L’avant dernier film de Lewis Gilbert nous propose une histoire de fantômes traitée de façon originale mais trop déséquilibrée pour convaincre pleinement

Haunted (1995)
Réalisé par Lewis Gilbert
Ecrit par Timothy Prager, Bob Kellett et Lewis Gilbert d’après le roman de James Herbert
Avec Aidan Quinn, Kate Beckinsale, Anthony Andrews, John Gielgud, Anna Massey,…
Direction de la photographie : Tony Pierce-Roberts / Production design : Brian Ackland-Snow et John Fenner / Montage : John Jympson / Musique : Debbie Wiseman
Produit par Anthony Andrews et Lewis Gilbert
Drame / Horreur / Romance
108mn
UK / USA
La carrière de Lewis Gilbert s’est étendue sur plus d’un demi siècle depuis la fin des années 40 à son dernier film en 2002. Une filmographie riche qui passe par trois James Bond, plusieurs classiques dans la comédie qu’elle soit Swinging sixties (Alfie) ou romantique (Educating Rita,…) ou encore d’aventures (The Admirable Crichton). Sans parler de son excellence dans les films qui se déroulent sur les océans (Sink the Bismarck!, H.M.S. Defiant,..).
Reste que ce « Haunted » est un cas à part dans sa filmographie très diversifiée. À 75 ans, Gilbert tourne ici son premier film d’horreur, « Haunted », tiré d’un roman de James Herbert, écrivain anglais spécialisé dans l’horreur. Si le livre publié en 1988 se déroule à l’époque contemporaine, l’idée de placer cette histoire dans les années 1920, époque où le spiritisme envahit les salons de la bourgeoisie en manque de sensations fortes, me semble judicieux et colle très bien à l’histoire.
Traumatisé par la mort de sa soeur quand il était enfant, David Ash (Aidan Quinn) a une façon bien à lui de faire son deuil. Il est devenu professeur de parapsychologie à Oxford et dénonce les escrocs qui prétendent pouvoir entrer en contact avec l’esprit des morts. Mais quand une veille femme prétend de façon insistante que le manoir dont elle s’occupe est hanté par la famille défunte qui y habitait, David décide de passer quelques jours sur place. Comme il s’y attendait, au premier abord il ne trouve rien d’extraordinaire sauf Christina (Kate Beckinsale), une jolie jeune femme qui vit dans le manoir avec ses deux frères. Pourtant, et contre toute attente, des événements étranges commencent à apparaître dont lui seul semble être témoin.
Il y a dans de jolies choses dans « Haunted », notamment un manoir baigné dans la lumière estivale à l’opposé des traditionnelles maisons hantées plongées dans les ombres. Bien loin de chercher des prétendus fantômes, David est surtout perplexe face à la relation malsaine entre l’espiègle Christina et son frère ainé, le rigide Simon (Alex Lowe). D’autant que ce dernier se montre très agressif face à la relation naissante entre David et sa soeur.
Le problème de « Haunted » réside surtout dans le mélange entre réalité et fantastique qui peine à convaincre. Mélange qui se révélera bien plus convaincant dans deux films plus tardifs qui s’appuient sur une idée similaire, « The Sixth Sense » (1999) et « The Others » (2001). C’est d’autant plus dommage que l’approche de Gilbert n’est pas inintéressante. Mais le scénario, qui se concentre trop sur la relation entre David et Christina, peine à instaurer de façon efficace la peur et le doute dans l’esprit du spectateur – et quelques effets tombent à l’eau. Même si j’aime beaucoup le légendaire John Gielgud, ici dans l’un de ses derniers rôles à l’écran, son personnage est inutile et nuit à la vraisemblance de l’histoire.
Une fois la solution de l’énigme révélée, on peut rester dubitatif face aux incohérences qui rendent le procédé artificiel alors que la révélation devrait nous sembler emprunte de suffisamment de logique pour être crédible.
Alors que j’écris ces lignes (juillet 2025), « Haunted » est disponible en streaming sur Paramount+ France. Côté support physique, on attend toujours une édition blu-ray (sans même parler de 4k).

