Un drame social sauvé de quelques lourdeurs et d’une fin ratée par un excellent Frank Dillane dans le rôle principal

Urchin (2025)
Ecrit et réalisé par Harris Dickinson
Avec Frank Dillane, Karyna Khymchuk, Michael Colgan, Diane Axford, Harris Dickinson,…
Direction de la photographie : Josée Deshaies / Production design : Abbie Kornstein / Montage : Rafael Torres Calderon / Musique : Alan Myson
Produit par Scott O’Donnell et Archie Pearch
Drame / Social
99mn
UK / USA
Il est fort possible que vous ayez croisé le visage d’Harris Dickinson sur grand écran, que ce soit dans « Beach Rat » (2017), « The King’s Man » (2021), « Triangle of Sadness » (« Sans filtre », palme d’or à Cannes en 2022) ou encore « See How They Run » (Coup de théâtre, 2022).
Ici, après une poignée de courts-métrages réalisés entre 2013 et 2021, le Londonien signe son premier long métrage en tant que réalisateur et scénariste.
« Urchin » raconte la trajectoire de Mike (Frank Dillane), jeune drogué sans-abri de Londres qui, après un vol avec violence, se voit offrir une seconde chance. Arrivera-t-il à enrayer un cycle d’autodestruction ?
Avec ce pitch, vous pourriez penser à un drame social somme toute assez classique. Mais Harris Dickinson ne cherche pas à rendre Mike sympathique, ni pathétique. Il y a quelque chose de touchant dans le personnage, mais c’est plutôt dû à l’interprétation (excellente par ailleurs) de Frank Dillane (déjà vu dans quelques films et séries des deux côtés de l’Atlantique mais dont c’est le premier grand rôle).
Si Harris Dickinson évite le pathos, il s’enfonce assez lourdement dans d’autres écueils : les scènes inutiles (par exemple celle de la masturbation dans sa chambre) ou, plus étonnant, la métaphore poétique. Celle-ci, bien maitrisée, aurait pu permettre de glisser un peu de respiration, d’espoir, voire d’évasion au milieu de cette réalité brutale (Andrea Arnold l’a utilisée avec succès dans « Bird » ). Malheureusement, dans « Urchin », elle ne me semble pas fonctionner car trop calculée et prétentieuse (la fin est à ce titre – et en ce qui me concerne – complètement ratée).
Ce qui ne veut pas dire que tout est à jeter dans « Urchin » qui été plutôt bien accueilli, notamment à Cannes. Quelques scènes fonctionnent très bien, même si elles sont trop éparses. Je suis convaincu que sans ses tentatives de réalisme poétique, « Urchin » aurait été bien plus convaincant. Pour un premier film, Harris Dickinson a probablement pêché par excès d’ambition.
Présenté pour la première fois en France à Cannes dans la section « Un certain regard », « Urchin » y remporte le prix de la critique internationale et le prix d’interprétation pour l’acteur principal Frank Dillane. Personnellement, j’ai pu le voir quelques mois plus tard au festival de Dinard (octobre 2025).

