La Hammer revient à l’horreur gothique classique dans ce Frankenstein de qualité signé par le vétéran Terence Fisher.

Frankenstein must be destroyed / Le retour de Frankenstein (1969)

Frankenstein must be destroyed (1969)

(Le retour de Frankenstein)

Réalisé par Terence Fisher

Ecrit par Bert Batt

Avec Peter Cushing, Simon Ward, Veronica Carlson, Freddie Jones, George Pravda,…

Directeur de la photographie : Arthur Grant

Produit par Anthony Nelson Keys pour Hammer Film Productions

Horreur

98 mn

UK

Alors que tout le monde le croit mort, Le Baron Frankesntein (Peter Cushing) continue ses expériences dans la cave d’une maison abandonnée. Mais suite à l’infraction d’un voleur qui découvre son laboratoire, Frankenstein s’enfuit et doit tout recommencer à zéro. Il décide alors d’aller habiter dans une maison d’hôte dans la ville où son ancien collègue le Dr Brandt, qui a sombré dans la folie, est interné. Le Baron piège sa logeuse Anna (Veronica Carlson) et son fiancé Karl (Simon Ward) et les oblige à l’aider à faire sortir le Dr Brandt. 

Le Retour de Frankenstein (affiche)Cinquième film de la Hammer consacré au monstre créé par Mary Shelley depuis « The Curse of Frankenstein » en 1957, « Frankenstein must be destroyed » est à nouveau réalisé par le vétéran Terence Fisher (qui était absent du 3e Frankenstein réalisé par Freddie Francis), avec toujours Peter Cushing dans le rôle du célèbre baron.

Dans cet opus, le véritable monstre est le baron Frankenstein lui-même, et par opposition, le « monstre » n’a jamais été aussi humain (cicatrices réduites au minimum et comportement tout à fait normal). Mais la vilénie du Baron compense largement !

Film d’horreur gothique très classique, mais bien mené et classieux (le savoir faire de Terence Fisher est intact), le film nous propose une relecture agréable du mythe. Peter Cushing trouve ici l’un de ses meilleurs rôles de méchant en scientifique sans aucun remord, aucune limite qui finit par incarner le mal absolu.

A ce titre la scène du viol de la jeune et belle Anna par le Baron a été très contestée mais surtout à mes yeux parce qu’elle est mal amenée. Cette scène n’est pas du tout dans le ton du reste du film (aucun signe ne l’annonce et on n’y fait plus mention). Et de fait, d’après ce que j’ai pu lire sur le web, elle aurait été incorporée au dernier moment contre l’avis du réalisateur et des acteurs, pour faire plaisir au distributeur américain.

En fait la scène du viol soulève un autre problème. Le trio Karl-Anna-Baron Frankenstein aurait pu réellement donné quelque chose de très intéressant, si le scénariste avait poussé encore plus loin le sadisme du Baron, et si Anna et Karl avaient plus de relief. Car même si Simon Ward (dans son premier rôle important au cinéma) et Veronica Carlson font tout pour ne pas paraitre transparents, leurs personnages manquent cruellement de profondeur, et ne sont que des pantins relativement passifs dans les mains du Baron.

Même sentiment de gâchis pour le personnage du détective et de Mme Brandt qui auraient pu avoir une part plus consistante. Outre le baron, le seul personnage qui ressort véritablement est donc celui de la créature, véritable être humain (contrairement au Baron qui est justement dépourvu d’empathie), mais auquel on donne trop peu de temps pour exister (il n’apparait que dans le dernier tiers du film).

Malgré quelques personnages sous exploités, « Frankenstein must be destroyed » reste un bon épisode de la saga. Et éminemment supérieur à la tentative suivante de Hammer, qui va essayer de dépoussiérer le mythe un an plus tard avec « The Horror of Frankenstein » en remplaçant Peter Cushing par Ralph Bates et Terrence Fisher par Jimmy Sangster. Cushing et Fisher reprendront le mythe en main dans le dernier opus, qui sent la fin, « Frankenstein and the Monster from Hell » (1973).

[xrr rating=7/10]

DVD Warner Bros. Version originale sous titrée en français. Bonus : bande-annonce