Un très beau film noir qui bénéficie d’une ambiance unique grâce à ses sublimes décors et sa vision hamerienne de l’humanité
The Long Memory (1953)
Réalisé par Robert Hamer
Ecrit par Robert Hamer et Frank Harvey d’après le roman de Howard Clewes
Avec John Mills, John McCallum, Elizabeth Sellars, Eva Bergh,…
Directeur de la photographie : Harry Waxman
Musique : William Alwyn
Produit par Hugh Stewart pour Europa et The Rank Organisation
Thriller
96 mn
UK
Phillip Davidson (John Mills) sort de prison après avoir purgé une peine de douze ans. Accusé de meurtre à tort, il compte bien aller demander des explications à deux des témoins (dont son ex fiancée) qui ont fourni un faux témoignage.
« The Long Memory » est un film noir tourné par un cinéaste britannique légendaire, Robert Hamer. Ce dernier est notamment l’auteur de deux films mythiques : l’un des meilleurs films noirs britanniques « It Always Rains on Sunday » (1947) et le classique de l’humour noir « Kind Hearts and Coronets » (Noblesse Oblige, 1949). Malheureusement, du fait de problème d’alcoolisme chronique, il est mort trop tôt (à 52 ans) et n’a laissé qu’une poignée de films.
Moins connu donc que « It Always Rains… » avec son réalisme social exacerbé, celui-ci réalisé six ans plus tard, est pourtant une excellente pioche. Rien que le fait d’avoir localisé une bonne partie de l’action dans un cimetière de bateau, au bout de la lande et les pieds dans la vase, est un coup de génie qui donne au film une ambiance unique. Et qui est bien entendu en parfaite harmonie avec l’état d’esprit du caractère principal, rongé par son désir de revanche et son dégoût des autres.
Au-delà de la photographie et des décors splendides (on a également une bonne vue des quais près de Tower Bridge), on a droit à des personnages, crédibles, sur le fil du rasoir. Si l’ensemble est bien moins sombre que « It Always Rains… », on reste dans du film noir très socialement marqué où les pauvres vivent dans la misère (le personnage d’Ilse, la jeune orpheline, notamment), à mille lieues des classes moyennes (ici représentées par le super intendant). S’il y a une marque d’espoir pour ceux tombés dans la misère, elle réside dans la survie… et (étonnamment chez Hamer) l’amour. La justice, Davidson devra la chercher lui-même.
Le personnage de l’ex fiancée, Fay, est terrible mais reste humain. Le scénario ne va pas jusqu’au bout de l’horreur et lui offre une sorte de rédemption. Les personnages du journaliste, du super intendant comme celui du marginal qui hante les épaves, se comportent avec dignité. Même Davidson verra son désir de revanche s’émousser et il finira par rejoindre l’humanité qu’il essaie désespérément de tuer en lui.
« The Long Memory » est un film noir où une lueur d’espoir persiste – si fragile soit-elle. Il représente le versant optimiste de la vision hamerienne de l’humanité.
N’hésitez pas à faire un tour sur ce site qui présente des images du travail de repérage effectué pour le film et qui donne un excellent aperçu de l’ambiance du film : http://www.zen171398.zen.co.uk/The_Long_Memory.html
Disponible dans le coffret « John Mills Centenary Collection II ». DVD Zone 2 UK. ITV DVD. Version anglaise avec des sous-titres anglais.
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