Malgré ses relents misogynes ou pour le moins condescendants envers la gente féminine (mais c’est un film de 1960), il s’agit d’une très bonne comédie menée par des experts en la matière.

La bataille des sexes (1960)

The Battle of the Sexes (1960)

(La bataille des sexes)

Réalisé par Charles Crichton

Ecrit par Monja Danischewsky d’après une nouvelle de James Thurber

Avec Peter Sellers, Constance Cummings, Robert Morley, Donald Pleasence,…

Direction de la photographie : Freddie Francis / Direction artistique : Edward Carrick / Montage : Seth Holt / Musique : Stanley Black

Produit par Monja Danischewsky

Comédie

82mn

UK

Une femme d’affaires américaine Angela Barrows (Constance Cummings), exilée en Ecosse, tente de moderniser une firme poussière de fabrication de tweed. Mais c’est sans compter sur l’opposition de ceux qu’elle nomme les vieux croûtons, aux premiers rangs des quels le comptable Mr. Martin (Peter Sellers).

La voix off nous prévient d’emblée du combat de Titans à venir : « Dans l’éternelle lutte pour la suprématie entre Adam et Eve, l’homme a tenu bon jusqu’au jour fatal de 1492 où Christophe Colomb a découvert l’Amérique. Du Nouveau-Monde a émergé une Nouvelle Femme destinée à transformer l’Homme Chasseur en Homme Chassé »

Angela Barrows (Constance Cummings) est une femme d’affaires new yorkaise sûre d’elle qui n’hésite pas à reprendre ses collègues masculins. Ceux-ci n’en peuvent plus et il est décidé de l’envoyer en Ecosse pour tâter le marché. Comme nous l’explique la voix off, l’Ecosse est un pays où l’hégémonie masculine n’est pas sujet à discussion, d’ailleurs ce sont eux qui portent les jupes les plus courtes !

On s’en doute, ça ne va pas être la vie facile pour notre américaine. Elle est lâchée par un perfide collègue qui devait l’accompagner (Donald Pleasance excellent) mais à la chance de tomber dans le train qui la mène à Edinbourgh sur ni plus ni moins que Robert Macpherson (Robert Morley), héritier de la fameuse firme Macpherson, connue dans le monde entier pour la qualité de son tweed écossais fabriqué main.

Robert Macpherson tombe tout de suite sous le charme d’Angela qui voit là une sacrée opportunité, même si elle tient à garder leur relation au plus strict niveau professionnel. Quant elle découvre la réalité de la firme, aux méthodes poussierreuses, elle voit là une superbe occasion de démontrer ses talents d’expertise dans le changement !

Mais c’est sans compter sur l’opposition de Mr. Martin, comptable de la société depuis 35 ans, et qui est scandalisé par le projet de modernisation d’Angela qui souhaite construire une usine (!) et lancer la société dans… la fibre synthétique !

Qui gagnera ? La belle américaine ou le vieux croûton ? Tel est le suspense !

« The Batllte of the Sexes » est une comédie de son époque, aux forts accents Ealing (la luttre entre la tradition et la modernité), avec un « soupçon » de misogynie. Même si la peur ridicule de ses collègues semble aberrante et que ceux-ci sont souvent ridiculisés, il faut avouer que la miss n’hésite pas à user de son charme s’il le faut ! Bien entendu car après tout c’est une femme ! Si vous pardonnez à cette comédie un ton qui peut paraître un peu déplacé aujourd’hui (surtout que le traitement égal de la femme dans l’entreprise n’est pas encore gagné !), il s’agit en tout cas d’une excellente petite comédie bien menée par une équipe aguerrie au genre !

Peter Sellers est alors un acteur comique qui tourne beaucoup, enchaînant trois à quatre rôles par an, quasiment toujours dans le genre de la comédie. Il est encore une fois superbe dans le rôle d’un vieux comptable allergique au changement (il n’a alors que 35 ans, exactement la période depuis laquelle il est censé travaillé pour la firme Macpherson). A noter que la même année il se met en danger en incarnant un criminel vicieux dans le formidable « Never Let Go« .

Dans le rôle du fils de capitaine d’industrie pas prêt à prendre la relève, c’est toujours un plaisir de retrouver Robert Morley, l’un des seconds rôles anglais les plus utilisés (particulièrement dans les années 60), et toujours très à l’aise dans la comédie.

L’actrice américaine Constance Cummings a fait ses débuts au théâtre en 1926, à Broadway deux ans plus tard puis à Hollywood en 1931 avant de partir s’installer en Angleterre dès 1934. Elle a fait une carrière intéressante outre-manche, où elle a tourné dans « Blithe Spirit » (1945) de David Lean ou encore l’un des premiers films anglais de Joseph Losey (The Intimate Stranger, 1956).

A la réalisation, on retrouve l’un des monuments de l’écurie Ealing, Charles Crichton. Il a signé l’une des premières comédies du studio « Hue and Cry » (1947) ou encore le classique « The Lavender Hill Mob » (1951). Même s’il serait très réducteur de le limiter à la comédie, il a excellé dans le genre jusqu’à son dernier film le fameux « A Fish Called Wanda » (1988).

DVD zone 2 FR. Studio PVB Editions (2005). Version originale sous-titrée en français.