujours avec ce goût pour le burlesque).

En 1974, il surprend à nouveau avec l’excellent film catastrophe « Juggernaut » (Terreur sur le Britannic, 1974). Retour à la comédie avec « Royal Flash » (1975) et « The Ritz » 1976) avant de tourner un portrait émouvant d’un Robin des Bois vieillissant dans « Robin and Marian » (La rose et la flèche, 1976) avec Sean Connery et Audrey Hepburn.

Sa carrière à partir des années sera un peu moins intéressante (Cuba, Superman II et III,…) et il terminera sa carrière en 1989 sur « The Return of the Musketeers » alors qu’il n’avait que 56 ans. Ce n’est pas la première fois que la rumeur dit que Lester mettait fin à sa carrière. Entre 1969 et 1973, il a disparu des écrans. Mais cette fois-ci c’est la bonne. Suite à la mort de son ami et acteur fétiche Roy Kinnear sur le tournage de « The Return of the Musketeers » (une chute de cheval), Lester prend sa retraite. Il ne reviendra jamais sur sa décision, ne revenant qu’une fois derrière la caméra, en 1991, pour filmer un concert de Paul McCartney.

Pour ceux qui sont intéressés par la carrière de Richard Lester, je recommande « Getting Away With It » (Faber and Faber, 2019), un livre assez étonnant où Steven Soderbergh interviewe Richard Lester.