Zulu a peu vieilli, porté par une réalisation remarquable (très belle chorégraphie des combats) et les interprétations de Stanley Baker et Michael Caine qui jouent ici à contre-emploi.
Zulu (1964)
(Zoulou)
Réalisé par Cy Endfield
Ecrit par John Prebble et Cy Endfield
Avec Stanley Baker, Michael Caine, Jack Hawkins,…
Directeur de la photographie : Stephen Dade / Montage : John Jympson / Direction artistique : Ernest Archer / Musique : John Barry
Produit par Stanley Baker et Cy Endfield
138 mn
Guerre
UK
1879, poste militaire britannique de Roarke’s Drift, en Afrique du Sud : les 97 soldats anglais qui occupent le poste apprennent qu’une armée de 4 000 guerriers zoulous, équipée de lances et de fusils, se dirige vers le fort pour le prendre. Les soldats se mettent alors à la recherche de tout ce qui pourra les aider à venir à bout des Zoulous…
Le film commence par une fête zoulou qui célèbre le mariage de guerriers et de vierges, devant les regards à la fois fascinés et apeurés du révérend Otto Witt (Jack Hawkins) et de sa fille (Ulla Jacobsson). Les sauvages vont-ils réserver un sort à nos pauvres Chrétiens ? On se croirait pendant quelques minutes dans un film hollywoodien d’avant guerre sur l’Afrique et ses sauvages si inquiétants.
Heureusement, »Zulu » est un film de guerre atypique, une sorte de western anglais qui se déroule en Afrique du Sud. Mais ici les Zoulous ne sont pas montrés comme une incarnation du mal absolu (ils ne font pas preuve de cruauté, laissant le révérend et sa fille quitter la fête puis plus tard la zone de combat). Il n’y a pas de jugement moral. Juste une guerre montrée comme inévitable, décidée par d’autres, et dans lesquels des soldats mal préparés mettent toutes leurs tripes pour survivre.
Le commandement anglais n’est pas montré sous un regard particulièrement favorable. Si le lieutenant Chard (Stanley Baker) et le lieutenant Gonville Bromhead (Michael Caine) finissent par porter des habits de héros grâce à leur courage et à ceux de leurs hommes, leurs hésitations et leur manque d’assurance sont mis en avant. Des deux hommes, Chard prend finalement le commandement à cause de sa séniorité au titre de lieutenant (de quelques mois), et malgré le fait qu’il soit un ingénieur du corps du génie sans expérience des batailles.
Les soldats sont des hommes courageux qui obéissent à leur commandement. Il y a très peu de figures négatives parmi les soldats, et tous sans exception vont faire preuve d’héroïsme face au danger.
Si le courage est mis à l’honneur, la guerre n’est pas pour autant glorifiée :
« C’est votre première bataille?
– On se sent toujours comme cela après?… Malade… Il y a autre chose, j’ai honte. Vous aussi, vous avez ressenti cela, la première fois?
– La première fois? Je ne supporterais pas une telle boucherie deux fois. »
On peut remarquer toutefois que si les Zoulous ne sont pas montrés sous un aspect négatif, ils sont décris comme de véritables machines de guerre, dont l’humanité est réduite au strict minimum. Nous restons du côté britannique, et les Zoulous représentent une terrible menace, incompréhensible, inévitable, insurmontable.
Le film a sinon peu vieilli, porté par une réalisation remarquable (très belle chorégraphie des combats) et les interprétations de Stanley Baker et Michael Caine qui jouent ici à contre-emploi.
Stanley Baker, acteur gallois populaire dans les années 50, jouait principalement des rôles de durs et de méchants, et a acquis le statut de véritable star grâce à « Zulu » qu’il a co-produit. Il a travaillé plusieurs fois avec les réalisateurs américains expatriés Cy Endfield et Joseph Losey.
Concernant Michael Caine, notons qu’il s’agissait ici de son premier vrai grand rôle au cinéma. Imposé par Baker et Endfield au studio qui n’en voulait pas, Caine joue ici le rôle d’un officier de bonne famille, un peu efféminé. C’est Endfield qui avait décidé qu’il avait le physique de l’emploi, même si, comme Baker l’avait alors remarqué, Caine n’a rien d’un aristocrate et est issu d’un milieu très populaire (milieu auquel il doit son accent cockney très prononcé).
Le réalisateur Cy Endfield est un réalisateur américain qui faisait partie de la liste noire de McCarthy et qui est venu travailler à partir des années 50 en Angleterre où il signera en dehors de « Zulu » quelques autres très bons films, notamment « Hell Drivers » (1959) et « Sands of the Kalahari » (1965) également avec Stanley Baker.
DVD Paramount (2008). Audio en français. Version originale avec sous-titres en anglais.