Le dernier film de Joan Crawford est un film de monstre qui n’échappe pas au ridicule malgré le professionnalisme sans faille de l’actrice
Trog (1970)
(L’abominable homme des cavernes)
Réalisé par Freddie Francis
Ecrit par Aben Kandel d’après une idée originale de Peter Bryan et John Gilling
Avec Joan Crawford, Michael Gough, Bernard Kay, David Griffin, Joe Cornelius,…
Direction de la photographie : Desmond Dickinson / Direction artistique : Geoffrey Tozer / Montage : Oswald Hafenrichter / Musique : John Scott
Tourné à Bray Studios
Produit par Herman Cohen pour Herman Cohen Productions
93mn
UK
En faisant des recherches dans la campagne, trois spéléologues amateurs tombent sur une grotte inconnue. Mais un des jeunes gens est tué par une créature et un autre est sous le choc après avoir découvert le corps de son ami et ente aperçu la créature. Le troisième se réfugie avec son ami survivant dans une clinique locale menée par le Dr. Brockton (Joan Crawford). Celle-ci convainc le survivant de l’amener sur place avant que la police n’y mette les pieds. Là le Dr. Brockton réussit à prendre en photo la créature qui d’après elle pourrait être bien le lien manquant entre le singe et l’homme ! Tout le monde n’est pas cependant heureux de la découverte comme le promoteur immobilier Sam Murdock (Michael Gough).
Le producteur américain Herman Coen, spécialisé dans la série B aux Etats-Unis puis en Angleterre, avait déjà participé à la production outre manche de « Horrors of the Black Museum » (1957), du sous King-Konguesque « Konga » (1961) ou encore du Sherlock Holmes « A Study in Terror » (1965) et enfin de « Berserk » (1967).
« Berserk » marquait l’arrivée outre-manche de la star hollywoodienne Joan Crawford (une amie de Coen) qui depuis le triomphe de « What Ever Happened to Baby Jane? » (1962) semblait destinée à partager le sort de sa co-star Bette Davis, jouer dans des séries B, notamment horrifiques. C’est tout à l’honneur de Joan Crawford de garder son professionnalisme même quand on lui propose de jouer dans un film aussi étrange que « Trog ».
« Trog » c’est un peu l’enfant sauvage croisé avec un mini « King Kong ». Un primate (dans ce cas avec une apparence plus ou moins proche de l’humain) et aux instincts primitifs qui le rendent dangereux est fait prisonnier puis s’échappe et sème la panique dans un village anglais. Avant cela, le Dr. Brockton aura eu la possibilité d’étudier de plus prêt cette découverte scientifique majeure, de lui apprendre des tours et suite à une opération de lui permettre de parler. Mais on s’en doute, tout cela finira mal. De toute façon l’affreux promoteur et créationniste Sam Murdock (Michael Gough) y veille !
Bon, le scénario est pas d’une originalité folle, et quelques dialogues dépassent l’entendement, mais Joan Crowford donne toujours l’impression d’y croire et rien que pour ça, « Trog » vaut le coup d’oeil. D’autant qu’elle fait face ici à un acteur, Michael Cough, tout à fait à l’aise dans les personnages innommables.
La tête de singe enfilée sur un acteur plutôt glabre par ailleurs, Joe Cornelius, est animée mais on reste quand même dans du grossier. A noter que la tête viendrait de la séquence des singes dans « 2001: A Space Odyssey« . Il y a aussi une séquence où l’on voit Trog rêver des dinosaures (ahem), séquence qui provient du film américain « The Animal World » (1956).
La réalisation du grand Freddie Francis est convenable (même si on voit plusieurs fois des rochers envoyés par Trog rebondir !) mais le scénario est longuet (les phases d’apprentissage sont assez ridicules et trop longues) et l’horreur n’arrive qu’en fin de film. Jusque là on est face à un drame SF peu convainquant. Difficile en tout cas de pas sentir un peu de sympathie pour ce brave Trog malgré son allure ridicule et ses meurtres.
Bref, tout ça aurait pu passer pour un film de 1960, mais en 1970 on penche quand même assez largement du côté ridicule. C’est d’autant plus dommage car il s’agit du dernier film interprété par Joan Crawford.
DVD zone 1. Studio Warner Archives. Sous-titres optionnels en anglais.