Un thriller atypique de la Hammer avec un casting porté par la trop rare Tallulah Bankhead. A découvrir !

Fanatic (1965)

Réalisé par Silvio Narizzano

Ecrit par Richard Matheson d’après le roman d’Anne Blaisdell

Avec Tallulah Bankhead, Stefanie Powers, Peter Vaughan, Maurice Kaufmann, Donald Sutherland, Yootha Joyce,…

Direction de la photographie : Arthur Ibbetson / Production design : Peter Proud / Montage : John Dunsford / Musique : Wilfred Josephs

Produit par Anthony Hinds pour Hammer Film Productions

Thriller / Horreur

78mn

UK

Fanatic (1965 / affiche)De retour en Angleterre avec son fiancé, Pat (Stefanie Powers) décide de rendre visite à la Mrs. Trefoile (Tallulah Bankhead), mère de son précédent petit ami, décédé quelques mois auparavant dans un accident de voiture. Mais une fois chez Mrs Terfoile, Pat  s’aperçoit que celle-ci, une ancienne actrice, veuve depuis des décennies, n’a pas toute sa tête et verse dans l’extrémisme religieux.

« Fanatic » est un film un peu oublié de la Hammer. Il est vrai qu’il est un peu à part pour plusieurs raisons. D’abord c’est un film qui ne verse que très légèrement dans l’horreur et qui se permet une première demi heures très légère (à l’exemple d’un générique et d’une musique… surprenants). Mrs Trefoile est d’abord montrée comme une excentrique qui n’a plus toute sa tête mais  qui semble a priori incapable de faire mal à une mouche. De plus, alors que souvent au générique d’un film de la Hammer on retrouve des noms apperçus dans d’autres films de la firme, ici la plupart ne signent ici que leur seule et unique participation à un film de la Hammer.

« Fanatic » se démarque également en étant un film largement axé autour des personnages féminins. Patricia, Mrs Trefoile mais aussi la gouvernante Anna (Yootha Joyce) s’affrontent verbalement et physiquement dans une lutte intense, Patricia devant faire face à la jalousie des deux femmes, plus aussi jeunes ni aussi belles qu’elle et envieuses de son potentiel bonheur.

On retrouve en tout cas les qualités de production typiques de la Hammer avec une photo léchée aux couleurs éclatantes ou décomposées, des décors limités mais très soignés (90% de l’action se déroule à l’intérieur de la maison reconstitué en studio à Elstree). Quant aux acteurs, ils sont excellents.

« Fanatic » est un thriller horrifique qui répond au succès de « What Ever Happened to Baby Jane? » (1962) de Robert Aldrich avec Bette Davies où celle-ci joue une ex-star de cinéma sur le retour devenue un monstre de cruauté. Ici pas de Bette Davies au générique mais notons que la Hammer décroche la star la même année dans « The Nanny« .

Dans les deux rôles principaux on a deux actrices américaines. Aujourd’hui oubliée, Tallulah Bankhead était une femme de théâtre célèbre des deux côtés de l’Atlantique et qui a tourné épisodiquement pour le cinéma jusqu’à la fin des années 30, mis à part un succès tardif au générique de « Lifeboat » (1944) d’Alfred Hitchcock. Elle n’avait pas apparue sur grand écran depuis douze ans et tournait ici pour la première fois dans un film en couleurs – et sans maquillage ! Bankhead a faillit devoir renoncer au film à cause d’une santé déjà déclinante due à un amour inconsidéré pour l’alcool et les cigarettes – aucun assureur ne voulait la couvrir. De fait, « Fanatic » s’avéra son dernier rôle au cinéma, elle est morte trois ans plus tard. La jeune Stefanie Powers s’était fait remarquer dans « Experiment in Terror » (1962) mais percera surtout grâce à la télévision (notamment « The Girl from U.N.C.L.E. » en 1966 et « Hart to Hart / Pour l’amour du risque » dix ans plus tard).

Le film est également généreux par ses seconds rôles. On a droit ainsi à un jeune Donald Sutherland qu’on trouve la même année au générique de « Dr. Terror’s House of Horrors » chez Amicus, et à des valeurs sûres des écrans britanniques en matière de seconds rôles : Peter Vaughan, Maurice Kaufmann et Yootha Joyce.

Comme tous ses acteurs, le réalisateur fait ici sa seule apparition au générique d’un film de la Hammer. D’origine italo-américaine, le canadien Silvio Narizzano s’est installé à Londres à la fin des années 50 après s’être formé à la télévision canadienne. En Angleterre, il travaillera pour la chaine privée ITV avant d’avoir l’opportunité de tourner son premier film cinéma avec ce « Fanatic ». Très polyvalent, il enchainera dans des genres chaque fois bien différents avec « Georgy Girl » (1967) qui fait partie de la nouvelle vague anglaise, un western made in Britain (« Blue », 1968) ou encore l’adaptation de la pièce loufoque de Joe Orton, « Loot » (1970) !

« Fanatic » est récemment sorti en blu-ray en Angleterre (non pas à l’unité mais dans le coffret « Hammer, volume One » chez Powerhouse Films édité à 6.000 exemplaires). Sauf erreur de ma part, le film n’est jamais sorti sur support physique en France.

Blu-ray UK. Studio Powerhouse Films. Disponible dans le coffret « Hammer volume one – Fear Warning! ». Version originale avec des sous-titres optionnels en anglais. Bonus : livret de 36 pages et nombreux bonus vidéo.

HAMMER VOLUME ONE: FEAR WARNING! – LE