Anjelica Huston en sorcière cruelle, grimée par Jim Henson Company, dans une comédie horrifique familiale mémorable… avec pas moins que Nicolas Roeg aux commandes !

The Witches (1990)

(Les sorcières)

Réalisé par Nicolas Roeg

Ecrit par Allan Scott d’après le livre de Roald Dahl

Avec Anjelica Huston, Mai Zetterling, Jasen Fisher, Rowan Atkinson, Bill Paterson, Brenda Blethyn, Charlie Potter, Jane Horrocks,…

Direction de la photographie : Harvey Harrison / Production design : Andrew Sanders / Direction artistique : Norman Dorme / Montage : Tony Lawson / Musique : Stanley Myers

Produit par Mark Shivas pour Lorimar Film Entertainment et Jim Henson Productions

91mn

UK / USA

A la mort de ses parents, Luke (Jasen Fisher) est emmené par sa grand mère Helga (Mai Zetterling) en Angleterre. Après une crise aigüe de diabète, la doctoresse conseille à Hegla d’aller se reposer sur le bord de mer. Mais à l’hôtel, Luke ne tarde pas à découvrir que la société de lutte contre la crauté envers les enfants qui y tient sa convention annuelle est en fait une organisation menée par des sorcières au projet diabolique : la Grande Prêtresse (Anjelica Huston) a décidé  de transformer tous les enfants d’Angleterre en souris !

Etonnamment la réalisation de cette adaptation d’un livre pour enfants du gallois Roald Dahl (auteur notamment de « Charlie et la chocolaterie ») est signée par un iconoclaste du cinéma britannique, Nicolas Roeg, qui est plutôt connu pour des films alambiqués où de plus la sexualité est très présente. Il a bien tourné préalablement un film avec des enfants « Walkabout » (1971) mais c’est un voyage initiatique à travers l’outback australien franchement destiné à un public adulte.

Sa précédente tentative de faire un cinéma plus abordable, à gros budget et avec un casting imposant, c’était soldé par un échec cuisant avec « Eureka » (1983). Mais Roeg livre ici un film qui est incontestablement une réussite de la comédie horrifique familiale. Le ton est plutôt sombre pour un film destiné en premier lieu aux enfants (bien qu’il soit nettement moins sombre que le roman original de Dahl, on y reviendra) et plusieurs séquences peuvent impressionner les plus jeunes.  Mais sinon tout est bien en ordre, dans les clous (une première chez Roeg !).

Le film est produit par la Jim Henson company, la société du fameux marionnettiste américain, papa du Muppet Show. La Jim henson company avait déjà fait une incursion remarquée dans le cinéma fantastique pour petits et grands enfants avec « Dark Crystal » (1982) et « The Labyrinth » (1986), tous deux déjà co-produits en Angleterre et co-réalisés par Henson et Frank Oz. J’ignore ce qui a poussé Henson à s’adresser à Roeg pour ce film, mais quelques soient les motivations d’Henson (dans le rôle du proposant) et de Roeg (dans celui de l’acceptant), c’est une belle réussite.

On doit au savoir-faire de Jim Henson de très beaux maquillages de sorcières. Le maquillage porté par Anjelica Huston est assez incroyable, tout comme les transformations ou l’animation des souris. Le film n’a aucune vieilli au niveau technique. Le résultat est toujours aussi impressionnant aujourd’hui.

Le casting est également exceptionnel avec Anjelica Huston impeccable dans le rôle de la sorcière en chef (avec et sans masque !). La grand mère du petit garçon est interprétée par l’actrice suédoise Mai Zetterling qui a fait une bonne partie de sa carrière en Angleterre depuis son rôle principal dans « Frieda » (1947) et dont c’est l’avant dernier rôle (elle est morte en 1994). Rowan Atkison, alors encore surtout célèbre pour la sitcom culte « Blackadder« , inaugurait la même année à la télévision son personnage de Mr Bean. Il joue ici un directeur d’hôtel désagréable qu’il dit avoir basé sur la prestation de son idole John Cleese dans « Fawlty Towers » (1975), autre sitcom culte.

Le film prêt en 1989 a été mis sur les étagères pendant un an avant de sortir. La Warner Bros avait fait filmer deux fins, l’une sombre et fidèle au livre, l’autre sous forme d’happy end. Après des sreen-tests, la production décida de garder la fin heureuse, au grand désespoir de Roald Dahl. Il fallut toute la persuasion d’Henson pour convaincre Dahl de ne pas retirer son nom du générique.

A ce sujet, dans son autobiographie, Roeg remarque que les dessins qui accompagnaient le livre original étaient plutôt mignons (pour rassurer un peu les enfants, pense-t-il). Une adaptation littérale au cinéma aurait été beaucoup trop choquante due au côté plus frontal/immédiat du cinéma. Il avoue d’ailleurs avoir été plutôt satisfait du choix du studio de remplacer la fin « effrayante » qu’il avait filmée à l’origine.

Dernière étrangeté, même si « The Witches » a une bonne réputation, il reste difficilement trouvable, au-delà d’un DVD anglais vieillissant avec juste des sous-titres optionnels en anglais. A quand une sortie en blu-ray et… pourquoi pas en France ?

DVD zone 2 UK. Studio Warner Home Video (2005). Version originale avec des sous-titres en anglais.