Même la Hammer de la grande époque ne pouvait viser juste à tous les coups. Pour preuve ce film pas honteux mais bâclé.
The Man Who Could Cheat Death (1959)
(L’homme qui trompait la mort)
Réalisé par Terence Fisher
Ecrit par Jimmy Sangster d’après la pièce de Barré Lyndon
Avec Anton Diffring, Hazel Court, Christopher Lee, Arnold Marlé,…
Directeur de la photographie : Jack Asher
Produit par Michael Carreras pour Hammer Films Productions
Horreur / Science Fiction / Fantastique
83mn
UK
En 1890 à Paris, le Dr. Georges Bonnet (Anton Diffring) est un chirurgien qui tient une clinique privée réputée. C’est aussi un sculpteur amateur qui sculpte des troncs de femme. Il attend avec anxiété l’arrivée de son vieil ami le Dr Weiss (Anorld Marlé) car il est sur le point de mourir et lui seul connait son terrible secret et peut le sauver.
Remake d’un film américain de 1945 « The Man in Half Moon Street », « The Man Who Could Cheat Death » est issu de la période de gloire de la Hammer. Comme Frankenstein et Dracula, le film est réalisé par Terence Fisher et scénarisé par Jimmy Sangster. Ça laisse donc présager du meilleur.
Et pourtant. Si comme « The Curse of Frankenstein » (1957) et « Dracula » (1958), il s’inscrit dans la mouvance d’horreur gothique du studio, c’est un film quelque peu expédié qui n’a pas le charme de ses deux ainés.
Déjà parce que le Dr Bonnet n’a pas la stature des deux autres monstres mythiques susnommés. C’est un scientifique qui a perdu la tête et qui, ayant découvert le secret de l’immortalité, ne veut plus mourrir… quel qu’en soit le coût. Bon. Pas follement original et puis surtout malgré les grimaces d’Anton Diffring, l’homme inspire plutôt la pitié que la peur. Acteur allemand spécialisé dans les rôles de méchants, Diffring n’est pas ici des plus convaincants, et finit surtout par rendre son personnage grotesque.
Heureusement Diffring est entouré d’un casting assez efficace déjà rompu à la Hammer : Hazel Court (Elizabeth dans « The Curse of Frankestein »), Arnold Marlé (Lhama dans « The Abominable Snowman ») et bien sûr l’inévitable Christoper Lee (qui est presque plus inquiétant que le Dr Bonner lui-même, ce qui n’est pourtant clairement pas l’intention).
Ce qui amène à se poser LA question. Que vient faire Anton Diffring dans cette histoire, et qui plus est dans le rôle principal ? Il est en fait débarqué sur le projet au dernier moment quand Peter Cushing, la star de la Hammer de l’époque, fait faux bond au studio prétextant une maladie… à la plus grande fureur du producteur. Difficile dans ces conditions de reprocher à Diffring son manque d’implication, ni à Cushing de s’être défiler d’ailleurs.
Car le scénario, tiré d’une pièce du scénariste britannique Barré Lyndon, n’est pas non plus folichon. Je n’ai personnellement pas compris par exemple cette histoire de sculpture. Est-ce juste un passe temps du Dr Bonnet qui lui donne une excuse de rencontrer ses futures victimes ? Le film est très bavard et manque de rebondissements, de suspense, et d’action pour être efficace.
Le film pourrait être vu comme une lecture fantastique du mythe de Jack L’Eventreur mais on dépasse difficilement le clin d’oeil poussif.
Au niveau des points positifs, on retrouve une qualité de production typique de la Hammer, mais il y a trop d’intérieurs et les vues extérieures de Paris baignent dans… le fog londonien !
« The Man Who Could Cheat Death » est assez logiquement tombé dans l’obscurité, d’autant que le catalogue de la Hammer contient de nombreux autres films plus ambitieux et mieux fichus.
Combo DVD/Blu-ray UK. Studio Eureka!. Version originale avec sous-titres anglais.