Mine de rien, c’est l’un des derniers représentants de la nouvelle vague britannique qui s’en est allé. Le réalisateur Desmond Davis qui s’est éteint le 3 juillet 2021 à l’âge de 95 ans avait commencé comme beaucoup à son époque aux plus bas échelons de l’industrie cinématographique au début des années 40.

A 18 ans en 1944, il commence à travailler comme « clapper loader » (celui qui annonce les prises) avant de passer au grade de « focus puller » (celui qui s’occupe de la mise au point de la caméra) puis d’opérateur caméra. Après un bref passage chez la Hammer en 1961 (« Taste of Fear »), il intègre la famille Woodfall Films, le studio créé par Tony Richardson, l’un des meneurs de la nouvelle vague britannique. Richardson appréciait son approche venue du documentaire (il avait notamment travaillé pour le service des armées entre 1945 et 49). Davis va bien sûr être opérateur caméra sur les classiques du cinéma social signés par Richardson (« A Taste of Honey » et « The Loneliness of the Long Distance Runner ») mais aussi « Tom Jones » (1963), le plus gros succès du studio.

Vu le côté familial de « Woodfall Films », c’est assez naturellement qu’on lui propose de signer son premier long pour le studio. Ce sera « The Girl with the Green Eyes » (1964). Il suivra avec plusieurs films pour British Lion, « The Uncle » et « I Was Happy Here » (1966). Puis, il se tournera vers la comédie avec la parodie du Swinging London « Smashing Time » (1967) et « A Nice Girl Like Me » (1969).

Comme beaucoup de cinéastes anglais pendant les années 70, il se tournera vers la télévision. Il reviendra au cinéma au début des années 80 avec ce qui reste son film le plus célèbre, le film d’aventures « Clash of the Titans » (1981) avec des effets spéciaux signés du maitre Ray Harryhausen. Un choix qui peut paraitre surprenant vu que Davis n’avait jamais réalisé de films à gros budgets mais le producteur américain Charles H Schneer, installé à Londres depuis 1960 et partenaire de Harryhausen, aurait été impressionné par son téléfilm « Shakespeare’s Measure for Measure » (1979) pour la BBC.

Il réalisera encore une adaptation d’Agatha Christie trois ans plus tard avec « Ordeal by Innocence » (1984) mais il restera présent essentiellement sur le petit écran, où il signe de nombreux téléfilms (« The Country Girls » en 1983, « Camille » en 1984…) et occasionnellement des épisodes de séries (The New Avengers, The Chief,…).

Sa dernière réalisation est « Doggin’ around » (1994), un téléfilm pour l’anthologie « Screen One » sur un musicien américain de jazz (interprété par Elliott Gould) qui voyage dans le nord de l’Angleterre et y fait des rencontres excentriques.