Des Allemands envoient un acteur raté en Angleterre pour un plan machiavélique visant à enlever Churchill. Une idée intrigante mais une exécution médiocre
Warn That Man (1943)
Réalisé par Lawrence Huntington
Ecrit par Lawrence Huntington et Vernon Sylvaine d’après la pièce de Vernon Sylvaine
Avec Gordon Harker, Raymond Lovell, Finlay Currie, Philip Friend, Jean Kent…
Direction de la phtotographie : Günther Krampf / Montage : Flora Newton / Musique : Charles Williams
Produit par Warwick Ward pour Associated British Picture Corporation (ABPC)
Guerre / Thriller
82mn
UK
Afin de capturer Churchill, les Allemands décident d’envoyer un acteur Hausemann (Raymond Lovell) en Angleterre avec pour mission de remplacer Lord Buckley chez qui Churchill va en secret passer certains de ses week-ends. Ensuite il ne restera plus qu’à faire prisonnier le premier ministre et à le faire embarquer dans un avion, direction l’Allemagne. Malheureusement pour les Allemands, la nièce de Lord Buckley, Frances (Jean Kent) a décidé de venir ce week-end précis et d’inviter son petit ami militaire qui a échappé à un naufrage John (Philip Friend) et deux de ses compagnons d’infortune, le capitaine Fletcher (Finlay Currie) et le marin grande gueule 100% cockney George (Grodon Harker).
L’intrigue d’une tentative d’enlèvement de Churchill (jamais nommé personnellement mais on ne laisse aucun doute sur son identité) est assez audacieuse. Rappelons que le film sort en 1943, en pleine seconde guerre mondiale. Un célèbre film reprendra une intrigue similaire mais dans un style bien différent et avec des moyens autrement différents : « The Eagle Has Landed » (L’aigle s’est envolé, 1976)
Evidemment dans « Warn That Man’, les Allemands sont particulièrement odieux et vicieux. A commencer par cet acteur allemand Hausemann, éduqué en Grande-Bretagne mais dont la fierté a été abîmée pour y avoir été ridiculisé sur les planches : « Ces Anglais et leur fichu sens de l’humour, ils ne savent pas apprécier l’art ! » s’énerve-t-il. Une fois parachuté sur le sol anglais, il n’hésitera pas à abattre les premiers Anglais qu’il croise, un couple d’amoureux.
Les Allemands ont tout préparé. Une fois sur place, Lord Buckley et tout son personnel sont remplacés par des Allemands. Un avion attend dehors. Mais ils n’avaient pas prévu la présence sur place de la nièce de Lord Buckley (qui se cache), ni l’arrivée de son fiancé avec deux vieux loups de mer, dont un cockney particulièrement bavard et curieux.
Adapté d’une pièce de circonstance de Vernon Sylvaine, le film ne fait rien pour faire oublier ses origines théâtrales. Un tournage 100% en studio, un minimum de décors. Le texte de Vernon Sylvaine aime les grosses ficelles et tout est fait pour les remplacer par des cordes (au cas où le spectateur n’aie pas la vue assez bonne pour voir les ficelles) C’est encore plus gros à l’écran que ce ne l’était probablement sur scène. Du coup l’ennui monte vite malgré le mélange de thriller et comédie sur fond de seconde guerre mondiale.
Le casting est sympathique avec en tête d’affiche Gordon Hacker, sacrée gueule de cockney, qui a beaucoup tourné dans les années 30 notamment avec Hitchcock (The Ring, The Farmer’s Wife, Champagne), avec le comique Bill Hay (Boys will be Boys, 1935) et Michael Powell (The Phantom Light, 1935) ou encore dans la trilogie mystéro-comique de l’inspecteur Hornleigh (1939 à 1941) . Le canadien Raymond Lovell, qui a fait toute sa carrière en Angleterre, décroche ici le double rôle de Hausemann/Lord Buckley. Il fait partie notamment du casting du « 49th Parallel » (1941), comme tout Finlay Currie (qui joue ici le capitaine).
La réalisation mollassonne est due à Lawrence Huntington, qui réalise beaucoup de thrillers de séries B dans les années 30 et 40, parfois réussies comme « Tower of Terror » (1941). Dans les années 50 il se fera une spécialité des séries d’anthologies sponsorisées par des stars américaines (en réalisant 18 épisodes pour « Douglas Fairbanks, Jr., Presents » et 13 épisodes pour « The Errol Flyin Theatre »). La même année que « Warn That Man », Huntington signe une autre adaptation d’une pièce de Vernon Sylvaine « Women Aren’t Angels ».
DVD/Blu-ray UK. Studio Network (2014). Version originale avec des sous-titres anglais optionnels.